Débrayage à l’unité avicole

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à l’appel de la section syndicale de l’UGTA, les travailleurs de l’unité avicole d’El-Esnam, relevant de l’entreprise publique CARAVIC-SPA- Bouira, ont entamé, hier, une grève quotidienne de 2 heures (8h à 10h) pour une durée de quatre jours.

Les travailleurs protestataires, qui ont en parallèle observé un sit-in devant l’administration de l’unité, mettent en avant plusieurs revendications pour l’amélioration de leurs conditions de travail. M. Zane Abdellah, chef de la section syndicale UGTA, expliquera : «L’administration de notre unité a carrément refusé de réceptionner la plate-forme de revendications des travailleurs. Elle ignore complètement le syndicat et lui dénie son rôle de partenaire social. Et c’est ce qui a provoqué la colère des travailleurs qui n’ont eu d’autre choix que de recourir à ce débrayage». Les travailleurs grévistes réclament «en premier lieu le versement de la prime de rentabilité collective (PRC) bloquée depuis 18 mois». Ils réclament également «le déblocage de la prime dite ‘’quote-part’’ des œuvres sociales bloquée aussi depuis le mois de mai dernier». Ils disent réclamer aussi «la titularisation des ouvriers recrutés dans le cadre du programme d’insertion de l’ANEM, ainsi que la confirmation des agents avicoles recrutés par des contrats à durée déterminée». Ils affirment que ces travailleurs contractuels, au nombre de 45, attendent d’être recrutés d’une manière permanente depuis plusieurs années. «L’entreprise n’a pas respecté son engagement dans le cadre de la convention collective pour le recrutement de 25% de cette catégorie cette année», explique M. Zane qui dénonce par ailleurs le non-paiement des heures supplémentaires pour la période entre 2000 et 2012 : «Nous attendons toujours le paiement de ces heures supplémentaires de plus de 12 années. L’entreprise ne fait rien pour nous régler ces sommes très importantes pour les travailleurs, dont la majorité sont des pères de familles !». A l’issue du rassemblement qu’ils ont tenu dans la matinée d’hier, les travailleurs menacent «d’entamer une grève ouverte d’ici la semaine prochaine, si l’administration du groupe ne répond pas à l’ensemble des revendications». «L’administration persiste dans sa politique de la sourde oreille. Notre section syndicale est marginalisée et n’est même pas invitée à assister au conseil de gestion, comme le stipule la loi. Nous avons demandé une commission d’enquête du ministère de l’Agriculture pour vérifier la gestion du nouveau conseil d’administration, mais en vain. Pire encore, la direction exerce des pressions sur les syndicalistes et menace les travailleurs contractuels de licenciement s’ils adhérent à notre grève !», explique un autre syndicaliste.

La direction de l’unité et le DRH démentent

Interrogé à propos des revendications des travailleurs, le directeur des ressources humaines de l’entreprise CARAVIC-SPA-Bouira, M. Derradj Ali, qui nous a reçus en présence du directeur de l’unité, M. Dahmouche Rachid, a rejeté en bloc les propos avancés par les syndicalistes de l’UGTA. M. Derradj affirme même que la direction de l’entreprise a toujours ouvert ses portes au dialogue avec le syndicat des travailleurs : «Même le P-DG de l’entreprise les a reçus au moins deux fois à Alger. Et à chaque fois qu’ils nous ont adressé une requête ou une plate-forme de revendication, nous avons pris le soin de répondre à leurs préoccupations», a-t-il affirmé. Preuve à l’appui, notre interlocuteur présentera la dernière réponse adressée par la direction de l’entreprise aux syndicalistes de l’UGTA : «Dans cette réponse, nous avons répondu à l’ensemble des points qu’ils ont avancés. Malheureusement ils ont refusé de la recevoir et nous n’avons eu d’autres choix que de l’adresser par voie d’huissier de justice et de l’afficher publiquement». Le directeur assure ainsi que toutes les revendications des travailleurs seront réglées d’une manière progressive : «Toutes les primes qu’ils revendiquent sont un droit et je les rassure sur le fait qu’elles seront versées juste après approbation de la direction générale. Ce n’est cependant pas le cas pour les heures supplémentaires, car les travailleurs ont eu comme compensation des jours de repos rémunérés, suite à un accord que nous avions conclu avec ce même syndicat. Le PV de réunion signé par les deux partis existe toujours, donc pour nous ce problème est clos !». Le même responsable n’a pas manqué de lancer des appels au calme à l’adresse des travailleurs, leur rappelant que la situation financière de l’entreprise nécessite une certaine stabilité : «Après l’opération de fusion avec l’AVIB d’Aïn-Bessem, la situation financière de l’entreprise a sérieusement dégringolé. J’exhorte les travailleurs à comprendre cette situation et à apporter leur soutien pour garantir une meilleure transition. L’entreprise est en phase de restructuration sur le plan administratif et de modernisation de ses équipements, nous devons tous nous mobiliser pour éviter une faillite qui touchera tout le monde !», a-t-il conclu.

Oussama Khitouche

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