«La filière va mal !»

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Des centaines d’agriculteurs, venus de dix-sept wilayas et répondant à l’appel du Conseil régional interprofessionnel de la filière Lait, ont battu le pavé, avant-hier, à Tizi-Ouzou, pour crier leur désarroi et demander un développement harmonieux de la filière.

Après un rassemblement devant le stade 1er novembre, la procession, précédée par des animaux d’élevages (deux vaches, une chèvre et un âne) symbolisant la profession, s’est ébranlée en direction de la cité administrative, après être passée devant le siège de l’APW de Tizi-Ouzou, où ils ont observé une halte et dit d’une seule voix «Non au salon de l’agriculture !» censé s’ouvrir fin mars. Les protestataires brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «Ensemble pour un développement harmonieux de la filière lait» et «Halte à la spéculation et au tarissement du cheptel bovin laitier». Par petits groupes, les représentants des wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira, Batna, Relizane, Sétif, Béjaïa, Blida, Msila, Mila, Skikda, Boussâada, Boumerdès, Djelfa, Bordj Bou Arreridj, Jijel, Alger et Laghouat  avançaient dans le calme avec des pas assurés et déterminés. Cette action de grande envergure qui a donc ressemblé pas moins de 17 wilayas du pays avait été décidée lors de la première réunion du bureau du conseil régional interprofessionnel de la filière lait, le 12 mars dernier, et baptisée par ses organisateurs ’’En marche pour le développement’’. «Nous, agriculteurs, éleveurs et exploitants agricoles ruraux et de montagnes de l’Algérie entière, interpellons les plus hautes autorités du pays, pour une prise en charge participative et responsable de notre activité», lit-on dans la déclaration qui nous a été remise par les protestataires. Les signataires dudit document exigent la dissolution des conseils d’administrations des chambres d’agriculture locales et nationale, dont les présidents et les membres sont jugés illégitimes, la rectification des dispositions du décret exécutif N° 10.214 fixant le statut des chambres d’agriculture, particulièrement l’article 53, et la rénovation de l’ensemble du circuit agricole par la réorganisation fondamentale de la profession. «Les éleveurs producteurs de lait, laissés-pour-compte dans les montagnes et les zones rurales, abandonnés à leur sort, condamnés dans leurs fermes er exploitations à traire des chiffres et battre les statistiques, constituent le poumon de l’industrie lourde hors hydrocarbures au seuil de l’agonie», lit-on. Les rédacteurs de la déclaration poursuivent : «Il est donc nécessaire et urgent de prendre en considération la valorisation durable de l’activité d’élevage bovin et l’agriculture de montagnes par une organisation réfléchie et l’abolition de l’esclavage moderne et la Hogra…». Le président du conseil régional interprofessionnel de la filière lait (CRIL) pôle de Tizi-Ouzou, M. Rabah Ouguemat, nous déclarera : «Nous sommes venus remettre une plateforme de revendications au wali qui la remettra à qui de droit, à savoir le Premier ministre, à qui nous demandons, entre autres, de nous accorder une audience…». Concernant le salon de l’agriculture, initié par l’APW de Tizi-Ouzou, annoncé pour la fin du mois en cours et contesté par les agriculteurs, il dira : «Les agriculteurs sont en détresse. Nous demandons à ce que ce Salon de l’agriculture soit reporté jusqu’à ce que la situation de la profession s’améliore. En attendant, toutes les activités liées à l’agriculture sont gelées jusqu’à nouvel ordre.

Karima Talis

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