«Faire de la wilaya une région de rêve»

Partager

Dans cet entretien, le directeur du Tourisme de la wilaya, Abdelkayoum Ladhraa, plaide pour la levée de toutes les contraintes pour faire de Béjaïa une région de rêve.

La Dépêche de Kabylie : La saison estivale vient d’être, officiellement, déclarée ouverte. Est-ce que toutes les conditions sont réunies ?

Abdelkayoum Ladhraa: Ce qu’il faut retenir de l’ouverture de la saison estivale de cette année, c’est qu’elle a été faite, pour la première fois, à partir de la côte Ouest, laquelle dispose de beaucoup de plages dont quelques unes presque inconnues. Nous voulions, en quelque sorte, promouvoir cette région et, d’ailleurs, la population l’a bien compris en assistant en masse à l’événement. Si Béjaïa est prête ? Eh bien, juridiquement parlant, nous avons 33 plages autorisées à la baignade, mais quelques unes présentent beaucoup d’insuffisances. En sus des accès qui ne sont pas aménagés et des parkings qui sont minuscules, pour certaines plages, seule la moitié est dotée d’un poste de gendarmerie ou de police.

Et avec la concession des plages, le problème de ces insuffisances n’aurait-il pas été réglé ?

Les plages ont tout le temps été squattées par des jeunes qui louent des parasols, tentes et autres transats, sans aucune autorisation, sans parler de ceux qui gèrent des parkings anarchiquement. Pour mettre un terme à cela, nous avions tenté l’année dernière, de concéder quelques parties de ces plages. Ce fut un fiasco. Seules quatre parcelles, sur 32, ont trouvé preneurs. Cette année, aucune demande de concession n’a été enregistrée.

C’est dû à quoi, selon vous ?

En prenant connaissance du cahier des charges, beaucoup de postulants se rétractent, car sachant que, par exemple, la propreté des lieux leur incombe. D’autres exigent l’intervention de l’état pour éviter des problèmes avec les squatteurs. Pourtant, le prix de concession pour cinq années est abordable. Il varie entre 200 000 et un million de dinars par an, selon l’importance des plages. L’opération de concession fut un échec et, d’ailleurs, sur les 4 plages concédées l’année dernière, trois l’ont été à des propriétaires d’établissements hôteliers qui voulaient avoir des plages spécialement pour leurs clients. Le squattage est un phénomène que nous devons éradiquer, et pour cela, il faut qu’il y ait de la volonté.

En dehors des plages, Béjaia a-t-elle des capacités d’accueil suffisantes, en matière d’hébergement ?

Moins de 2 000 lits en hôtels balnéaires et moins de la moitié en hôtels urbains. Cela reste insuffisant et totalement en deçà de la demande, forte à Béjaïa en saison estivale. C’est une destination privilégiée, par rapport à la sécurité des familles et aux différents sites à visiter. Ailleurs, ces dernières se sentent moins en sécurité. Il y a plusieurs types de tourisme et des sites attractifs, comme le mont Gouraya, la cascade de Kefrida ou encore les grottes d’Aokas, qui attirent beaucoup de monde, même ceux qui ne sont pas intéressés par la baignade.

Il y a combien d’hôtels classés à Béjaia ?

Il y a 70 hôtels dont 43 classés, de 0 à 3 étoiles. Les 27 autres sont des structures d’hébergement assimilables à des dortoirs. Béjaïa est très loin de répondre aux normes internationales en matière d’hôtellerie.

Le contrôle des établissements hôteliers, l’année dernière, a donné lieu à quelques fermetures…

Effectivement, nous avions procédé à des fermetures temporaires de quelques établissements jusqu’à la levée des réserves. Actuellement, ils ont tous rouvert.

La location d’appartements auprès de particuliers et les campings ont été d’un apport considérable dans l’hébergement des touristes ?

Absolument. Les campings ont pu répondre au tourisme de masse en hébergeant entre 15 et 20 000 personnes. Le hic se trouve chez les propriétaires d’appartements. Malgré les assurances données quant à l’exonération du payement des impôts pour la location, les propriétaires refusent de déclarer les locataires. Nous avons besoin de ces déclarations, juste pour nos statistiques. 

Les agences immobilières agréées contestent l’empiètement sur leurs prérogatives par les bureaux d’affaires et autres agences saisonnières… 

On veut bien travailler avec ces agences agréées, pour peu qu’elles nous donnent les véritables statistiques. Nous sommes là pour les aider afin de maîtriser la situation.

Et pour les projets d’investissement ?

Il y a une soixantaine de projets touristiques qui augmenteront de 20 000 lits les capacités d’hébergement. Les lots pour la réalisation de la ZET d’Aokas ont été attribués dans le cadre du Calpiref. Toutes les demandes d’investissement, y compris les anciennes, ont été étudiées et sur la base de certains critères, et les lots ont été attribués récemment. Il reste celle de Souk El Tenine pour laquelle nous attendons l’orientation de Madame la ministre pour aplanir certaines contraintes. En plus de cela, nous avons inscrit beaucoup de projets d’études et d’aménagement de plages pour mettre un terme définitif  aux défaillances.

Et pour le tourisme de montagne…

Le développement du tourisme de montagne est une nécessité à Béjaia, wilaya constituée majoritairement de zones rurales. Nous avons, d’ores et déjà inscrit 7 sites climatiques en étude d’aménagement. Ils se situent dans les communes de Tizi N’Berber, Tichy, Kefrida, Adekar, Akfadou, Tichy haff et la baie des aiguades.

Où en est-on avec le projet de réhabilitation des villages kabyles ?

Pour le moment, le travail se fait à travers le mouvement associatif que nous accompagnons. Par exemple, l’association de Djebla, dans la commune de Béni K’sila, fait un excellent travail.

Concernant l’artisanat, des locaux ont été attribués au niveau des centres d’Aokas et Sidi Ali Lebher. Sont-ils fonctionnels ?

Malheureusement, à Sidi Ali Lebher, les bénéficiaires exigent des grilles de protection pour commencer à activer. À Aokas, certains ont commencé timidement et, probablement, tout le monde s’y mettra en saison estivale.

Comment voyez-vous, à long terme, le tourisme à Béjaïa?

La région possède beaucoup de potentialités, elle a un avenir dans le domaine. À mon arrivée dans cette wilaya, j’ai été indigné de ne pas avoir trouvé de complexe digne de ce nom. J’ai commencé par soumettre un plan d’action au wali, en proposant de libérer le foncier. Le wali a immédiatement accepté de marcher et les premiers résultats se font ressentir. D’ici peu, on atteindra 80% de nos prévisions et la région deviendra un pôle touristique par excellence.

C’est-à-dire ?

Avec les projets prévus sur la côte Est, les citoyens des wilayas de l’Est et des Hauts plateaux feront de cette région leur destination préférée. Il faut que nos villes côtières ressemblent, par exemple, à Hammamet (Tunisie). Il faut commencer par déclasser certains terrains agricoles qui se trouvent presque en bord de mer. Nous manquons, dans la région, de parcs d’attraction. Eh bien, cela nous permettra de réaliser, par exemple, un parc aquatique dans la localité de Lota (Souk El Tenine). Si tout le monde marche, nous pourrons faire de Béjaia, une région de rêve. 

Entretien réalisé

par A. Gana

Partager