Les handicapés dans la tourmente

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Manque d’accessibilité en milieu urbain, insuffisance d’appareillages, scolarité problématique, discrimination à l’emploi…sont le lot quotidien de cette frange de la société que sont les personnes à mobilité réduite. En effet, à travers les localités de la wilaya de Bejaïa, ces infortunés handicapés sont des milliers à souffrir le martyre et à mourir à petit feu, le tout, dans l’indifférence générale. « Nous n’avons besoin ni d’une sensiblerie affectée, ni d’une compassion vaine, mais d’une vraie et forte solidarité », tonne un jeune handicapé de Sidi Aich. « Hélas, maugrée-t-il, nous sommes les oubliés de la société les éternels gogos qui n’existent qu’à l’occasion de la journée du handicapé ». Cloué à sa chaise roulante après une atteinte médullaire, Smail la trentaine, se plaint de ce que ses moindres déplacements soient rendus aléatoires par défaut d’accessibilité dans l’espace urbain. « Je ne peux me rendre ni à la mairie, ni à la poste, ni prendre une quelconque navette de transport publique. Tout ça n’est pas pour nous », déplore-t-il. Un groupe d’handicapés d’Akbou vocifèrent leur détresse devant les difficultés d’obtention des appareils orthopédiques, des produits d’aide technique à la marche et autres moyens d’aides techniques sanitaires. « Nous souffrons pour nous faire délivrer le document de prise en charge financière nous permettant d’avoir un appareil qui, de surcroît, est souvent de qualité médiocre », dispose un handicapé en plaidant pour la réduction des contraintes administratives. Nos interlocuteurs ont aussi mis le doigt sur le problème de scolarité relevant que « les enfants handicapés n’ont pas les mêmes chances de réussite que les autres ». « C’est à eux de fournir les équipements nécessaires, comme une table appropriée à leur type de handicap, ceci dans le cas où ils trouvent une école qui accepte de les scolariser, ce qui n’est pas toujours évident », témoigne-t-on. Par rapport à la pension allouée à la personne handicapée, un membre d’une association des handicapés moteurs de Bgayet réfute l’exigence de 18 ans d’âge pour y ouvrir droit. « Cette exigence d’âge pour le versement de la pension d’aide est contradictoire avec le principe de solidarité qui doit être appliqué également sur les moins de 18 ans », suggère-t-il.

Cette pension versée à titre de solidarité est supprimée dès le recrutement du bénéficiaire alors que le montant, déplore-t-on, est censé compenser les désagréments liés à la mobilité réduite et aux besoins spécifiques de ces personnes nécessitant plus de dépenses.  Dans ce sens, beaucoup d’handicapés pensent qu’il est judicieux de revoir le caractère de cette pension revêtant actuellement une couleur sociale, alors qu’elle devrait être à titre de compensation.  Enfin, en matière d’insertion professionnelle, le tableau est encore plus sombre. A ce titre, un handicapé de la région de Seddouk tient à dénoncer haut et fort le non respect par certains employeurs des clauses stipulant l’obligation de recrutement des travailleurs handicapés à hauteur de 1%. « Des employeurs indélicats prétextent toujours préférer verser une indemnité aux fonds de la solidarité que de recourir à des employés handicapés, pourtant compétents, et dont l’invalidité ne nuit nullement au poste à pourvoir », s’insurge notre interlocuteur, qui voit dans ces pratiques une « discrimination éhontée».

N. Maouche

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