ça flambe sur la place d’Akbou

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Le dinar poursuit sa dépréciation face à la monnaie européenne. Après une reprise aussi molle qu’éphémère, soutenue par un surcroît de liquidités en devise, la monnaie algérienne a repris son mouvement baissier.

Ces derniers jours, les bourses informelles, autant que les bureaux de change, affichent invariablement les mêmes taux : 184 DA pour 1 Eu à l’achat et 186 DA pour 1 Eu à la vente. Cette dégringolade, explique-t-on dans ce microcosme, traduit la bonne santé de la monnaie européenne. Elle est surtout révélatrice de la baisse des fondamentaux de l’économie algérienne, induite par l’affaissement des recettes issues de la fiscalité pétrolière. Anticipant sur les sombres perspectives de l’économie locale et le décrochement du dinar qu’elles ne manqueront pas d’entrainer, les acteurs de cette bourse underground alimentent et accentuent cette fluctuation baissière, relève-t-on. La pratique des taux exorbitants crée une sorte d’appel d’air, et suscite un flux massif en dinar. Craignant une dévaluation substantielle de leurs avoirs, les détenteurs de grosses fortunes s’empressent de thésauriser dans l’euro, devenu une valeur refuge. «Les gens préfèrent se délester de leurs bas-de-laines en dinar, au profit d’un placement sécurisant», souligne le gérant d’un bureau de change, établi dans la vile d’Akbou. L’indisponibilité de l’offre officielle en devise entretient, d’une certaine manière, l’activité du change parallèle et contribue même à sa prospérité. «Aussi bien pour financer des études à l’étranger, payer un séjour thérapeutique, touristique ou autre, les gens trouvent dans cette bourse, une source alternative d’approvisionnement en devise», souligne un acteur de la place. Un expert en finance de la région de Sidi Aich subodore que le dinar ne s’arrêtera pas de perdre du terrain au cours des prochains mois, et même des prochaines années. «La dépréciation de notre monnaie est partie pour durer. Tous les indicateurs économiques la prédisposent à cette évolution en décote», dispose-t-il. Les tensions inflationnistes qui seront induites par la perte du pouvoir d’achat du dinar, ne manqueront pas d’impacter significativement le niveau de vie des ménages. «On assiste déjà à une hausse des prix qui affecte pratiquement tous les produis et services. Avec toutes les relèvements des taxes annoncées pour 2017 et la perte de la valeur du dinar, nous risquons de basculer dans la précarité et la misère», s’inquiète un fonctionnaire d’Ouzellaguen.

N Maouche

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