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Fête de la Saint-Valentin (14 février) : Message universel d'amour et d'amitié

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Les derniers poèmes, sur l'amour et non d'amour, contenus dans le dernier album d'Aït Menguellet, Isefra, montre un itinéraire et un destin bien curieux de cette flamme qui ronge l'être humain depuis sa tendre jeunesse.

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Après des dizaines de chansons dédiées à la relation sentimentale et aux tourments de l’amour, avec une poésie et un style novateurs, Lounis interpelle l’amour dès l’âge de 33 ans pour l’interroger sur la « bifurcation » que le temps a imposée à l’un, le poète, et à l’autre, l’amour, faisant que chacun finit par prendre son chemin. C’était dans l’album Ammi: « Amour, dis-mois pourquoi m’as-tu abandonné à la croisée des chemins? » Aït Menguellet décrivit cette image de quelqu’un qui cherche un lièvre poussiéreux dans une vieille armoire; le livre d’amour. Il dira, dans le corps du poème, que l’amour reste et que les hommes passent. L’œuvre du temps ne se verra que sur les hommes, tandis que l’amour reste au-dessus des contingences. Mais, disparaît-il à jamais dans le cœur des hommes? « Ce n’est pas dans une tombe de terre que je t’inhumerai, mais dans mon cœur ». Donc, sans doute, l’amour ne fait que changer sa manière de s’exprimer. Il est là avec nous, jusqu’au dernier souffle. Dans son dernier album, Aït Menguellet le dit si bien:

« J’ai vu passer l’amour, Cherchant un artiste.Il cherche quelqu’un qui soit encore disposé à composer des vers à son hommage. 

Je lui dis: -Tu trouves en moi l’homme idéal;

Nul besoin de continuer ta quête.

Je suis de ceux qui te connaissent bien.

As-tu entendu parler de moi? 

C’est moi qui ai fait monter ton nom jusqu’aux étoiles du firmament ». 

32 ans après la chanson Tayri, contenue dans l’album Ammi, le poète ne cesse de nous faire voir cette relation équivoque, faite d’attraction-répulsion, entre l’homme et l’amour. Pour faire la relation avec la mythologie grecque, c’est toujours ce couple Éros/Thanatos (amour/mort) qui prend l’homme dans ses mâchoires, lui donnant des humeurs contradictoires. Le premier lui donne des ailes, insuffle en lui le goût du travail et de l’expression corporelle et verbale, comme il lui fait aimer les hommes et les femmes de son entourage; le second instille en lui la bile, le « mauvais sans », le désespoir. Le triomphe de l’amour, c’est ce qui est voulu et décidé à travers la fête de la Saint-Valentin, célébrée par les jeunes le 14 février de chaque année. 

Nous reproduisons, à l’occasion de cette fête, ce texte que nous avions produit il y a deux ans sur le même sujet. 

