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Béjaïa : Des dizaines d’entre eux sont exploités dans des conditions lamentables : Ces mineurs qui travaillent…

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Une enfance volée, des rêves brisés, une espérance bafouée, une dignité foulée aux pieds… C’est le destin tragique d’une flopée de mineurs qui, au lieu d’être sur les bancs de l’école, de jouer, de croquer la vie à pleines dents, se retrouvent à leurs corps défendant, englués dans l’écume des souffrances d’une exploitation éhontée. Nul besoin, en effet, de détenir la science infuse pour saisir l’affligeant spectacle de ces frêles créatures, poussées sur le marché du travail ou livrées à la mendicité. La rue se charge sans cesse de nous édifier sur cette réalité amère, à la limite de l’absurde, digne du temps de la traite négrière et qui épouse des contours alarmants. Le commerce, l’agriculture, le bâtiment et tant d’autres secteurs captent, sans vergogne et sans scrupule aucun, l’énergie de ces bambins, une main d’œuvre bon marché et corvéable à merci. « Je ne vais plus à l’école depuis plus de 3 ans, et pour contribuer au budget familial, mon papa m’a enjoint de trouver une occupation », témoigne un jeune d’à peine 15 ans, improvisé vendeur de menu fretin à l’entrée du marché hebdomadaire de Tazmalt. Djamel, lui, est enrôlé dans une pizzeria du chef-lieu de wilaya. Il nous fait part de son infortune : « Je dois bosser dur pour avoir droit à une solde de misère. En sus de cela, je dois supporter, sous peine d’être viré les réprimandes et les intimidations de mon patron », confesse-t-il, la mine figée dans un rictus de dépit. Dans la région d’Akbou, rapporte-t-on, des mômes, pas plus hauts que trois pommes, sont exploités contre des clopinettes par des commerçants impitoyables. Les enfants sont voués, témoigne-t-on, aux tâches les plus pénibles et les plus ingrates. « Nous trimons en silence pour quelques pauvres dinars », confiera l’un d’eux, les yeux embués et pleins d’innocence. Loi de l’omerta oblige, il est l’un des rares enfants à oser ainsi témoigner. « C’est un secret de polichinelle. Ces jeunes sont dépouillés de leur enfance, parfois avec la bénédiction de leurs parents. Les pouvoirs publics se doivent de réagir pour mettre un terme à ces pratiques indignes d’une république », nous dira un psychologue d’El Kseur. Quand ils ne sont pas engloutis par le marché du travail ou happés par la mendicité ces infortunés versent dans la délinquance, comme le chapardage. A Sidi Aïch et Ouzellaguen, ce sont les décharges publiques qui font office de réceptacles pour des escouades de jeunes, à la recherche d’objets de rebut susceptibles d’avoir quelque valeur marchande. L’atmosphère  chargée de fumée et dégageant des relents nauséabonds, ne semble pas les dissuader de fouiner dans les tas d’immondices. « L’important, c’est de gagner quelques piécettes en fin de journée », lance à notre adresse l’un d’entre eux, un sac en jute sur le dos. Interrogé sur ce sujet, un sociologue de Béjaïa qualifie le travail des enfants de « violation de ses droits ». Et de rappeler : « notre pays a pourtant ratifié la convention du 3 avril 1984, relative à l’âge minimum de travail, ainsi que celle de novembre 1989, relative aux droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies. Le 28 novembre 2000, elle a ratifié la convention internationale relative à l’interdiction de toutes formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de l’élimination de celles-ci ». Concernant la législation algérienne portant sur les relations de travail, la loi 90/11 du 21 avril 1990 a été promulguée, dont l’article 15 stipule que l’âge minimum requis pour un recrutement ne peut en aucun cas être inférieur à 16 ans, sauf dans les contrats d’apprentissage. D’autre part, l’ordonnance n° 35-79 du 16 avril 1976 stipule que l’enseignement est obligatoire et garanti pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans. Hélas, les faits démontrent chaque jour qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres !

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N. Maouche

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