Une distinction pour les artistes, méritée

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S. Ait Hamouda

Une distinction pour honorer des écrivains, des musiciens, des dramaturges, des peintres et autres artistes, dont certains à titre posthume et d’autres de leur vivant, est toujours la bienvenue. Elle démontre la reconnaissance de l’Algérie, leur patrie, pour leur générosité. C’est ce qui est arrivé à Tahar Djaout, Abdelkader Alloula, Farida Saboundji, Hamdi Benani, Rachid Boudjedra et tant d’autres, mardi passé. La décision a été prise par le président de la République au nom de qui le Premier ministre remettra les décorations aux nombreux récipiendaires. Le premier magistrat du pays a réalisé, ce faisant, un autre geste, après avoir décoré Mouloud Mammeri, Lounis Aït Menguellet, Nabhani Koribaa… au mois d’avril passé, qui sublime les artistes et créateurs du pays. Cette sortie du pouvoir tranche avec les traditions passées, tant elle se situe en distinguant le talent de ceux qui le méritent parmi les plus lumineux de ses enfants. Il y a ceux qui ont donné leur vie en holocauste au pays et ceux qui continuent à le servir généreusement. A l’instar de Tahar Djaout et Alloula qui sont morts, assassinés par la bête immonde, au moment où ils étaient en possession de tous leur talent. L’artiste sert des générations, qu’on le veuille ou pas, par ses trouvailles, ses créations, son art. Il ne sert à rien de tergiverser, ni de louvoyer, ni de caboter pour concilier un artiste avec son art, cela se fait naturellement et de surcroit, il (l’artiste) est le complice de ses muses, elles le servent, l’entretiennent et le prémunissent contre les mauvaises langues et les racontars qui ne l’épargnent pas. Qu’il soit peintre, homme de théâtre, compositeur, chanteur, poète ou romancier, il est un créateur de sens et par delà producteur du beau, du sublime, du fantastique. Djaout pensant à Mammeri écrivait « En dépit de ce que tu as donné à la culture maghrébine, tu demeurais un citoyen comme les autres, un homme qui n’a jamais demandé de privilèges qui a, au contraire, refusé tous ceux qui lui ont été proposés.» Nous sommes tentés de le paraphraser pour parler de Tahar ou Alloula et d’autres. L’artiste, lorsqu’il est reconnu par les siens, se retrouve avec une seconde vie, pour l’éternité.

S. A. H.

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