«Mustapha était algérien, kabyle et musulman»

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Une veillée religieuse sera organisée, demain jeudi, au village Ath Larbaâ, dans la commune d’Ath Yenni, à Tizi-Ouzou, en hommage à Mustapha Ourad, le correcteur algérien de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo qui fait partie des douze victimes du terrible attentat perpétré mercredi dernier à Paris.

Selon la famille du défunt, dont ses deux cousins Djamel et Djaffar, cette veillée religieuse prévue dans la soirée de demain au niveau de la grande maison familiale des Ourad, selon la tradition Kabyle et le rite Musulman, avec la lecture du Coran et de la Fatiha, sera suivie le lendemain vendredi, au même lieu, par un grand hommage à la mémoire de l’enfant d’Ath Larbaâ. « Nous avons décidé d’organiser une veillée religieuse ce jeudi 15 janvier à partir de 19h00, au niveau de la maison familiale au village selon le rituel kabyle dans ce genre d’événements, mais nous avons aussi pensé à rendre hommage à notre enfant, frère et ami, Mustpaha Ourad, victime de la barbarie, en organisant le vendredi 16 janvier à partir de 12h00 une cérémonie posthume en présence de la famille, des amis d’enfance du défunt, ainsi que de ses anciens camardes de l’école primaire jusqu’à l’université», nous confie Djamel Ourad, cousin de Mustapha. Selon notre interlocuteur, lors de cet hommage, des prises de paroles et des témoignages des amis et proches de la victime de l’attentat de Paris, sont prévues. «Tout le monde est invité à prendre part à cet hommage à la mémoire de mon cousin Mustapha. Ce dernier qui est un Kabyle, mais surtout un musulman algérien, mérite tous les égards car il est victime d’un acte terroriste à l’instar des 11 autres morts lors de la fusillade de Paris, commis par des terroristes intégristes». Pour notre interlocuteur qui nous a appris que la grande famille de Mustapha Ourad, respecte le vœu de la petite famille du défunt à savoir sa femme et ses deux enfants (un garçon et une fille) qui a décidé que Mustapha Ourad soit enterré en France, tient surtout à lancer un appel en direction de ceux qui ne cessent de faire l’amalgame, des deux côtés de la méditerranée, concernant l’acte barbare commis mercredi dernier contre le journal satirique Charlie Hebdo, où le défunt exerçait la tâche de correcteur de presse. «La famille de Mustapha Ourad, condamne avec vigueur l’attentat terroriste commis par des fanatiques intégristes contre le journal Charlie Hebdo. C’est un acte barbare qui nous rappelle les durs moments vécus par nos propres concitoyens ici en Algérie durant les années du terrorisme islamiste. Mustapha fait partie des victimes de ce terrorisme qui a happé la vie à des journalistes français à Paris mais aussi à des dizaines de journalistes algériens tombés sous les balles assassines ici en Algérie. Il faut donc cesser de faire l’amalgame que ce soit de la part de ceux qui ne cessent de dénigrer le journal, pour justifier la mort de douze victimes, ou bien ceux qui font de cet acte une aubaine pour salir l’image des musulmans en France. Je tiens surtout à préciser que mon cousin qui exerçait en tant que correcteur à Charlie Hebdo, n’épousait pas automatiquement les thèses, encore moins la ligne éditoriale de ce journal. Mustapha qui était kabyle, algérien et surtout musulman était loin de toute cette polémique stérile qui ne fait qu’attiser la haine», nous confie le cousin de la victime non sans rappeler que Mustapha Ourad qui avait quitté l’Algérie au début des années 1980 avait été un animateur dans le Mouvement berbère au milieu de années soixante-dix alors qu’il était encore étudiant en médecine, à l’université d’Alger. «Mustapha, qui était animateur dans le mouvement berbère, avait décidé de quitter le pays au début des années 80. Déçu par la tournure prise par les événements du printemps berbère d’avril 1980, il a décidé de laisser tomber ses études en médecine et aller tenter sa chance en France. Là-bas, il avait poursuivi d’abord ses études dans le domaine de la santé avant de se consacrer à sa passion, la littérature et le journalisme. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé correcteur dans le journal Charlie Hebdo», témoigne le jeune cousin de la victime.

A.C

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