«Notre peine, c’est la crise qui secoue l’APC»

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Aït Khelifa Akli est le responsable du bureau de Seddouk de l’organisation nationale des enfants de chouhada. Ce responsable est aidé dans sa tâche par une équipe dynamique qui active à longueur d’année pour la préservation du patrimoine immatériel et vestiges historiques. Nous l’avons sollicité à l'occasion du 5 juillet pour un entretien qu’il nous a accordé.

La Dépêche de Kabylie : Pourquoi votre organisation a-t-elle pris l’initiative d’appeler les gens à venir en masse fêter le 5 juillet ?

Aït Khelifa Akli : On estime que l’APC a failli dans sa mission de commémorer comme il se doit les dates historiques, en se limitant uniquement à passer l’hymne national durant la levée des couleurs. Elle ne fait plus entonner les chants patriotiques toute la journée pour rappeler aux gens que le 05 Juillet, le 20 Août, le 01 Novembre ainsi que le 08 Mai ne sont pas des dates ordinaires mais des dates historiques qui symbolisent le combat libérateur mené par le peuple algérien durant la guerre de Libération nationale, où un million cinq cent mille chahids sont morts pour que vive l’Algérie libre et indépendante. On a appelé les gens, à travers les affiches collées un peu partout sur les murs de la ville et des villages, à venir célébrer cet événement et ils ont répondu à notre appel. Vous avez constaté qu’il y avait plus de monde que d’habitude. Sur le programme établi par l’APC, l’ONEC n’y figurait pas. À votre avis, pourquoi a-t-elle fait cela? Pour nous, l’APC agit pour diviser les organisations de la famille révolutionnaire, en associant l’ONM et ignorant l’ONEC. Je lui dirai que c’est peine perdue pour elle, car nous resterons soudés plus que jamais. Elle peut manipuler un moudjahid mais elle ne pourra jamais manipuler tous les moudjahidines qui n’oublieront pas de sitôt d’ailleurs qu’au début de ce mandat, le maire a refusé de les recevoir dans son bureau à trois reprises.

Pourriez-vous nous donner les raisons de votre marginalisation par l’APC ?

Les raisons sont toutes simples. Le bureau de l’ONEC de Seddouk, en constatant que la plupart des espaces existants en ville sont squattés par des gens qui créaient des commerces informels, lesquels naissent d’ailleurs comme des champignons sur les trottoirs et devant la bidonvilisation de la ville de Seddouk, a tiré la sonnette d’alarme en rendant publique une déclaration dans laquelle il a interpelé le maire. Il a même saisi le wali et le ministère de tutelle leur demandant d’agir vite pour mettre un terme au bradage du foncier dans notre commune. En collaboration avec l’organisation nationale des moudjahidines, on a même été reçu par le wali auprès de qui on a insisté à ce que le bradage du foncier n’ait pas lieu dans notre commune. Monsieur le wali de Béjaïa s’est engagé personnellement à veiller à ce qu’aucune concession de terrain ne soit faite en dehors de la voie réglementaire. Pour toutes ces actions que nous estimons louables car les terrains communaux doivent servir en premier lieu pour l’implantation de projets d’utilité publique, l’APC ne cesse de nous marginaliser. Elle nous a refusé de figurer dans le conseil consultatif.

Quel a été le programme que vous aviez concocté pour le 05 juillet ?

Le 18 février passé on a rendu un vibrant hommage aux veuves de chahids en leur remettant des tableaux. Pour ce 5 juillet, fête de l’indépendance et de la jeunesse, et comme c’est le Ramadhan et il fait chaud, nous nous sommes limités à la levée des couleurs au siège de l’APC et au dépôt d’une gerbe de fleurs au cimetière des chouhadas.

Est-ce que vous menez des activités en dehors de la célébration des dates historiques ?

Notre bureau active à longueur d’année. Nous avons saisi l’APC de Seddouk pour la remise à leur place des plaques de rue dont la plupart ont disparu. Force est de constater que l’APC tarde à faire le travail nécessaire. Nous avons aussi saisi l’APC pour recenser l’ensemble des rues et sites à baptiser aux noms de chouhadas, conformément à la réglementation. La ville s’agrandit et de nouvelles rues et placettes sont créées. À présent, elle ne nous a pas informés du travail accompli. Nous avions vraiment couru pour arracher un musée pour la commune de Seddouk, un projet que nous avions pu obtenir. Mais l’APC ne nous donne jamais l’état d’avancement de ce projet de musée comme tout d’ailleurs le projet de la rénovation du cimetière des chouhadas. Pourtant, le maire nous a promis de nous associer dans la faisabilité de ces projets. Nous menons les baptisations d’une douzaine d’édifices publics au nom des chouhadas. À chaque fête historique, nous baptisons un ou deux sites.

Quelles sont vos satisfactions ?

Nos satisfactions sont de voir que beaucoup de villages dans la commune de Seddouk ont construit des stèles de chouhadas pour que nul n’oublie leurs sacrifices. Pour ceux qui n’ont pas encore réalisé de stèles, nous leur dirons que l’ONEC est prête à les aider à le faire. Nous avons prévu aussi de construire des stèles même sur les lieux de combats.

Quelles sont vos peines ?

Notre peine, c’est la crise qui secoue l’APC de Seddouk depuis belle lurette. Notre vœu le plus cher est de voir cette crise réglée au plus vite, car ce sont les citoyens qui en payent les conséquences.

Entretien réalisé par L. Beddar

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