«Aït Zaim manque encore de tout»

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Pour arriver à ce grand village d’Aït Zaim, dans la commune de Maâtkas, il faut emprunter, à partir du chef-lieu communal, une route qui ne cesse de descendre sur près de 4 kilomètres. Cette étroite route en mauvais état présente des virages dangereux, et les croisements sont périlleux par endroits. Tout véhicule doit marquer l’arrêt pour céder le passage à celui venant en sens inverse.

Ce grand village totalise 5 500 habitants, à en croire les déclarations du président de son comité M. Amini Slimane, un homme frisant la soixantaine et père d’une famille de 7 enfants. Il est à la tête du comité de village depuis 18 ans. «Cela fait 18 ans que je suis président du comité. Je ne suis pas fatigué et j’entends poursuivre mon travail au bénéfice de notre village, sans rien demander en échange et sans jamais baisser les bras pour rendre service à mes frères. Ma satisfaction, c’est de voir les habitants de mon village vivre dans le respect, la quiétude et l’entraide. Ma récompense me vient du ciel. Mes 7 enfants sont tous, aujourd’hui, des hommes et des femmes instruits et travailleurs, El hamdoulilah», dira-t-il. Questionné à propos de l’organisation du comité Dda Slimane répondra : «Notre comité se compose de 18 membres, ils sont tous volontaires et représentent leur adhrum (hameau). Nous nous réunissons à raison de deux fois par semaine et parfois plus si la situation l’impose. Nous nous occupons de régler les différends entre citoyens, nous nous occupons de la vie villageoise et nous sollicitons les autorités pour la prise en charge des préoccupations des citoyens lorsqu’elles dépassent les moyens de notre comité». Concernant le cadre de vie dans le village, notre interlocuteur signalera plusieurs carences et plusieurs manques.

«L’assainissement est partiel»

Les divers réseaux dans le village laissent à désirer, à commencer par le réseau d’assainissement qui n’est pas encore généralisé. Notre interlocuteur signalera à ce sujet : «Nous disposons d’un réseau d’assainissement mais beaucoup d’habitations, notamment les nouvelles et les habitations éparses, continuent encore d’utiliser des fosses septiques ou à recourir au rejet à ciel ouvert. Mais le plus grand danger nous vient essentiellement du lieu Ighzer Ughilas qui reçoit toutes les eaux usées d’une partie du chef-lieu et du village. Deux bassins de décantations ont été réalisés il y a de cela 8 ans, mais comme ils ne sont pas entretenus et jamais nettoyés, ils ont fini par déborder. Actuellement, les eaux usées coulent à ciel ouvert. Ils sont à l’origine de désagréments regrettables. Ce lieu, autrefois connu pour être un véritable verger de cerisiers, d’oliviers et de figuiers, est aujourd’hui sévèrement pollué et abandonné par les propriétaires qui n’osent plus s’y rendre. Les responsables concernés sont invités à prendre en charge ce point de chute des eaux usées pour éviter ce chaos. Nettoyer les bassins existant ou réaliser une station d’épuration fera beaucoup de bien à notre communauté et ne ruinera pas les caisses de l’État». Sur un autre sujet, à savoir celui de l’eau potable, M. Amini déplorera : «Chez nous, l’eau est toujours rationnée. L’eau n’est lâchée qu’à raison de 2 ou 3 fois par semaine et en nocturne. En été nous vivons parfois sans eau pendant plusieurs jours. Le quartier Taouint, regroupant une quinzaine d’habitations, n’est alimenté que par une conduite de dimension 15/21. C’est vous dire que l’eau ne parvient qu’à quelques habitations. Une conduite plus importante est tout indiquée pour permettre aux habitants d’avoir l’eau». Pour ce qui est de l’électricité le président du comité signalera : «Notre village est alimenté par 4 petits transformateurs. Les chutes de tension sont récurrentes et les coupures fréquentes surtout aux heures de surconsommation. Nous avons aussi une cinquantaine d’habitations éparses qui ne bénéficient pas encore du raccordement. Nous appelons les responsables du secteur à nous inscrire un poste maçonné pour mettre un terme à ces chutes de tension et réaliser l’extension du réseau au profit des nouvelles habitations». Sur un autre registre, à savoir celui du gaz naturel, il dira que le réseau est pratiquement achevé mais la mise en service tarde à cause de l’opposition des villageois d’Agouni Boufal et d’Ait Izid dans la commune de Souk El Tenine. Toutefois, il subsiste encore des foyers omis qu’il faut prendre en charge.