En kabyle dans le texte

Fête païenne de l’amour et de l’amitié que l’Église catholique a fini par faire sienne en désignant un saint du nom de Valentin comme « patron des couples », la Saint-Valentin a tendance à se populariser à travers le monde et être bien socialisée par les jeunes Algériens. Au cours de ces dernières années, les échanges de cadeaux et de  »billets doux » sont devenus réguliers à chaque échéance du 14 février. L’on ne s’encombre guère d’explications pour chercher l’origine d’une journée dédiée aux élans du cœur; pourvu que la fête y soit. Le panel d’opinions, que la radio chaîne II a pu faire connaître via une émission animée par Khedidja Chikhi, sur la fête de la Saint-Valentin à ses auditeurs, mardi dernier, relève une compréhensible divergence d’avis sur cette fête célébrée le 14 février de chaque année dans plusieurs pays du monde. Néanmoins, l’expression de la différence demeure dans les limites de la tolérance et du respect, contrairement aux anathèmes habituels émanant d’une certaine presse qui relie la culture et l’esprit intégristes. Sans chercher, donc, à remettre en cause un  »rituel » venu d’ailleurs, ni à culpabiliser ceux qui en font un moment de réjouissance et de divertissement, avec des épanchements sentimentaux ou affectifs- d’autant plus qu’une telle célébration ne dérange en rien notre culture ni n’affecte la quiétude publique-, il est toujours intéressant de creuser dans notre culture, particulièrement la poésie chantée- pour prendre connaissance de la littérature sentimentale kabyle qui porte, elle aussi naturellement, ce message œcuménique de l’humanité celui de l’amour et de l’amitié. « Mon amour est mort, comme une braise s’éteignant dans l’eau », chantait Malika Domrane. « Amour, dis-moi pourquoi m’as-tu abandonné à la croisée des chemins »?, interrogeait un « être » aux contours flous, dans une belle prosopopée de Lounis Aït Menguellet. On peut multiplier à l’envi les exemples de descriptions, d’interjections, d’exclamations relatives à un objet et une situation que l’on arrive mal à définir. Que ce soit en Occident ou en Orient, le mythe de l’amour parfait a nourri l’imaginaire des hommes et des femmes. La communion dans l’amour- platonique ou charnel- constitue une forme, sans doute la plus achevée, de l’instinct de conservation, de la lutte pour le triomphe de la vie sur le néant. La mythologie grecque a bien introduit dans l’homme le principe de la lutte éternelle entre Éros et Thanatos (respectivement, dieu de l’amour et dieu de la mort). Tous les éléments de la nature sont invoqués par les poètes pour décrire les sentiments de beauté les palpitations du cœur, les sensations de la transe amoureuse et les élans irrépressibles de l’âme vers l’âme sœur. C’est à se demander s’il y aurait eu poésie tout court s’il n’y avait pas l’amour. Néanmoins, ce qui a le plus alimenté la littérature- et particulièrement le genre le plus subtil et le plus éthéré de celle-ci-, ce n’est pas tant l’amour idéal, parfait ou réalisé mais c’est plutôt les peines des voies qui y mènent, les épines reçues en cours de route, les attentes infinies, les espoirs hypothétiques, les désillusions, les désenchantements et les séparations. En bref, c’est le ‘’non amour’’ qui nourrit l’écrit et le dit, l’imaginé et l’imagé du domaine amoureux. Il s’ensuit que les meilleures allégories lui sont consacrées, les plus subtiles métaphores lui sont destinées et les plus répandus des tropes lui sont réservés. À tel point que l’on peut se demander s’il y aurait eu toute cette floraison de billets doux, de strophes languissantes et de vers émouvants si Roméo a convolé en justes noces avec Juliette, si Tristan et Iseult avaient achevé leur aventure, si Qaïs et Leila avaient emménagé si le poète andalou Ibn Zeydoun avait à ses côtés Wallada, si May Ziada avait pu rejoindre Khalil Gibrane à New York, si Paul était arrivé à bon port sur l’île Maurice pour revoir Virginie et si Kateb avait eu Nedjma sous son toit. Depuis les récits bibliques (entre autres Le Cantique des cantiques) jusqu’au best-seller américain Love Story d’Erich Segal, en passant par la poésie et les contes de Victor Hugo, Lamartine, Gérard de Nerval, Les Milles et une nuits, la poésie andalouse (Mouwachahat), les Izli de Kabylie, les vers Hawfi, les chansons de Abdelhalim Hafez, El Hasnaoui, Aït Menguellet et Matoub Lounès, l’amour est presque toujours dit et chanté dans ses contrariétés, ses contraintes, ses angoisses, ses tourments, ses aspects inaboutis et ses élans irréalisés. La chanson kabyle a su trouver sa voie dans le juste milieu par rapport à l’héritage de la poésie jugée marginale des Izli- où l’expression libertaire trouve son terrain de prédilection- et le moralisme (rigorisme ?) ambiant de la société confinant à l’étouffement. Depuis les années cinquante, la chanson d’amour a, peu à peu, imposé sa présence sur la scène artistique. Elle eut affaire à un double défi : casser les tabous du rigorisme social tout en s’efforçant d’élever le niveau du texte de façon à susciter compréhension et adhésion du public. La thématique de l’amour sera d’autant plus enrichie que ce même rigorisme servira quelque part de moteur et de réservoir d’idées puisqu’il empêchait l’expression de l’amour. El Hasnaoui, Taleb Rabah, Cherif Khedam, Allaoua Zerrouki et bien d’autres chanteurs annonçaient déjà les belles envolées de Youcef Abjaoui, les textes révolutionnaires d’Aït Menguellet, les strophes impétueuses de Matoub et les productions qui feront de la chanson kabyle, à partir du milieu des années 70 du siècle dernier, l’expression des sentiments et des aspirations individuelles ainsi que le tremplin et le réceptacle des problèmes et des espoirs de toute la société. Cherif Kheddam a écrit et chanté des dizaines de textes traitant de l’amour, des sentiments et de la beauté. Il a su allier les éléments de la nature avec les traits de la beauté féminine. Ses métaphores et ses paraboles ont su transmettre le message du cœur épris de la femme, de l’âme tourmentée par les aléas de l’attachement problématique et des relations impossibles. Ghef l’hub tsbaîdegh, Mannagh ak-m saûgh d ldjar, Thin Ihadjène et l’inénarrable A-Lemri traduit par Tahar Djaout quelques mois avant son assassinat, et publié dans l’hebdomadaire Ruptures, sont les quelques morceaux d’un florilège qui s’étend sur cinquante ans d’une carrière bien remplie. Matoub, quant à lui, dans une fougue exceptionnelle que traduit la violence du verbe, aborde la relation avec la femme aimée dans un climat de tension où ne manquent ni ‘’guerre’’ psychologique, ni défi d’amour-propre à relever. Mais, à bien y réfléchir- dans un domaine qui se plie mal à la réflexion raisonnée-, cette impétuosité traduirait une sensibilité à fleur de peau, laquelle, dans ses excès irrépressibles, retourne contre elle-même la colère d’un destin sentimental inabouti.

Amar Naït Messaoud 

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