Bientôt une unité de Thrombolyse au CHU de Tizi-Ouzou

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Une unité de Thrombolyse sera créée incessamment au niveau du CHU Mohamed Nedir de Tizi-Ouzou, qui enregistre, ces dernières années, de nombreux cas d’accidents cardio-vasculaires, a-t-on appris auprès du Pr Ziri, directeur général dudit établissement. Ce projet a été initié par le Pr. Ziri, ainsi que le Pr. Daoudi, chef de service neurologie, et Dr Amar Taleb, chef de service de réanimation médicale. Le Pr. Ziri explique que Tizi-Ouzou fait partie des wilayas les plus médicalisées et dans laquelle il existe une très importante concentration de médecins. Notre interlocuteur ajoutera : « Nous avons un projet en cours avec l’équipe de neurologie. Un projet qui porte sur la création d’une unité de Thrombolyse. Cela va régler beaucoup de problèmes. Il s’agit d’une unité multidisciplinaire qui nécessite tout une équipe de spécialistes, notamment un réanimateur, un neurologue et un radiologue ». Pour sa part, le Pr Daoudi, du service neurologie de l’hôpital Belloua de Tizi-Ouzou, expliquera que « cette unité sera spécialisée dans la prise en charge à la phase aigue, soit moins de 4heures 30mn après les accidents cardio-vasculaires de type ischémique, donc les patients ayant une artère bouchée ». Il soulignera que les accidents cardio-vasculaires de type ischémique représentent 85 % des AVC en général. « En fait, il existe trois types d’AVC, ischémique, hémorragique et thrombophlébite cérébrale. Vous devez savoir qu’en Algérie, nous enregistrons près de 50.000 AVC par an, dont près de 80 à 85% sont ischémiques. D’ailleurs, chez ces patients, il y a un taux très important de mortalité. Près d’un tiers décède durant les premiers jours », a-t-il affirmé en poursuivant que « l’intérêt de la thrombolyse est de pouvoir casser le caillot qui bouche l’artère durant les premières heures de l’AVC. Mais il faut signaler qu’il faut des conditions draconiennes pour réaliser cela. Ainsi, nous avons mis en place une fiche assez spéciale qui contre indique la thrombolyse ». Le Pr Daoudi précisera que ce n’est pas tout le monde qui peut bénéficier de ce traitement. « Il y a un certain pourcentage de patients remplissent les critères pour la thrombolyse. Par exemple, quand nous recevons un malade pour un déficit neurologique brutal, la première chose à faire est de confirmer le diagnostic de ce déficit neurologique, avec possibilité de faire un examen neurologique rapidement et de confirmer le déficit organique. Puis, il faut faire un scanner où une IRM pour pouvoir éliminer tout ce qui n’est pas ischémique. Une fois cela fait, il faut mettre en place un bilan sanguin complet, pour voir s’il n’y a pas de troubles à l’instauration du traitement. Et par la suite, nous lançons le traitement qui dure 60 minutes », relatera le Pr Daoudi, en assurant que généralement, ce traitement donne d’excellents résultats. Pour lui, le déficit régresse et le patient récupère très bien. Car, dit-il, l’avantage de la thrombolyse est de pouvoir recevoir les patients dans les 3 heures qui suivent l’AVC. « Parfois, nous ne pouvons pas certifier si c’est 3 heures ou plus. En Europe, il existe un protocole que nous appelons le Mismatch, qui permet de faire une étude de l’ischémie grâce à l’IRM sur la diffusion et la perfusion. Maintenant, avec ce qu’il y a à notre disposition, nous pouvons faire un scanner avec injection de produits de contraste pour les patients. Avant la création de cette unité il faut de la formation et de l’entraînement », a-t-il expliqué en enchaînant qu’« à Tizi-Ouzou, nous avons l’avantage d’avoir aux alentours du CHU des structures médicalisées, des polycliniques et des cabinets médicaux, ce qui nous permet de recevoir les patients dans les 3 heures qui suivent leur AVC ». Il dira qu’à cet effet, les parties concernées projettent de démarrer une formation au profit des urgentistes et des résidents. « Même si ce projet démarrera difficilement, l’essentiel c’est qu’il soit lancé. Nous avons sensibilisé tout le monde. Les urgences reçoivent 3 à 4 AVC par jour, et il faut rappeler que le taux de mortalité est très important. Ces dernières années, nous enregistrons de plus en plus d’AVC chez des sujets jeunes. Je crois que nous sommes arrivés à mieux prendre en considération le volet de la prise en charge. Il nous faut cette unité car même pour les patients dont les AVC ne sont pas throbomlysés, nous pourrions leur sauver la vie en les mettant dans des structures spécialisées. Une fois la formation finie, je suis convaincu que nous pourrons lancer la thrombolyse à Tizi-Ouzou. Nous avons constaté que 2 à 3 % des patients atteints d’AVC arrivent dans les 3 heures qui suivent au PU de médecine du CHU de Tizi-Ouzou, ce qui nous donne plus d’espoir quant au lancement de cette unité de thrombolyse ».  Pour le lancement de cette unité notre interlocuteur expliquera qu’ils attendent juste la finalisation de la structure qui l’accueillera. Elle sera implantée au niveau du CHU de Tizi-Ouzou. « Le Pr Ziri nous a réunis, avec les réanimateurs. Et nous allons créer cette unité au niveau du service de réanimation médicale, où il nous dégagera une structure à côté de ce service, comme ça nous serons proches du laboratoire central et du service de radiologie », conclura le Pr Daoudi.

Samira Bouabdellah

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