«Le réseau routier dégradé»

Concernant le réseau routier, son état n’est pas satisfaisant. «Il est dégradé dans sa globalité. Les différents travaux entrepris et les fuites du réseau de l’AEP ont été à l’origine de son délabrement. Le projet de la réfection du réseau de l’AEP risque d’aggraver son état et de retarder son revêtement mais il faut toutefois procéder à des réparations pour permettre aux automobilistes de circuler sans grand risque», soulignera-t-il. Selon toujours notre interlocuteur, le chemin menant vers l’école primaire de Zelibou et du lycée portant le même nom est chaotique. La première tranche de cette route a été prise en charge mais la seconde tranche s’étalant sur plus de 400 mètres est impraticable. La route menant vers l’école primaire sise en aval du village n’est que bétonnée et après le passage des conduites de gaz, elle est endommagée à l’excès. Concernant les pistes agricoles de Marouane, Thikhrivine et Boudhemoun, elles nécessitent des travaux d’aménagement pour les rendre carrossables. «Nous appelons les responsables concernés à faire le nécessaire pour redorer le blason de notre réseau routier», appellera M. Amini. Il est à signaler que la route vers l’école primaire en aval du village est très dangereuse, non seulement son bétonnage est jalonné de sillons, mais elle est si étroite que les croisements ne sont pas possibles. Sachant que cette route est en pente raide et fréquentée par de nombreux écoliers, il convient de l’élargir et de la revêtir pour éviter qu’un drame ne se produise. Concernant le réseau de la téléphonie fixe, le village ne dispose d’aucune ligne. L’Internet est donc indisponible. Les internautes sont obligés de se rendre au chef-lieu communal pour se connecter et là aussi la qualité de la connexion est des plus lentes. Le haut débit ce n’est pas encore pour Maâtkas.

«Ni aire de jeux, ni salle de sport»

Hormis le grand centre culturel sis à El Djama Bwemghith, un projet de 3 étages construit par les villageois eux-mêmes et le foyer en construction par le comité de village, l’État n’a rien entrepris de ce côté. « Nous avons pris conscience que l’Etat est absent, alors nous avons dû compter sur nos propres moyens. Ce grand centre est construit par les villageois. Aucun sou de l’Etat n’est dépensé pour sa réalisation. Nous avons préféré faire fi des fêtes ancestrales comme Timechret pour placer notre argent dans l’édification de ce centre qui sert à tous les villageois. Toutefois, l’APW de Tizi-Ouzou nous a accordé un montant de 200 millions pour son achèvement. Nous sommes en train aussi de construire un autre foyer de jeunes en vue de permettre à notre progéniture d’apprendre un métier comme la couture, la coiffure et l’informatique. Nous allons également saisir l’APW pour nous attribuer un autre montant pour concrétiser ce projet. Actuellement, nous avons déjà une équipe de jeunes qui pratiquent les jeux d’échecs et une petite salle de lecture», dira Dda Slimane. Concernant le sport, c’est le désert. Aucun stade et aucune salle de sport n’est disponible. Rappelons aussi que par ici, aucune unité de soins, aucun bureau de poste, aucune antenne de mairie n’est disponible. Les citoyens sont toujours dans l’obligation de se rendre au chef-lieu. «Nous comprenons et acceptons l’indisponibilité d’une antenne de mairie et de bureau de poste mais une unité de soins est indispensable. Les malades et les vieilles personnes méritent quand même de bénéficier de la proximité des soins au moins élémentaires. Pour une simple injection, nos vieux doivent se rendre au chef-lieu, ce n’est pas tolérable après plus de 50 ans d’indépendance. Nous appelons les autorités sanitaires à nous inscrire une petite salle de soins», appellera le président du comité de village d’Aït Zaim.

Hocine T.

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