Un projet qui attend son heure

Partager

Le phoenix va-t-il renaître de ses cendres ? Qu’en est-il exactement de ce dernier ? Rencontré lors de la journée sur la sous-traitance, organisée la semaine dernière au siège de la SNVI, le DG de Fatia, M. Bencheikh Mustapha, a bien voulu revenir sur ce grand projet, son ampleur, ses objectifs et ses ambitions. Fatia est la dénomination d’une société mixte Algéro-italienne (avec le constructeur Fiat) qui avait comme objectif de mettre sur le marché la première automobile algérienne. On est à la fin des années 80.Le site de l’usine d’assemblage est situé à Tiaret, sur une superficie de 45 ha. « Notre objectif était de produire la Fiat Punto, un véhicule de large diffusion qui répondrait à 60% des besoins du marché algérien. Soit de 30 à 40 000 véhicules par an », souligne le premier responsable de Fatia. Mais voilà que le projet connaît une rupture de financement. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le partenaire italien connaît au cours des années 90, une crise aiguë qui l’ont amené à opérer d’importantes restructuration de ses activités aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, selon notre interlocuteur. L’usine, dont le coût est estimé à 12 milliards de dinars (160 millions USD), est donc à l’abandon. “Elle est actuellement achevée à 85 % (bâtiments industriels), dira le DG de Fatia. Les 15% restants sont les équipements destinés aux chaînes de montage et autres éléments de fabrication, qui nécessiteront un investissement de 50 à 60 millions USD. Après, la fabrication pourra être entamée”. Un complément de financement qui a été mis en place puis abandonné, relève la même source.Un environnement fiscal qui n’est plus favorableAussi, le premier responsable de la société fera également observer que « l’environnement fiscal », ayant trait au secteur automobile, a changé depuis 1998. « La loi de finances de 1992 a mis en place un dispositif fiscal intéressant en faveur du CKD, qui se traduisait par un minimum de mesures d’accompagnement, notamment le différentiel en matière de droits de douanes entre le CKD et les véhicules finis importés. Soit 30 points en faveur du CKD », fait remarquer M. Bencheikh. La loi de finances de 1997, fait encore plus, puisque l’avantage en faveur du CKD est porté à 40 points. Mais voilà que celle de 1998, réduit cet avantage à seulement 10 points.Un besoin impératif en mécanisme de soutienAjouter à cela l’ouverture du marché qui a permis l’installation des marques automobiles, « sans conditions préalables d’investissement dans la pièce de rechange ou le montage ». Notre interlocuteur citera les cas de la Tunisie et du Maroc, qui ont mis en place des lois spécifiques (le Maroc notamment), pour favoriser le montage avec des mesures concrètes d’accompagnement de cette activité, dont des mesures douanières favorables, arrêt de l’importation des véhicules d’occasion et autres. « Chez nous, la volonté politique est là. Il manque un mécanisme de soutien pour concrétiser cette volonté. La présence de l’Etat est impérative », estime notre interlocuteur, qui évalue la capacité d’absorption du marché national à environ 2 milliards USD (un milliard selon le ministre de l’Industrie). Il estime ainsi qu’il faudrait relancer ce projet, gelé depuis 5 ans, et créer un cadre législatif adéquat à même de capter l’intérêt des constructeurs pour ce usine, car à l’état actuel des choses, il n’existe, notera-t-il, aucune mesure incitative.Une notion de rentabilité relativeL’intérêt d’une telle entreprise réside également dans les milliers d’emplois directs et indirects qu’elle ne manquera pas de générer. « Un emploi créer dans le secteur de l’industrie, c’est 05 emploi ailleurs. Car il y aura en parallèle les sous-traitants, les fabricants de pièces de rechange et d’autres composants… », affirmera-t-il en ajoutant que « cela peut aussi inciter les investisseurs à se lancer dans le montage ». Pour lui l’adhésion prochaine à l’OMC ne peut empêcher l’installation d’une industrie du montage de véhicules en Algérie. « Le Maroc membre de cette organisation dispose d’une industrie de ce genre », fera-t-il remarquer. « La notion de rentabilité financière est relative », dira-t-il encore comme réponse à certains concessionnaires qui disent que l’installation d’une industrie d’assemblage est tributaire d’une importante capacité d’absorption du marché.

Elias Ben

Partager