Un consensus en attendant le sommet

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C’est justement sur ce point précis que les débats ont échoppé, puisque la proposition du royaume de Jordanie a rencontré de farouches oppositions au sein de plusieurs délégations, à commencer par l’Algérie qui a opposé, ni plus ni moins, la résolution du sommet de Beyrouth de 2002 qui dans lequel les pays arabes ont fait une offre de paix à l’Etat hébreu en contrepartie de la libération des territoires arabes occupés et la libération des réfugiés palestiniens.Le gouvernement Sharon ayant refusé la proposition, Amman a cru bon de se rapprocher de Tel Aviv en reformulant le texte du sommet de Beyrouth pour le rendre plus acceptable. C’est en fait un geste de bonne volonté que la Jordanie voulait montrer à son voisin pour la relance de leurs relations. Mais une telle entreprise n’aurait aucune portée si elle n’est pas entérinée par les pays de la Ligue arabe. Seulement, après plusieurs jours de spéculations et de déclarations contradictoires, les ministres des Affaires étrangères ont carrément rejeté le projet de résolution proposé par le Royaume hachémite, même si plusieurs diplomates présents à l’hôtel Hilton d’Alger préfère parler dans un premier temps de modification ou encore de reformulation de certaines clauses du document.Cette situation fait accentuer les rumeurs sur une éventuelle défection du Roi Abdallah II de Jordanie. Cette information, largement commentée par la presse moyenne-orientale et certaines agences de presse occidentales qui a parlé « d’engagements extérieurs de la Jordanie », n’a pu être confirmée ni infirmée par les circuits officiels à commencer par l’ambassadeur d’Algérie auprès de la Ligue arabe, Abdelkader Hadjar, qui a déclaré hier au milieu de l’après-midi qu’aucun courrier officiel n’est parvenu à Alger sur la question. Par ailleurs, les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé de soumettre le problème des cotisations aux chefs d’Etat puisque plusieurs ministres et experts n’ont pu s’engager clairement à tenir les engagements de leurs pays respectifs. A en croire Abdelkader Hadjar, plusieurs pays n’ont pas encore versé les frais de leur participation à la Ligue. Si l’ambassadeur n’a pas voulu citer les pays « mauvais payeurs », il a néanmoins avoué que plusieurs Etats refusent carrément de mettre la main à la poche, tandis que d’autres n’ont pas les moyens nécessaires pour s’acquitter de leurs dettes.La question est donc remise entre les mains des chefs d’Etat qui doivent la trancher, au même titre d’ailleurs que la problématique de financement de fonds d’El Qods, créé en 2000 au Caire pour soutenir l’Autorité palestinienne.L’autre point qui a suscité des réactions contradictoires parmi les participants à la réunion d’hier est celui relatif à la réforme du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Là aussi, de tendances lourdes se sont affichées. La première partage la position de l’Egypte qui opte pour la première proposition des experts de l’ONU qui prévoient l’attribution d’un poste de membre permanent à un pays arabe au sein du Conseil de sécurité. Les pays qui ont suivi cette vision veulent, à coup sûr, soutenir l’Egypte dans son ambition de briguer, à elle seule, le poste.Quant à la deuxième tendance, représentée notamment par l’Algérie, elle soutient tout simplement une autre deuxième proposition des collaborateurs de Kofi Annan qui ambitionnent d’offrir un poste de membre permanent à la Ligue arabe, mais à la seule différence que ce siège sera partagé par les pays arabes par alternance pour une période déterminée. Si les discussions sur ce point sont reportées sine die, c’est parce que les ministres et les experts ne « connaissent toujours pas la tendance dominante » sur le sujet, pour reprendre les termes de l’ambassadeur d’Algérie auprès de l’Organisation panarabe. En tout cas, les ministres des Affaires étrangères ont poursuivi hier tard dans la soirée leurs discussions à huis clos pour finaliser les documents à soumettre aux chefs d’Etat dont le sommet s’ouvre demain matin au Palais des nations d’Alger. Les différents présidents, chefs du gouvernement et souverains commenceront à arriver dès cette matinée à l’aéroport Houari Boumediene. Le roi du Maroc a déjà pris hier après-midi le bateau de Marseille pour rejoindre Alger a annoncé le palais royal dans un communiqué repris par l’agence officielle marocaine MAP.

Ali Boukhlef

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