Vivre au beau…milieu d'une décharge !

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Le problème du vieux bâti dans la wilaya de Bouira est connu de tous.

Des citoyens se battent, depuis des années, pour avoir un logement décent. A quelques encablures du siège de la wilaya de Bouira et plus exactement au niveau du quartier Aïssat Idir, l’un des plus populaires de la ville, il y a des familles qui vivotent toujours à l’intérieur d’une décharge publique. En effet, lors de notre passage sur les lieux, nous avons pu constater les conditions extrêmes dans lesquelles survivent plus d’une dizaine de familles. Notre virée commence au détour d’un magasin de fruits et légumes, situé à un jet de pierre de la bibliothèque communale de Bouira. En compagnie de Moussa, l’un des habitants de ce haouche, nous avons pénétré dans un endroit  devenu à un vaste dépotoir à ciel ouvert. Ce citoyen nous guidera dans les dédales de ce qui nous a présenté comme étant la cour de sa maison. Il n’y a aucun potager dans les environs. En revanche, nous avons trouvé des amas de gravier, ferrailles et autres détritus hétéroclites. “ C’est là que nous vivons. Nous sommes exposés à la saleté à longueur de l’année. Nous vivons à six dans deux chambres et ne nous pouvons mettre le nez dehors», s’est insurgé notre guide. Au même moment, nous avons vu un rat qui se faufilait dans les méandres de cette décharge. “ Nous cohabitons avec des rats, des serpents, des moustiques et autres bestioles. C’est cela notre quotidien!», a-t-il dit. Par la suite, nous nous sommes enfoncés un peu plus dans cette brousse et à chaque pas, la terre semblait se dérober sous nos pieds. “ Faites attention! Il y a des serpents qui rodent dans le coin», préviendra notre accompagnateur. Le coin, dit-il, est infesté de toutes sortes de reptiles qui ont trouvé un vivier en ce tas d’ordures. Pis encore, des éclats de verres jonchent l’allée qui mène vers les habitations, ce qui constitue un danger indéniable pour les riverains, notamment les enfants. À ce propos, Moussa nous apprendra que des enfants ont dû être hospitalisés, après s’être blessés par des bouts de verres et de ferrailles qui traînent ici et là. Dans la foulée, il nous invitera à visiter sa demeure et constater “ le gourbi“ qui lui sert de logis. “Comme vous pouvez le constater, on est dans la précarité la plus absolue !», avouera-t-il. En effet, l’espace vital de ce citoyen n’excède pas les 9m2 ! Tout y est entassé : vaisselle, linge, lits… etc. Ensuite, il nous fera part de sa détresse et de son désespoir : « C’est une prison. Durant les jours de pluie, nous vivons la peur au ventre, la toiture trop fragile risque à tout moment de s’effondrer sur nos têtes. Sans parler des fils électriques qui pendouillent un peu partout. C’est lamentable ! ». A propos d’éventuelles solutions proposées par les autorités locales, notamment l’APC de Bouira, notre vis-à-vis a qualifié ces responsables de « menteurs ». “Ne me parlez pas des ces gens-là. Ils ne font que nous mentir. A la veille des élections, on nous promet qu’on sera bientôt relogé… mais ce bientôt a trop tardé !” s’est-il encore indigné.

Le P/APC désavoué !

Interrogé sur d’éventuelles requêtes adressées aux responsables locaux, dans le but de mettre fin à leur calvaire, notre interlocuteur n’a pas hésité à qualifier ces responsables d’ « irresponsables ». « On a écrit, fait des marches et des sit-in, mais sans aucun résultat », a-t-il déclaré. Notre interlocuteur dira, par la suite, que le P/APC et le chef de daïra de Bouira se renvoient mutuellement la patate chaude. « On ne cesse pas de se faire balader d’un bureau à un autre, d’un service à l’autre et chacun rejette la responsabilité sur l’autre. Nous sommes otages de l’incompétence de nos responsables », a-t-il noté avec un ton rageur. Les habitants de ce quartier réclament à ce que leurs propriétés cessent d’être une décharge publique. « Nous exigeons du maire de prendre ses responsabilités en interdisant que nos maisons se transforment en déchèteries. Ils veulent nous enterrer sous les ordures et à cela, nous nous opposons fermement! », a-t-il martelé. D’autres propriétaires ont indiqué que seul le Premier magistrat de la wilaya peut mettre fin à ce calvaire qui a trop duré. « Pour nous, le maire n’existe plus! Il n’a rien fait pour nous, mis à part nous enivrer avec de fausses promesses. Mieux encore, à chaque fois que nous tentons de l’interpeller à ce sujet, il se dérobe et fait mine de ne rien savoir. Nous nous en remettons au wali, dans le but de prendre les dispositions nécessaires », ont-ils avoué. Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, nous avons tenté d’approcher le maire de Bouira, M. Hakim Oulmi, mais ce dernier « était en visite sur chantier », selon un employé de la mairie. Quoi qu’il en soit et en attendant une prise en charge effective de ce problème de santé publique, les habitants du quartier Aïssat Idir continuent de végéter dans une décharge publique au beau milieu du chef-lieu de la wilaya.

Ramdane Bourahla

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