Tizi-Gheniff se souvient

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La daïra de Tizi-Gheniff commémore hier et aujourd’hui, le 58e anniversaire de la mort d’un des héros de la révolution et non moins premier chef de la wilaya VI historique. En effet, c’est le 31 mars 1957 qu’est tombé au champ d’honneur, à Derrague (ex Letourneau) celui qui fut l’un des premiers artisans de la grande révolution. « Le colonel Si Chérif qui arriva en ce temps-là à la région de Derrague (ex Letourneau), n’était accompagné que de son secrétaire Moussa et d’un agent de liaison, un certain Mellal Ali. Ainsi, l’odieuse tâche des dissidents allait s’en trouver facilitée .En effet, au crépuscule du 31 mars 1957, le colonel Si Chérif ainsi que ses deux compagnons allaient être les premières victimes d’une conspiration qui s’avéra longue » raconte M. Hamoud Chaid dit Abderrahmane dans son ouvrage « Sans haine, ni passion », paru chez les éditions « Dahleb » en 1992 et qui avait directement servi sous les ordres du colonel Ali Mellah, en wilaya VI et qu’il avait élevé au grade d’officier. Ainsi, l’armée française avec toutes  ses expériences acquises  dans les nombreuses guerres qu’elles avaient eu à subir ou plus souvent fait subir dont sa dernière remontait à sa défaite face au vietnamiens, dans la célèbre bataille de Dien Bien Phu, au Tonkin, qui se déroula du 20 novembre 1953 au 7 mai 1954, ses services spéciaux n’avaient trouvé comme meilleure stratégie pour venir à bout de ce premier chef de la wilaya VI que de l’avoir par traîtrise alors qu’ils avaient toutes les peines du monde à atteindre leur objectif sur le terrain malgré leur supériorité en hommes et en matériels car le colonel « Si Chérif » était dans son élément, comme un poisson dans son eau, au milieu d’une population acquise à la cause nationale, prête à aller au sacrifice suprême afin de se libérer du joug colonial. La décision de la création de la wilaya VI et de la nomination d’Ali Mellah à sa tête, avec le grade de colonel a été prise lors du congrès de la Soummam, le 2O août 1956. Cette décision de placer un homme tel Ali Mellah comme premier chef de cette nouvelle wilaya n’a pas été prise au hasard par les congressistes d’autant plus qu’ils avaient mûrement réfléchi à tous les problèmes auxquels doit faire face ce nouveau chef qui doit de surcroît implanter l’armée de libération nationale (ALN) ainsi que le front de libération nationale comme son organisation politique alors que le terrain ne s’y prête guère. « Si Chérif fut le chef de notre Kasma à une époque. La Kasma couvrait un vaste territoire qui regroupait des dizaines de villages alentour. Il avait participé à l’attentat manqué du caïd Dahmoune des Ait Yahia Moussa par Krim Belkacem. Ils étaient entrés ensemble dans la clandestinité. Il était lettré en arabe et savait parler aux gens de sa voix basse mais convaincante avec force citations du Coran ou de poètes célèbres » écrivait feu Ali Zamoum dans ses mémoires d’un survivant « Tamurt Imazighen » paru chez ENAL-Rahma en 1996. « Le colonel Ali Mellah était un homme de cœur. Bon, généreux et sensible. Il était aussi un excellent orateur. Il saisissait chaque occasion au cours de ses déplacements pour réunir les moudjahidine et leur donner des conférences d’orientation politique et religieuse » abonde pour sa part M.Chaid Hamoud dit Abderrahmane. Donc, en plus de ses qualités humaines, de sa maîtrise de la langue arabe, il a de grandes connaissances dans le domaine religieux. Etant élevé par son père, imam, il reçut une éducation basée sur les principes de l’islam avant de fréquenter, plus tard, les écoles coraniques et les zaouïas de la région. « Le colonel Ali Mellah dit Si Chérif était d’origine modeste, son père était imam à Taka du douar M’Kira. Né le 14 février 1924 à M’Kira, il reçut de son père une éducation arabo-islamique et fréquenta les écoles coraniques et les zaouias. A l’âge de 21 ans, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) tout en gagnant sa vie dans le négoce des tissus. Ce qui lui permit  non seulement de beaucoup voyager, de rencontrer des gens de différents horizons mais surtout de tisser des liens solides avec ceux avec lesquelles il partageait les idées libératrices. Outre qu’il est appelé à assumer des responsabilités au sein de sa formation politique, il se heurtera la première fois à l’administration coloniale, à l’occasion de la campagne électorale à laquelle il prit part en faveur du MTLD. « Durant toute la journée du vote, Ali Mellah, Krim Belkacem et Ouamrane étaient campés en face de l’école de Tighilt-Oukerrouche (M’Kira) sur le flanc de la colline d’en face et le soir, à la fin du scrutin, les trois se mirent à tirer des coups de feu en l’air faisant trembler les gendarmes qui étaient dans ce centre de vote », racontent les gens de M’Kira qui connaissaient déjà l’existence de ces maquisards que l’administration coloniale avait surnommé « Imenfane ». Pour cette commémoration 2015, la daïra de Tizi-Gheniff avec ses communes de M’Kira et du chef-lieu ont prévu un rassemblement et un dépôt d’une gerbe de fleurs au niveau de la stèle érigée à sa mémoire à Tizi-Gheniff comme il est prévu également, à cette occasion de l’organisation d’un grand tournoi de Kick Boxing au complexe sportif communal avec la participation des autorités locales et wilayales.

Essaid Mouas

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