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19 mars, fête de la Victoire : Que le silence prenne fin !

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Cinquante-trois ans après l’indépendance du pays- obtenue après de lourds sacrifices, et non « donnée par le général De Gaulle », comme l’a déclaré par un lapsus révélateur, il y a quelques mois, un homme politique d’appareil-, l’Algérie cherche encore ses repères dans le maquis des dates, des témoignages, des récits, des contre-récits et du prolongement des valeurs d’un combat héroïque dans le présent de sa jeunesse d’aujourd’hui. Une jeunesse à laquelle, il y a quelques années, il était difficile, voire tabou, d’apprendre le nom du chef de la délégation du FLN, Krim Belkacem, qui a signé les Accords d’Évian par lesquels est déclaré le cessez-le-feu du 19 mars 1962. Le nom de Krim Belkacem était ostracisé jusqu’à un passé récent. On a voulu faire perdre ce nom dans les mémoires, comme on a liquidé son corps en terre étrangère quelques années après l’Indépendance. Un autre déni historique qui se rajoute à celui de Abane Ramdane, grand stratège de la révolution assassiné par ses frères d’armes quelques mois après avoir montré tout son engagement et toute sa compétence, en organisant le congrès de la Soummam. « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu! », comme le criait dans son éponyme l’ancien officier de l’ALN, Bessaoud Mohand Arab dès 1963. Il fut un temps où même la date du 19 mars était passée sous silence, car les accords d’Évian étant signés par d’autres personnes que celles qui allaient prendre le pouvoir politique après l’été de la discorde, celui de 1962. L’importance de cette date dépasse largement la symbolique dans laquelle on a voulu l’enfermer. Fête de la Victoire, elle l’est sous tous les plans. L’accord de cessez-le-feu, préfigurant un référendum dont le résultat- l’autodétermination- était connu d’avance aussi bien par la puissance coloniale que par les Algériens, n’est pas un simple armistice sans prolongement politique. Ce n’est pas un simple « repos de guerrier » ou de cessation de combat faute de combattants. C’est le résultat d’un processus où la puissance coloniale s’est trouvée militairement et économiquement épuisée par l’effort de guerre, et politiquement acculée par la communauté internationale grâce à l’action diplomatique de l’Algérie combattante. On sait ce que la rage de l’après 19 mars a engendré comme politique de la terre brûlée par les hommes de l’OAS. Apparemment, pour une partie de la génération des Français de l’époque, le combat continue. Pour preuve, la dernière manifestation incongrue du maire de Bézier, Robert Ménard, lorsqu’il a donné il y a quelques jours, à une rue de sa ville, portant le nom de « la rue du 19 mars », le nom d’un ancien de l’OAS, le commandant Denoix de Saint Marc. Il est vrai que les choses ne se sont pas passées dans le calme. Ce qui nous importe, en Algérie, c’est moins les croassements de certains nostalgiques de l’ancienne métropole que l’ « amuïssement » ou le silence inquiétant régnant dans les esprits, les manuels scolaires et les médias à propos non seulement du 19 mars, mais de bien d’autres étapes, dates et personnages de notre glorieuse histoire. Que le silence prenne fin et que la mémoire nourrisse la conduite d’aujourd’hui et les ambitions de demain.

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Amar Naït Messaoud

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