Des efforts et des manques

Partager

Malgré le manque de moyens et l’absence d’un véritable centre hospitalo-universitaire, le secteur de la santé a pris son essor au niveau de la wilaya de Béjaïa bien qu’il y ait encore quelques insuffisances traduites parfois par l’incompétence ou la négligence des uns et des autres.

Pour avoir une idée sur ce secteur névralgique, nous nous sommes rapprochés des services de la direction de la santé et de la population, où une cellule de communication, composée d’un chef de service et de trois médecins, a donné des explications et a apporté des précisions. Depuis que les deux anciens hôpitaux du chef-lieu de wilaya ont été jumelés en un semblant de CHU, la wilaya de Béjaïa ne dispose plus que de cinq établissements hospitaliers, d’un établissement de rééducation fonctionnelle et de huit établissements de santé de proximité qui gèrent 52 polycliniques et plus de 200 unités de soin. Toutefois, des projets sont en cours de réalisation. Deux hôpitaux de 60 lits chacun, l’un à Tazmalt et l’autre à Souk El-Tenine et un établissement psychiatrique à Oued Ghir. Cela reste insuffisant par rapport à la situation géographique de la wilaya, touristique par excellence, recevant par conséquent des millions de touristes qui doivent trouver, réunies, toutes les conditions pour leur bonne prise en charge y compris dans le volet santé. Mais entre-temps, des efforts ont été déployés à travers des campagnes de dépistage de certaines pathologies, l’instauration d’un registre du cancer, la formation médicale continue et le jumelage avec des établissements hospitaliers de grande envergure. Pour la prise en charge du cancer, il a été décidé de le faire en deux volets. La prévention a été initiée par la direction de la santé sous forme de programme de dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer du sein. Pour le premier, il a été procédé à l’ouverture de trois laboratoires de cytodiagnostic à Béjaïa, Timezrit et Amalou alors que trois autres ouvriront, en août prochain, à Tazmalt, Aokas et El Kseur. Ces derniers permettront la lecture de tous les frottis réalisés au niveau des PMU. À titre d’exemple, pour l’année écoulée, il y a eu 7.000 frottis de réalisés et près de 2.500 pour le premier trimestre de l’année en cours. Pour le cancer du sein, l’activité a été concentrée au niveau du centre d’imagerie de l’hôpital de Sidi Aïch, où deux radiologues ont pu dépister 718 sur les 1.631 femmes qui y ont été orientées. Dans un mois, il y aura un autre appareil au CHU de Béjaïa pour renforcer les capacités de dépistage, apprend-on auprès de nos interlocuteurs. C’est ainsi pour la prévention mais pour la partie chimiothérapie, c’est l’hôpital d’Amizour qui a été chargé de l’opération et, d’ailleurs, il a joué un rôle au niveau régional du fait de l’orientation de patients des autres wilayas limitrophes. La situation s’améliorera, rajoutera notre source, quand le centre anti-cancer prévu dans cette commune sera réalisé et opérationnel. Entre-temps, c’est l’hôpital d’Amizour qui fait face avec, au départ, une douzaine de lits, puis avec 36 lits après extension. Le registre du cancer a été positionné au CHU et la collecte de l’information en la matière, pour laquelle il a été créé a permis de recenser tous les cas de cancer à travers toute la wilaya, même pour ceux traités dans d’autres régions du pays. Le travail a été fait professionnellement, notamment après l’arrivée d’épidémiologistes au CHU de Béjaïa. C’est probablement la raison pour laquelle le registre de cancer de Béjaïa a été classé 3e au niveau de l’Est algérien, ceci malgré sa jeunesse.

Pression sur l’hôpital d’Amizour

Le classement a été fait sur la base du nombre de cas captés et d’autres critères de performance, telle que la fiabilité des données. Ceci a permis de découvrir que la wilaya de Béjaïa compte 36,7 cas de cancer de sein pour 100.000 habitants et 13,9 cas de cancer du poumon pour 100.000 habitants, les deux cancers les plus répandus pour la femme et pour l’homme. En ce qui concerne la couverture sanitaire de la wilaya, sur les 52 polycliniques, 23 fonctionnent nuit et jour et l’objectif est d’arriver à faire de même pour toutes les autres. Toutefois, un maillage sur l’activité en H24 permet, actuellement, de trouver une polyclinique assurant le service de nuit tous les dix kilomètres. La contrainte à l’élargissement de l’activité de nuit à l’ensemble des structures est liée aux ressources humaines, notamment dans le corps médical. Les membres de la cellule de communication ont tenu à souligner que des soins à domicile sont prodigués pour les patients à mobilité réduite avec le déplacement du médecin en sus de l’hospitalisation à domicile, dont le lancement a été fait il y a près d’une quinzaine d’années. La formation médicale continue a fait, également, partie du programme du secteur de la santé lequel a multiplié les rencontres scientifiques encadrées par des spécialistes de haut niveau. D’ailleurs, dans ce sillage, les médecins des urgences ont été formés aux urgences de cardiologie et d’autres ont été formés en hygiène hospitalière au point où chaque structure a son médecin référent en la matière. Les récents jumelages avec les CHU d’Oran et d’Alger ont permis de réduire les listes d’attente des patients devant subir, parfois, de petites opérations chirurgicales. Il est, enfin, utile de signaler le volet maternité qui est dépassé durant la période de grands pics, enregistrée généralement en été avec notamment la prise en charge des parturientes des autres wilayas limitrophes. Pour y pallier, la direction de la santé a programmé l’ouverture de deux pools de garde à Béjaïa et Sidi Aïch et tous les gynécologues exerçant dans toutes les maternités en feront partie aux côtés des chirurgiens qui participeront également dans les cas compliqués où il faut y pratiquer, par exemple, la césarienne. Bien que des efforts aient été déployés pour faire de la région une référence en matière de santé il est nécessaire que les pouvoirs publics prennent de leur côté des décisions politiques pour doter chaque commune ou tout au moins chaque daïra d’un hôpital et la wilaya de son CHU.

A. Gana

Partager