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Béjaïa : Installés en bordure des routes : Ces relais routiers de l’arnaque

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Tout le long des routes à travers le territoire national, il existe différents types de relais routiers, et ils sont nombreux. En traversant la Kabylie, et quel que soit le chemin qu’on prend, il est impossible de ne pas les remarquer.

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Qu’ils s’appellent «Relais Routier», «Pause-café» ou «Restaurant Familial», ils ont tous la même fonction, fournir un moment de repos et de détente pour les voyageurs. Ainsi, la route menant à Alger au départ de Béjaïa, en traversant Bouira, est jalonnée de cafés, bars et restaurants proposant de fournir du café et de la nourriture, ainsi qu’un point d’eau, permettant de se soulager et de se rafraîchir. C’est aussi le cas de la route passant par El Kseur, Yakouren et Azazga, à destination de Tizi-Ouzou. Sans parler de la route du littoral menant de Béjaïa à Azeffoun qui est particulièrement plus fréquentée durant la saison estivale. Oui, mais voilà ! Certains de ces relais routiers, même logés dans des bâtiments avec enseigne et registre de commerce, proposent, pour la plupart, des services de médiocre qualité. «Les conditions sanitaires sont plus que déplorables. Les points d’eau dégagent des odeurs insupportables, et les toilettes/WC sont dans un état d’insalubrité avancée. Comble d’ironie, ils proposent juste à côté des salles de prière», peste un voyageur de Béjaïa accosté au niveau d’un «relais routier» à Bouira.

La restauration est souvent risquée. Les plats saucés contiennent des ingrédients douteux, et les fritures sont baignées dans des huiles périmées, maintes fois utilisées. Seules les grillades semblent échapper à cette logique, puisque tout est brûlé à la cuisson, avons-nous constaté. A condition que dès l’origine, la viande ainsi cuite ait subi les vérifications vétérinaires réglementaires et validée en bonne et due forme. Les ustensiles et la vaisselle utilisés sont parfois gras, mal lavés. Il faut, avant de les utiliser, les essuyer avec les serviettes en papier. Les couteaux, les fourchettes et les verres doivent être préalablement vérifiés par les clients avant usage, pour seulement essayer de diminuer les risques d’intoxication alimentaire. Ne parlons pas des petites bestioles qui se baladent sur les murs, et parfois même directement sur les tables. Celles-ci sont mal essuyées. Certains restaurateurs se contentent de mettre une sorte de nappe en papier pour couvrir les tables qui ne sont nettoyées qu’occasionnellement. Les chaises, quand elles sont neuves ou solides, doivent être essuyées par les clients, pour les débarrasser des miettes de pain et de morceaux de nourritures qui sont tombés dessus. 

Quant aux prix pratiqués, l’anarchie est totale. Un café coûte entre vingt et trente dinars. Une bouteille d’eau, petit format, est à trente dinars, tandis que celle d’un litre et demi est à cinquante dinars, voire même plus. Les limonades et autres jus de fruits frisent les soixante-dix dinars, pour les bouteilles de vingt-cinq ou trente-trois centilitres… Les plats sont facturés au minimum au double de leur prix normal… Les aires de stationnement ne sont que rarement cimentées ou goudronnées, et les conditions minimales de sécurité ne sont pas garanties. Pas de barrières de sécurité ni de panneaux indicateurs. Situés aux bords des routes, ces relais ne représentent qu’une illusion d’aire de repos, exposant les clients à toutes sortes de dangers. 

Plusieurs transporteurs, nous dit-on, sont «conventionnés» avec les propriétaires de ces relais. Ils approvisionnent en clientèle ces commerces et bénéficieraient de ristournes pour services rendus. C’est ce qui explique les raisons pour lesquelles certains chauffeurs d’autobus choisissent certains relais plutôt que d’autres, et ce, contre toute logique et bon sens. Ces relais routiers, sont-ils réglementés ? Sont-ils contrôlés par les services d’hygiène et de Protection civile ? Répondent-ils à des critères précis de salubrité et de sécurité avant de recevoir l’autorisation d’exercer ? Y aurait-il un cahier des charges précisant les conditions de travail et de commercialisation de leurs produits ? Comment expliquer la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent, avec les conséquences inévitables sur la santé de leurs clients ! Ces clients sont malheureusement occasionnels et de passage. Ce qui explique pourquoi ils ne portent pas plainte, après qu’ils aient attrapées quelque maladie. Et ils ne pourront de toutes les façons pas prouver que leur intoxication alimentaire a été causée par ce qu’ils auraient pris dans l’un de ces restaurants. N’en parlons pas de la qualité de l’accueil des clients par un personnel totalement étranger au métier de la restauration, sans formation ni qualification. Avec des blouses sales, sans calottes sur la tête ni gants propres, ils ne donnent aucune considération et ne montrent aucun respect aux clients. Les directions de commerce des wilayas seraient bien inspirées de diligenter des inspections et de procéder à la fermeture de quelques étables, pour ne pas parler de porcheries que représente un certain nombre de ces établissements, avant que des catastrophes aux conséquences incalculables n’arrivent.

Il faudrait peut-être aussi penser à créer des associations de voyageurs qui pourraient répertorier ces endroits et dénoncer ces arnaqueurs, en dressant des listes régulièrement mises à jour des lieux de restauration et de détente sur les routes de l’Algérie. Car cette situation n’est pas propre à la Kabylie. N’a-t-on pas, à plusieurs reprises, dénoncé l’utilisation de viandes avariées, de jus de fruits périmés et de poulets puants ?… Heureusement que certains de ces relais font exception. Pour les habitués des voyages, il est important de les découvrir rapidement pour ne pas tomber dans l’escarcelle des réseaux de petites mafias, d’arnaqueurs en toutes sortes. C’est en effet un plaisir que de descendre, sans citer leurs noms, de certains relais de Yakouren, d’Azazga et d’Adekar, ainsi que deux ou trois autres situés entre Tazmalt et Bouira.

    N. Si Yani 

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