Dans l’espoir d’un saut qualitatif !

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Malgré toute son importance, le secteur de l’agriculture au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou peine à atteindre sa vitesse de croisière.

Les potentialités dont dispose la wilaya ne sont pas négligeables, notamment dans les filières oléicole, apicole, l’élevage et la production fruitière en plus de la production céréalière. Il est inconcevable pour une wilaya comme Tizi-Ouzou de continuer d’utiliser la poudre de lait d’importation pour fabriquer du lait courant. Il est aussi incompréhensible pour cette région de continuer à consommer de la viande d’importation alors que les moyens d’en produire existent. Il n’y a pas longtemps, la wilaya s’auto suffisait en terme de lait, de viande et de fruits et légumes. Dans les premières années de l’indépendance et au-delà chaque famille a son propre potager, sa chèvre et les petits animaux d’élevage de cuniculture et de volailles. Il y a moins d’un demi siècle, certains fruits ne se vendait pas à Tizi-Ouzou, notamment dans les villages. Acheter par exemple de l’ail, de l’oignon, de la salade, de la pomme de terre ou de l’huile d’olive était un signe de paraisse. Acheter de la viande ou du lait l’étaient également. Depuis le lancement de la révolution agraire et l’application de la pratique du soutien des prix, notamment depuis la nationalisation des hydrocarbures, même les paysans ont abandonné leur petit lopin de terre et leurs petits élevages. Ils ont fini par apprendre à vivre au moindre effort et à compter sur le commerçant du coin pour s’en approvisionner en produit de large consommation. À présent que la crise financière s’est installée, mettant à mal des milliers de foyers à cause du chômage galopant et de la cherté qui sévit dans les marchés, le reflexe du retour à la terre, mère nourricière, est imposé.

Jack Husser, expert en économie rurale, aujourd’hui à Tizi-Ouzou

Pour profiter de l’expérience de nos voisins de la rive nord de la mer méditerranée, l’expert en économie rurale, le français Jack Husser, sera aujourd’hui à Tizi-Ouzou, où il aura à sillonner plusieurs communes de notre wilaya et rencontrera les agriculteurs, les élus locaux, le P/APW et les responsable des services de l’agriculture pour identifier des projets dans les filières agricoles, artisanales et éco-tourisme. Il sera aussi question d’organiser le secteur pour une meilleure rentabilité et surtout enclencher une approche nouvelle et moderne qui contribuera à rentabiliser davantage le secteur. Le pari et le défi de réussir cette nouvelle approche semblent possibles d’autant plus que la wilaya dispose de plus de 258 000 hectares de terre agricole, dont près de 99 000 hectares sont utiles. Mais il faut signaler que seul un pourcentage de 8% de ces terres est irrigué. Il faut aussi signaler que le secteur de l’agriculture emploie 53 243 ouvriers, dont 16 800 ouvriers permanents et les autres sont saisonniers. Ces chiffres en apparences faibles, mais le secteur est dynamique eu égard aux autres activités qu’il génère, comme la distribution, la collecte et la transformation des produits. Il y a aussi un autre frein qui empêche les agriculteurs de percer, à savoir la réduction de leur exploitation à une moyenne d’un hectare et demi. Du coup, les exploitations en hors sol, notamment dans le domaine de l’élevage, sont sollicitées. La propriété des terres par le privé en majorité bloque aussi l’investissement dans ce secteur. Un autre obstacle de taille est sans nul doute le manque d’organisation du secteur. Sur les 66 000 agriculteurs recensés par la chambre de l’agriculture, il n’est répertorié que 16 associations actives au niveau de la wilaya, d’où l’organisation du secteur est très utile pour booster la production.

Tizi-Ouzou première en matière de production et de collecte de lait

La wilaya de Tizi-Ouzou est classée première en matière de production et de la collecte de lait. L’effectif de vaches laitières avoisine 54 103 têtes. Cette filière est malheureusement tributaire des autres wilayas et des importations pour son approvisionnement en concentré d’aliment. Les aides financières du ministère de l’Agriculture attribué aux éleveurs qui est de 30%, est insuffisante et ne profite pas beaucoup aux éleveurs. Le programme d’aide dit vêle- génisse connait, certes, de l’engouement, mais il bute sur les lenteurs administratives et bureaucratiques. Le manque de vétérinaires qui exercent dans le secteur étatique reste, lui aussi, très insuffisant pour garantir le suivi sanitaire des animaux d’élevage. Concernant la filière caprine et ovine, le retard à gagner reste important. Le cheptel de la wilaya ne dépasse pas 72 469 brebis et 29 108 chèvres. Ce sont de petits élevages au sein des villages avec des effectifs ne dépassant que rarement la dizaine de productrices. Concernant la production oléicole, la wilaya est également première au niveau national, avec une production annuelle de 8 millions de litres. Une filière importante qui peut, si les mécanismes efficients sont introduits, générer des retombées économiques inestimables. Une filière qui peut pallier à l’or noir qui dégringole sans fin au niveau des marchés mondiaux. Une prise de conscience commence à germer dans les esprits que ce soit de la population ou des responsables. La devise locale qui dit que rien n’est plus sûr que le travail de la terre commence à s’encrer dans les mentalités, en attendant l’introduction des méthodes et des moyens adéquats pour relever le défi de l’auto suffisance alimentaire. Des initiatives sont déjà initiées par le secteur concerné l’administration et les élus du peuple.

H. T.

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