La schizophrénie en débat à Tizi-Ouzou

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L’auditorium du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou a abrité avant-hier, les travaux de la seconde journée nationale de psychiatrie sous le thème « Schizophrénie, actualités clinique et thérapeutique ».

Cette rencontre a rassemblé plus d’une centaine de participants dont des professeurs et des étudiants en psychiatrie, des maîtres assistants et des médecins. Les vingt-deux communications, présentées par des spécialistes expérimentés venus spécialement d’Alger, de Constantine, d’Annaba, ainsi que de Tizi-Ouzou et de France, ont tiré au claire certains points restés jusque-là non compris. Les thèmes étaient variés. Ciblant essentiellement la formation et l’information des spécialistes, cette rencontre a traité les nouveautés dans la prise en charge des schizophrènes dans la région. L’ouverture officielle de cette journée a été faite par le Pr Ziri, DG du CHU de Tizi-Ouzou. Suivie par une introduction au thème de la schizophrénie faite par le Pr Tedjiza en poste à l’EHS Drid Hocine d’Alger. Ce dernier expliquera que la schizophrénie est une maladie très répandue dont les origines et les causes sont obscures et mal élucidées. Elle est mal circonscrite dans ses contours nosographiques. Le second thème, intitulé « Neurobiologie et pharmacologie : une aide à la décision thérapeutique chez le patient souffrant de schizophrénie ? », a été développé par le Pr Patrick Martin. Le Dr Draidi de l’hôpital central de l’armée d’Alger, lui, a présenté une communication titrée « La schizophrénie : quoi de neuf ? ». Pour sa part, le Dr Guessaibia de l’EHS Frantz Fanon de Blida expliquera « la place de la génétique dans la schizophrénie ». Cette dernière précisera que la connaissance du terrain génétique ouvrira de nouvelles voies pour la recherche pharmacologique et la découverte de médicaments spécifiques. « Ces recherches avancent à grands pas et la génétique moléculaire est appelée à jouer un rôle de tout premier plan dans la compréhension de la maladie mentale. Avec son concours, la psychiatrie est clairement entrée dans une nouvelle étape de son histoire », a-t-elle dit. Dans sa conférence, titrée « Génétique et consanguinité chez le schizophrène : quel rapport ? », le Pr Benabbas de Constantine indiquera qu’ils ont effectué une étude épidémiologique de type prospectif concernant 200 malades hospitalisés à l’EHS psychiatrique de Constantine et présentant le diagnostic de schizophrénie. Selon lui, les résultats révèlent qu’il y a une prédominance nette du sexe masculin avec un taux de 73%. Il ajoutera que dans les 46% des cas dépistés, la maladie a débuté entre 20 à 30 ans, 39% des cas avant 20 ans et 85 % avant l’âge de 30 ans. Notre interlocuteur précisera qu’une forte proportion a été enregistrée chez les célibataires qui représentent 72.5%, suivi des mariés avec un taux de 18%. « La forme paranoïde est la plus répandue (47.5%), suivie de l’indifférenciée (22.5%) et de la forme désorganisée (16%). Les troubles schizo-affectifs représentent, quant à eux, une proportion de 08.5% », énonce-t-il. Il conclura en affirmant que « les mariages consanguins seraient à l’origine d’apparition des troubles mentaux, surtout chez des sujets ayant des antécédents psychiatriques familiaux chargés. La prévention actuelle s’organise seulement autour de la sensibilisation et l’information de la population. De plus, la schizophrénie est une maladie à hérédité complexe et le dépistage des sujets à risque demeure délicat ». Dans son allocution intitulée « Les signes prédictifs de la schizophrénie sont-ils utiles en pratique ? », le Dr Naït Slimani de l’EHS psychiatrique de Oued Aïssi dira que l’évolution inéluctable des prodromes vers la schizophrénie rend, en terme de santé publique et de diagnostic, leur identification difficile. Il a insisté sur l’importance d’une prise en charge précoce de ces malades pour atténuer la gravité du trouble et ses conséquences. Il conclura en ajoutant que « la notion de prodrome semble intéressante dans la mesure où elle oblige à revisiter un ensemble des données implicites qui sont rarement débattues et que dans l’état actuel des choses, il est prématuré de penser fonder une politique de prévention secondaire de la schizophrénie à partir des résultats acquis. En revanche, les ignorer semble tout aussi condamnable que de les considérer comme définitifs ».

Samira Bouabdellah

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