La Dépêche de Kabylie : Pourquoi avoir choisi le thème de la schizophrénie pour la seconde journée nationale de psychiatrie ?
Pr Abbès Ziri : La schizophrénie est un thème très intéressant et qui reste toujours d’actualité. Il faut souligner que c’est une maladie qui est, tout de même, très ancienne. Mais malgré cela, elle reste un thème d’actualité qui fait encore l’objet de débats, de réflexions et d’échanges d’idées par différents acteurs et intervenants, comme c’est le cas, aujourd’hui, pour la deuxième journée nationale de psychiatrie. Cela dit, nous avons déjà organisé par le passé des rencontres autour de cette maladie. C’est vous dire l’importance qu’occupe la schizophrénie dans le cadre de la prise en charge de la maladie mentale.
C’est quoi la schizophrénie ?
La schizophrénie est une maladie assez fréquente dans le monde, puisque sa prévalence est de 1 pour 100.000 habitants. Elle touche près de 26 millions de personnes à travers le monde. Nous n’avons pas de chiffres exacts en Algérie, car il n’y pas eu d’études précises. C’est une maladie mentale qui atteint le cerveau. Elle touche les adolescents, en premier lieu, soit la tranche d’âge de 15 à 16 ans. C’est une maladie chronique qui atteint, d’une manière pratiquement égale, aussi bien l’homme que la femme. Au début, cette maladie peut être brutale, mais parfois elle est insidieuse.
Qu’en est-il de la prise en charge des patients touchés par cette pathologie ?
La prise en charge de cette maladie est lourde et elle engendre un impact qui peut être grave sur le plan socio-économique. C’est également une maladie qui demande beaucoup de temps, d’efforts et d’énergie dans sa prise en charge. Elle nécessite, tout de même, une hospitalisation. A Tizi-Ouzou, la capacité en matière de lits d’hospitalisation est de 330 lits, essentiellement basés au niveau de l’EHS Fernane Hanafi. Au niveau du CHU Mohamed Nedir, nous n’avons que six lits d’hospitalisation destinés aux urgences. Par ailleurs, la plus grande structure au niveau national est l’EHS Frantz Fanon de Blida. L’EHS Drid Hocine d’Alger compte quelques 150 lits, tout comme celui de Cheraga. Il y a aussi Sidi Chahmi à Oran et d’autres structures sont ouvertes également à Constantine et à Annaba. Ces dernières années, l’Algérie a fait en sorte d’améliorer la prise en charge de la psychiatrie et celle de la formation des psychiatres. Le pays dispose de plus de 300 psychiatres, répartis entre le privé et le public. Ce sont ces spécialistes qui s’occupent de la prise en charge, qui représente deux volets, la chimiothérapie, qui consiste en l’utilisation de médicaments, et la psychothérapie, qui commence dès l’hospitalisation du patient. Il s’agit, essentiellement, de la psychothérapie institutionnelle et de la psychothérapie ergothérapique. Dans cette discipline, il faut aussi, associer la famille par la psychothérapie familiale, car cette dernière joue un rôle très important dans la prise en charge, l’accompagnement et le soutien du malade. La schizophrénie nécessite la convergence de plusieurs acteurs.
Comment se manifeste cette maladie ? Quels sont les symptômes apparents ?
Il faut commencer à s’inquiéter lorsqu’il y a un changement dans le comportement et les habitudes de la personne. Il y a également les individus scolarisés qui accusent une baisse dans leurs rendements scolaires. Surtout quand c’est un élève qui brillant et qui change subitement de comportement, notamment les absences, à cause d’une cassure. À ce moment là il faut sérieusement commencer à se poser des questions sur le sujet. Il faut aussi savoir que nous retrouvons une association particulière entre cette maladie et la consommation des drogues, notamment le hachich qui peut être un facteur révélateur. Nous ne devons pas négliger tout cela. Il faut consulter sur le champ pour que le malade soit orienté et qu’il puisse avoir l’avis d’un spécialiste, car une prise en charge à temps peut améliorer le pronostic, ainsi que les chances de guérison.
Propos recueillis par S.B.