Bahreïn : La mobilisation continue et le roi va en Arabie saoudite

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Des manifestants restaient massés mercredi dans le centre de Manama, exigeant toujours des réformes dans le petit royaume de Bahreïn, malgré la libération d’opposants chiites graciés par le roi. Dans le même temps, le roi Hamad ben Issa al-Khalifa s’est rendu en Arabie saoudite voisine pour s’entretenir avec le souverain Abdallah de retour mercredi au pays après trois mois d’absence, alors que cette monarchie conservatrice s’inquiète des révoltes dans les pays arabes. À Manama, sur la place de la Perle, épicentre de la révolte d’opposants majoritairement chiites, des protestataires chantaient des slogans d’unité : « Nous sommes frères, sunnites et chiites. Nous n’abandonnerons pas ce pays. »

« Nous ne nous laisserons pas humilier ! » criait une femme, au lendemain d’une manifestation de masse – qui a envahi le centre de Manama – en mémoire de sept manifestants chiites, tués lors de la répression, qui a marqué le début de la révolte le 14 février. Après ces violences, les forces de l’ordre ont évacué le centre de la ville et aucun élément de la police n’était visible mercredi, alors que le gouvernement poursuit ses gestes d’apaisement en direction de l’opposition. Vingt-trois activistes chiites ont été libérés mercredi après avoir été graciés par le souverain. Ils étaient poursuivis pour des crimes qualifiés de terroristes. Le roi a assuré que son geste était une réponse aux appels à la clémence lancés par les protestataires lundi.

« Maintenant que tout le monde a pu exprimer son opinion, nous disons que les places publiques ne sont pas le meilleur endroit pour que les gens s’expriment », a estimé le roi dans une déclaration rapportée par l’agence de presse officielle BNA. « Ce qui est juste est de s’assoir à la table du dialogue national comme l’a proposé le prince héritier, avec mon soutien », a-t-il ajouté en référence aux efforts du prince Salman ben Hamad al-Khalifa d’ouvrir des négociations avec l’opposition. Les principaux partis de l’opposition, dominée pas les chiites, demandent l’instauration d’une monarchie constitutionnelle dans cet archipel du Golfe de 1,2 million d’habitants, sur lequel règne la dynastie sunnite des Al-Khalifa depuis plus de 200 ans.

Revendications plus radicales

Les 23 hommes libérés mercredi étaient poursuivis depuis octobre pour avoir « formé une organisation illégale », « recouru à cette fin au terrorisme », « financé des activités terroristes » et « propagé des informations erronées et tendancieuses », selon l’acte d’accusation. Certaines des accusations retenues étaient passibles de la détention à perpétuité selon les avocats. Parmi les détenus libérés figurent Abdeljalil al-Singace, un responsable du groupe d’opposition Haq, partiellement paralysé ainsi qu’un religieux chiite, cheikh Mohammed al-Moqdad. Tous les accusés avaient plaidé non coupables et avaient affirmé avoir été torturés. Les protestataires qui occupent le centre de Manama ont des revendications plus radicales que les partis d’opposition et disent qu’ils veulent en finir avec la monarchie. Dans un communiqué mardi soir, les principaux ulémas chiites ont appelé à de nouvelles manifestations vendredi « pour pleurer les martyrs », demandant aux protestataires de marcher de nouveau sur la place de la Perle. Le roi Hamad s’est rendu à Riyad mercredi afin de s’y concerter avec le roi Abdallah. L’Arabie saoudite a jeté tout son poids aux côtés de son petit voisin et rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires de Bahreïn.

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