«Le projet a été lancé avant sa maturation»

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C’est vers sept heures du matin que le nouveau wali de Béjaïa, Ould Salah Zitouni, est arrivé sur le chantier du campus universitaire d’El Kseur, hier samedi.

Cette visite d’inspection vient après celle effectuée il y a quelques jours au campus universitaire d’Amizour. L’attention accordée au secteur de l’enseignement supérieur par le wali est donc confirmée. Il avait, lui-même, attiré l’attention de l’assistance sur toute l’importance qu’il accorde au secteur. À Mascara, où il avait été wali durant cinq années, il avait mené à bout le projet de construction de l’université de la ville d’une capacité de huit mille places pédagogiques. Ould Salah Zitouni était accompagné cette fois encore par le recteur de l’université de Béjaïa, le professeur Boualem Saidani. Ils ont été accueillis sur le site par le président de l’APC d’El Kseur, Mustapha Abderkane, dont la commune a été secouée ces derniers jours par un phénomène inédit de Baltagia. Sans doute en ont-ils discuté en aparté. Le wali, cette fois encore, n’est pas entré dans l’enceinte de l’université. Il s’est contenté de discuter avec les bureaux d’études et les entrepreneurs sur la seule base des plans et maquettes qui lui ont été présentés. Après moult questions et remarques, des orientations ont été données afin de dépasser les blocages auxquels fait face le chantier. Ce dernier accuse déjà plus d’une année de retard sur le calendrier initial, et ne sera pas livré avant une autre année. La particularité de ce projet que le wali n’a pas manqué de signaler, c’est le nombre impressionnant d’avenants qui ont été ajoutés aux contrats initiaux. C’est en cours de réalisation qu’on s’est rendu compte des erreurs et des insuffisances de l’étude initiale, basée sur un cahier des charges insuffisamment précis, et qui a causé des ennuis aux entreprises de réalisation. Selon Ould Salah Zitouni, «c’est une preuve que le chantier a été lancé avant sa maturation». Il a donc promis de revenir ultérieurement pour visiter le chantier bloc par bloc et aider à lever les entraves constatées, tout en donnant des orientations pour rectifier les erreurs et corriger les insuffisances. Il est à signaler également que le futur campus universitaire d’El Kseur a été implanté sur une zone agricole, exploitée par une EAC. Celle-ci y a beaucoup investi, en plantations, en forages et en constructions, depuis les années soixante-dix. Ses responsables avaient accepté de libérer les terres moyennant des indemnisations. Mais ces dernières tardent à venir. C’est pourquoi jusque-là ils se sont opposés à la libération de la parcelle qui devrait accueillir le bloc administratif, et où se trouve un hangar consacré à l’élevage. «Pas question de se faire avoir une deuxième fois», ont avancé ces mêmes responsables. «Si l’université veut récupérer le terrain, elle devra convaincre l’administration de tenir ses engagements relatifs aux indemnisations», ont-ils encore soutenu. Et ces propriétaires de l’EAC sont venus sur le chantier pour rencontrer le wali à qui ils ont exposé leurs doléances. Ce dernier s’est montré sensible à la question et il s’est engagé personnellement à régler le problème au plus tôt. La visite a duré environ trois heures, sous un soleil de plomb et en présence de tous les concernés qui, pourtant, n’ont été informés de la visite du wali qu’en dernière minute. Un des responsables concernés nous a avoué qu’il était loin de Béjaïa, dans une fête familiale, quand il a appris la prochaine visite du wali. Il a dû prendre la route à une heure du matin pour être présent à cette visite. Rappelons que le chantier souffre de plusieurs problèmes pour sa réalisation, dont la division en plusieurs petits lots des travaux à effectuer. Ce qui a causé la multiplication des intervenants et d’entreprises de réalisation, sans moyens suffisants, ni expérience avérée. De plus, la question de la main d’œuvre reste récurrente, et les entreprises peinent à trouver des ouvriers qualifiés pour ce genre de travaux. Avec ce quatrième campus, l’université de Béjaïa va pouvoir réellement rivaliser avec les plus grandes d’entre elles au niveau national, renforçant ses compétences et sa réputation établie d’université sérieuse et compétitive. Elle est à l’heure actuelle en partenariat avec plus de soixante-dix organismes nationaux et quelques soixante-quatre universités dans le monde. Elle vient de renouveler la convention signée avec l’université Pierre et Marie Curie à Jussieu en France, permettant aux doctorants des deux universités d’engager des recherches dans l’une ou l’autre, avec reconnaissance officielle du diplôme obtenu par les deux entités. Ainsi, les doctorants de l’université de Béjaïa pourront aller soutenir leur thèse à Jussieu, et ceux de Pierre et Marie Curie pourront également le faire à Béjaïa. C’est dire la considération que cette dernière accorde à l’université de Béjaïa. Cette région est réputée pour ses compétences et l’attrait qu’elle exerce sur le corps enseignant qui vient de toutes parts pour y assurer des cours. Les projets de développement de cette université incluent la vision de la séparation en deux, pour créer deux universités distinctes. Une pour les sciences et la technologie et l’autre pour les sciences sociales et humaines. Dans les prochaines semaines, le campus d’Amizour sera livré aux responsables de l’université pour procéder à l’installation de l’administration, des équipements pédagogiques et des laboratoires de la faculté des sciences exactes avec ses cinq départements : maths, physique, chimie, informatique et recherche opérationnelle, ainsi que de la résidence universitaire. Béjaïa, ville universitaire par excellence, sera alors épaulée par deux nouveaux pôles de qualité : Amizour et El Kseur.

N. Si Yani

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