Ramadhan a pris place !

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Le Ramadhan est déjà là. Il intervient en pleine saison chaude, et les jeûneurs feront face à un double défi, résister à la chaleur, la faim et la soif mais aussi à la cherté des produits qui s’est installée depuis plusieurs jours déjà.

Autrefois, Ramadhan était synonyme de piété de prière et de solidarité. C’est justement là l’essence même du Siam. Jeûner pendant un mois, du levé jusqu’au coucher du soleil, c’était pour appliquer un des piliers de la religion musulmane et pour aussi prendre conscience du quotidien et des souffrances des pauvres qui n’arrivent pas à se nourrir à satiété. L’objectif donc est de partager, de se solidariser avec les démunis le reste de l’année et surtout de s’acquitter de son devoir vis-à-vis du créateur. L’annonce du début du jeûne était accueillie dans la joie, même si les gens étaient pauvres. La solidarité et le partage permettaient à tout le monde de jeûner sans trop souffrir. Les croyants se contentaient de peu de choses et arrivaient, quand même, à vivre un mois particulier fait de prière, de solidarité d’enseignement et de joie. Ils prenaient des résolutions et adoptaient de meilleurs comportements pour repartir du bon pied. Aâmi Mouh, un retraité que nous avons questionné à Ouadhias sur le Ramadhan d’autrefois, a déclaré : «tout a changé grâce à la technologie et le progrès. Autrefois, les gens scrutaient le ciel en fin du moi de Chabane pour observer la lune. On se regroupait dans nos villages et on attendait l’apparition du croissant au coucher du soleil. Si tel était le cas, la nouvelle se diffuserait immédiatement par la voix des garçons qui sillonnaient les quartiers du village en criant : demain c’est Ramadhan. On faisait la même chose à la fin du mois pour l’annonce de l’Aïd. Maintenant, tout a changé. Pendant le mois de Ramadhan, les gens se contentaient du minimum : quelques figues, un peu de lait et du couscous suffisait». Une autre vielle dame du côté d’Iferhounène, à l’Est de Tizi-Ouzou, que nous avons également questionné sur les préparatifs du Ramadhan, nous a appris : «Autrefois, les familles accueillaient Ramadhan par le nettoyage et le badigeonnage de la maison. Le lavage des couvertures et de toute la laiterie. Ramadhan était accueilli comme un invité. Au dernier jour du mois de Chabane, on cuisinait un repas amélioré appelé «Sbarnine», une manière de prendre des forces pour affronter le jeûne avec le minimum, car la pauvreté malmenait tout le monde. On ne connaissait ni la chorba ni le frick ni la zalabia ni le bourek ni moins les viandes et tout ce qui existe maintenant. Le couscous d’orge, la galette, le lait de chèvre ou de vache et les figues sèches faisaient l’affaire. Le tout était produit localement». À présent, Ramadhan est synonyme chez beaucoup de familles, si ce n’est pas chez toutes les familles, un mois de surconsommation, de gaspillage et de gourmandise. Du coup, les prix s’envolent très haut pour être hors d’atteinte des bourses.

Le marché flambe

En effet, après une virée à travers plusieurs points de vente de légumes, de fruits, des viandes et d’autres produits de consommation, la tendance est à la hausse et rien ne dit que la cherté ne s’accentuera pas davantage, et ce, contrairement à l’année passée où les prix étaient abordables. «C’est une soudaine flambée, où sont les responsables ? Veut-on nous achever ? L’année passée, à la même période, les prix étaient stables et rien n’a bougé», a râlé un chef de famille du côté de Souk El-Tenine. En effet, les prix ont déjà entamé leur ascension. La tomate fraîche, un produit prisé pendant Ramadhan, a vu son prix tripler en quelques jours, de 40 DA le kilo, elle passe à 120 DA. Les courgettes, les petits pois, les haricots verts et la carotte sont proposés respectivement à 80, 100 et 50 DA. Les piments et les poivrons se vendent à 100 DA, la salade est à 50 DA. L’ail a atteint 150 DA le kilo. Les aubergines et la betterave sont fixées à 80 DA. Seule la pomme de terre demeure accessible, elle est stabilisée à 40 DA. Pour ce qui est des fruits, c’est du pas touche. Les Oranges se vendent à 300 DA le kilo, les nectarines et les nèfles sont à 150 DA. Les pèche à 180 DA, l’abricot à 100 DA et le citron culmine à 250 DA. Le melon et la pastèque sont proposés respectivement à 130 et 50 DA le kilo. Les bananes ont atteint le prix de 250 DA. Les pommes sont à partir de 400 DA. Les dattes, un dessert indispensable à la table de Ramadhan, est à 600 DA ! Le frick de l’iftar se vend entre 200 et 350 DA le kilo, selon la qualité. La zalabia, un autre produit très prisé est à 220 DA. Le raisin sec, pour les amateurs de couscous et du lait, est inabordable, puisqu’il se vend entre 600 et 800 DA. L’abricot sec pour le fameux Tadjine Elhem Lahlou est à 1 200 DA le kilo, hallucinant ! Quelque feuilles de bourek et la petite boite de thon de quelques grammes qui accompagnent la chorba sont à 70 DA et 150 DA. Le beurre, un autre produit très prisé est à 9 00 DA. C’est comprendre que ces produits ne sont pas à la portée de la classe moyenne, quant aux petites bourses, elles n’auront qu’à manger avec les yeux. Pour ce qui est des viandes, blanche ou rouge, la cherté est toujours de mise. La viande locale est à 950 DA le kilo, le steak à 1 500 DA. La viande importée se vend entre 820 et 950 DA. Le poulet évidé a grimpé pour regagner sa place en haut de l’affiche à 340 DA. L’escalope de dinde est à 850 DA et les cuisses à 350 DA, les abats de poulet ferment la marche à 400 DA. Un employé qui gagne 20, 30 et même 50 000 DA/ mois peut-il faire face à la table de Ramadhan ? Pour ceux qui sont dans le pré-emploi, le filet social et le chômage, la réponse est connue. Pour aider, un temps soit peut, les familles nécessiteuses à faire face aux dépenses de Ramadhan, l’état à instauré depuis de nombreuses années, le fameux couffin de Ramadhan. L’embellie financière étant un vieux souvenir, les quotas sont réduits et les APC ne peuvent plus engager plus de dépenses, car elles sont, elles aussi, asphyxiées. Pour connaître les chiffres exacts et le volume de l’opération de solidarité nous avons fait le tour dans certaines APC du Sud de la wilaya, à l’image des Ouadhias, Mechtras, Souk El-Tenine et Mâatkas.

