Tamazight aux examens scolaires ?

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“Prochainement, tamazight sera une matière d’examen”, a déclaré il y a quelques semaines M.Benbouzid au cours d’une rencontre avec les responsables de l’éducation. Au-delà de l’effet d’annonce, cette promesse, si elle venait à se concrétiser, consacrerait le caractère officiel de tamazight dans l’institution éducative en la hissant au même diapason que les autres langues enseignées. Cela ne devrait pas, cependant, occulter les errements qui ont jalonné l’expérience de l’enseignement de cette langue depuis qu’elle est arrimée à l’orbite du système éducatif voilà dix ans. Tout ne baigne pas dans l’huile, en effet, n’en déplaise à certains responsables qui ont tendance à décrire la situation sur le mode dithyrambique. Car tamazight est en bute à des difficultés de tous ordres et patauge dans les marnes de considérations politico-administratives qui l’empêchent d’aller de l’avant.“Nous sommes en train de consommer l’échec de l’enseignement de tamazight”, a reconnu sur une pointe de dépit Youcef Merrahi, secrétaire général du HCA qui répondait à une question d’un journaliste de la Chaîne II. L’orateur a fait remarquer que l’enseignement de tamazight a connu un net recul en passant de 15 wilayas en 1995 à seulement 10 wilayas en 2005.Le HCA, créé par décret présidentiel pour “réhabiliter et promouvoir tamazight”, est ravalé au rang peu ragoûtant de faire-valoir. Sinon, comment expliquer que son organe délibérant ne soit pas renouvelé depuis juin 1998 et le poste de président de cette institution laissé vacant depuis la disparition de feu Idir Aït Amrane en novembre 2004 ? A moins que cette situation consacre la dissolution de fait du HCA dont le mandat est initialement fixé à trois ans. En tous cas, “les portes du ministère sont closes”, de l’avis même de M. Merrahi qui précise que la dernière rencontre avec le département de M. Benbouzid remonte à décembre 2003.Autre signe révélateur de la frilosité de l’Etat : le peu enviable statut socio-professionnel des enseignants de tamazight, alors que par ailleurs, chaque année, près de 200 licenciés frais émoulus éprouvent les pires difficultés à dégoter un poste de travail dans l’éducation. Des experts ne manquent pas d’incriminer l’attitude par trop volontariste de l’Etat et la précipitation qui a entouré l’introduction de tamazight à l’école en 1995, comme étant à l’origine des grippages que connaît actuellement son enseignement. Les enseignants n’avaient bénéficié que de quelques semaines de formation avant leur reconversion dans la langue tamazight dont les méthodes d’approche pédagogique sont foncièrement différentes des langues étrangères et de l’arabe.Restent les caractères de sa transcription dont le choix non encore définitivement tranché est “éminemment politique et non scientifique”, avoue encore M. Merrahi, même si les recommandations des colloques organisés jusqu’à présent ont toutes préféré l’alphabet latin comme étant celui qui répond et satisfait les exigences de tamazight sur le double plan orthographique et grammatical. Il y a, enfin, le mode de transcription : phonologique qui, selon ses concepteurs-mêmes, présente le désavantage d’effacer les variantes et d’imposer au locuteur un effort d’analyse linguistique pour la compréhension, ou alors une transcription conforme aux règles d’orthographe et de grammaire qui a aussi ses adeptes parmi les linguistes. Le tout étant de soumettre à l’apprenant un outil rigoureux, performant et moderne pour un apprentissage facile et rapide de tamazight.

Nacer Maouche

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