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Nabila Djahnine, une femme courage !

Par Khaled Boumedine

Lorsque Nabila Djahnine prenait la parole, lors des nombreuses Assemblées générales des étudiants organisées dans l’enceinte de l’université de Tizi Ouzou, un silence de cathédral s’installait pour écouter cette militante, éprise de franchise et de liberté.

Elle était respectée par tous les étudiants y compris ceux qui ne partageaient pas ses visions politiques d’extrême gauche. Ils lui vouaient alors une considération particulière, car ils savaient qu’elle n’exprimait au fond que sa propre exigence viscérale de justice, de démocratie et de liberté d’expression.

Honnêtement, il faut le reconnaître, nous étions nombreux autour d’elle à ne pas avoir son vocabulaire lucide, franc et son éloquence pleine de bon sens. Elle qui avait de la volonté, de l’énergie et beaucoup de ténacité.

Et pour défendre la cause féminine, Nabila a toujours su trouver les mots justes et sans concession. C’était un farouche ou plutôt une opiniâtre dans son combat pour l’égalité, en droits et en devoirs, entre l’homme et la femme. Pour cette cause légitime, elle affichait toujours sa solidarité, ostensible et décomplexée.

Nabila a combattu à visage découvert ceux qui réduisaient l’image de la femme et la traitait d’impure, de domestique, de tentatrice… Il fallait donc cacher, cloisonner et phagocyter ce corps, source de tous les fléaux de la société. Elle était une de ces militantes progressistes qui ne savaient pas faire allégeance aux idéaux fascistes.

En sa qualité d’universitaire et pourvoyeuse d’un projet de société antinomique aux idées rétrogrades et extrémistes, Nabila a consacré une bonne partie de son temps à la lutte pour la promotion de la condition féminine, les libertés individuelles et collectives et dénonçait, par ricochet, les souffrances, les humiliations, les injustices et les violences, dont les femmes sont victimes. Tel est le combat de l’association «Tighri n’tmettut» (Le cri de la femme), dont elle était la présidente. La lutte faisait partie de son quotidien. C’était sa ressource et sa raison de vivre.

A cet effet, tous ceux qui ont eu le privilège de travailler avec elles se sont accordés à dire que cette femme d’honneur avait la capacité d’imprégner et de transmettre sa force et sa fougue à son entourage, afin de pouvoir faire face à chaque difficulté et chaque tempête. Aussi, Nabila était une jeune fille agréable, accueillante et polie.

Toujours la première à dire bonjour. Les jeunes filles doivent s’inspirer de la conduite de cette femme courage, qui ne s’était jamais échinée devant une quelconque menace. Bien au contraire, elle savait constamment comment redonner confiance à ses camarades de lutte et aller de l’avant. On ne peut qu’admirer le parcours de cette femme pour laquelle toutes les Algériennes ont un devoir de reconnaissance, tout en continuant la lutte, en suivant son sillage, celui de Nabila, l’aimable, la remarquable et admirable femme courage.

Kh. B.

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