1 032 couffins à distribuer à Ouadhias

La commune des Ouadhias n’a bénéficié dans le cadre de la solidarité de Ramadhan, que de 60 couffins alimentaires. Le P/APC, M. Akir Youcef en l’occurrence, a noté : «le quotas que nous a attribué la direction de l’action sociale de Tizi-Ouzou est insignifiant. Comment satisfaire tous les démunis ? Comment répartir ces couffins ? Nous n’avons eu d’autres choix que d’acheter 850 couffins, et l’association El Baraka nous en a également offert 120. Au total, nous avons réunis 1 032 couffins alimentaires. L’opération de distribution est déjà en cours». Rappelons que l’APC a travaillé en étroite collaboration avec les comités de villages et de quartiers ainsi que les associations sociales pour établir la liste des bénéficiaires, et le coût d’un seul couffin est de 3 000 DA.

800 colis alimentaires à Mechtras

La DAS n’a alloué que 50 couffins d’environ 1 500 DA chacun à l’APC de Mechtras. Donc, cette dernière n’a eu d’autres solutions que de solliciter son Budget pour acquérir 750 Couffins. Signalons que chaque colis contient 10 Kilos de semoule, 2 litres d’huile de table, 500 grammes de fric chorba, une boite de concentré de tomate, 2 paquets de café 1 kilo de riz, 1 kilo de pois chiche et 1 kilo de vermicelle. Omar Cheballah, le vice-président à L’APC, a regretté : «cette opération de solidarité s’est réduite comme une peau de chagrin. Les familles nécessiteuses sont livrées à leur triste sort. Il faut, d’une part augmenter le nombre et l’importance du couffin, et d’autre part le généraliser au reste de l’année. La solidarité ne doit pas être une spécifié du mois sacré. Plein de familles n’arrivent pas à manger à satiété pendant toute l’année. Il faut penser a eu à longueur de l’année».

L’association Tafath de Souk El-Tenine en action

Les membres de l’association pour personnes handicapées «Thafath» de la commune de Souk El-Tenine sont, au four et au moulin, pour collecter des dons et les redistribuer aux personnes en situation d’handicap. M. Chabani Abderrahmane, le président de l’association, nous a signalé : «nous avons saisi une cinquantaine de donateurs de la commune, depuis déjà des semaines. Les dons commencent à être réceptionnés. Mais nous continuons à appeler les bienfaiteurs à plus de générosité pour pouvoir toucher le maximum de démunis». Et de rappeler : «l’année passée, nous avons, grâce aux bienfaiteurs, fait bénéficier 150 familles de colis et d’autres effets. Cette année, nous espérons faire mieux, si les donateurs sont plus nombreux et plus généreux». Signalons que, nous tenons de sources sures, que la DAS a attribué 70 Couffins à l’APC qui a d&ucirc,; elle aussi, solliciter sa caisse pour l’acquisition de 450 autres.

3 millions de dinars réservés par l’APC de Mâatkas

L’APC de Mâatkas a, quant à elle, consacré 300 millions de centimes pour faire bénéficier un nombre plus important de familles nécessiteuses. «Il est de notre coutume de venir en aide au familles en difficultés, c’est pourquoi nous avons puisé de notre budget 3 millions de dinars pour acheter environ 1 200 couffins. Ce ne sont pas les 60 couffins de la DAS qui assisteraient les centaines de familles démunies à travers notre commune qui totalise 33 000 habitants et qui renferme plusieurs poches de pauvreté mais la DAS ne tient jamais compte de cela». Signalons qu’à Mâatkas, l’opération est au stade de procédure. «Nous avons rencontré une contrainte avec le fournisseur le mieux disant. Donc nous reprenons la procédure pour désigner la seconde offre». Le coli alimentaire contiendra 25 kilos de semoule, un bidon de 5 litres d’huile, du sucre, du café du concentré de tomate, du frick Chorba, des lentilles, du pois chiche, de l’haricot blanc, du couscous et des pates. À signaler que la population sera mise à rude épreuve par, les dépenses excessives, voire beaucoup de gaspillage, la cherté des prix au marché et enfin les dépenses de l’Aïd et des fêtes de l’été à venir. Le mois de jeûne, sensé être un mois de piété de don et de partage, est, hélas, devenu un mois budgétivore.

Hocine Taib

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