«On a hérité d’une situation difficile !»

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Saïd Bouhraoua est le nouveau maire MPA de la commune de Sidi-Naamane, relevant de la daïra de Draâ Ben Khedda. Dans cet entretien, il fait un état des lieux de la commune et parle des conditions dans lesquelles il a été élu.

La Dépêche de Kabylie : Présentez-vous à nos lecteurs…

Saïd Bouhraoua : Je suis âgé de 68 ans et enfant de Sidi-Naamane. Ainsi, j’ai rejoins le MPA, un parti avec lequel mes idées se rejoignent, et là j’ai trouvé des gens compréhensibles qui m’ont accueilli les bras ouverts. Je suis, aujourd’hui, le maire de Sidi-Naamane, chose qui n’a surpris personne vu que je suis connu dans ma localité pour mon engagement et mon sérieux ainsi que ma disponibilité.

Le MPA est à la tête de la commune avec combien de sièges ?

C’est une commune à 15 sièges. Le MPA en a obtenu sept, le FLN cinq, le FFS deux et le RND un seul. Élu avec 1 144 voix, j’ai été installé le 6 décembre 2017 par le chef de daïra et le DRAG de Tizi-Ouzou.

Une fois installé, quelle était la première action que vous avez entreprise ?

Ma première action était de redresser un peu la situation au sein de la mairie, car les fonctionnaires ont pris de très mauvaises habitudes. Tout le monde sortait à 14 heures, au plus tard 15 heures, alors les citoyens arrivaient et repartaient comme il n’y avait personne pour les accueillir. Cette situation ne pouvait durer davantage. Je veille à ce que les habitudes changent, que le siège reprenne ses fonctions et que les citoyens soient rassurés.

L’exécutif est-il installé ?

Oui, cela a été fait le 20 décembre 2017. C’est une APC à quatre vice-présidences. Toutes sont attribuées à des élus MPA, à savoir Bouhamidi Fatah, Zobiri Mohamed, Béchar Boualem et Sellah Aziz. Chaque commission comprend cinq membres. La commission finances est présidée par M. Bakhellal Ramdane et est composée de trois élus MPA, un élu FLN et un élu FFS. Celle de l’aménagement du territoire est présidée par M. Chabane Hocine et comprend trois élus MPA et deux élus FLN. La commission sociale est présidée par Bouhamidi Fatah et comprend, quant à elle, un élu MPA, trois élus FLN et un élu RND.

Sidi-Naamane patauge, selon des citoyens de la commune, dans de nombreux problèmes. Un commentaire ?

Il est clair que la population a le droit d’aspirer toujours à un meilleur cadre de vie. Ceci dit, à Sidi Naaman, on a un problème de foncier pour pouvoir inscrire de nouveaux projets : des logements, des infrastructures sportives, un marché, une zone d’activités avec la création de nouveaux postes d’emploi. Les terres sont agricoles et appartiennent à des privés. Nous avons l’intention de réaliser une centrale électrique, mais des citoyens ont squatté une partie de ce terrain domanial à Imlekchen, où ils ont planté des oliviers. J’ai déjà accordé rendez-vous à un responsable de la Kanaghaz pour discuter de ce projet et je veillerai personnellement à ce que cette centrale ne nous file pas entre les doigts.

Des villages ont été désertés durant la décennie noire. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il y a quatre villages, en l’occurrence Imlekchen, Boumhala, Tala Mokar et Mélaïb. Le retour se fait timidement. Dernièrement, nous avons fait un tour à travers ces villages et les conditions de vie ne permettent pas un retour massif et permanent des habitants. Les conditions ne sont pas favorables et il reste beaucoup à faire dans ces villages, où l’État doit impérativement se pencher de manière très sérieuse. Tout manque : écoles, eau, routes, électricité, salles de soin, transport,…

La population locale est confrontée aux problèmes d’eau potable et d’électricité-Qu’avez-vous entrepris auprès des autorités ?

Effectivement, on dirait qu’un mauvais sort est tombé sur Sidi-Naamane. Le siège de l’APC est dépourvu d’eau potable et d’énergie électrique. Pour cette dernière, nous sommes alimentés par l’éclairage public. Il y a des factures impayées. Je verrai ça prochainement, je vais essayer de régler le problème. L’assemblée sortante n’a pas réglé le problème. Pour l’électricité, c’est un montant de 7 milliards de centimes. Aux villages, de nombreuses constructions ne sont raccordées ni à l’AEP, ni à l’énergie électrique. Les fuites récurrentes causent d’énormes dégâts et des millions de mètres cubes disparaissent dans la nature et les conduites sont vétustes. Il est à signaler qu’un canal à ciel ouvert sur une distance d’environs 3 km doit être réparé. Durant les crues, les eaux usées et les eaux de pluie posent un problème pour les agriculteurs, les récoltes et la santé de la population. Un danger imminent !

Le logement est aussi un autre problème auquel vous allez faire face…

Les problèmes à Sidi-Naamane se sont accumulés depuis des décennies et nous sommes dans l’obligation de procéder progressivement à leur élimination, selon nos moyens et avec la collaboration des autorités. On a hérité d’une situation difficile. Un bidonville est situé non loin du siège de l’APC: l’ex-Cap. Les familles, qui y habitent, sont nombreuses et leur évacuation dans des logements sociaux est urgente afin de récupérer l’assiette foncière pour d’autres projets. L’habitat rural n’est pas en passe d’être satisfait. Plus de 400 demandes sont en instance. Il nous faut au moins 200 logements.

Qu’en est-il du parc roulant, l’aménagement urbain et le secteur de la santé ?

Concernant le parc roulant, la commune manque de véhicules et ceux qui étaient en panne sont en voie de réparation. Pour la voirie, nous demanderons d’autres moyens. Quant à l’aménagement urbain, la situation n’est pas bien connue. Les autorités concernées seront saisies une fois les problèmes cernés. Concernant le secteur de la santé, le dispensaire a besoin de beaucoup de choses. Nous insistons sur la permanence durant la nuit.

Et concernant l’éducation et la jeunesse ?

Nous insistons sur l’inscription d’un lycée à Sidi-Naamane. Pour la jeunesse, des aires de jeux dans les villages et un stade au chef-lieu sont au programme. Les jeunes attendent beaucoup de nous.

Avez-vous préparé le BP 2018 ?

Pas pour l’instant. Il faut que la commission finances se réunisse afin de convoquer l’assemblée pour son approbation.

Un mot pour conclure…

Sidi-Naamane est une commune très pauvre; elle manque de tout. Nous sommes conscients des problèmes et la bonne volonté existe. Les mentalités doivent changer et le personnel doit se ressaisir. Nous sommes prêts à collaborer avec les autorités (à tous les niveaux), afin d’atténuer les souffrances des populations. Que les citoyens se rassurent, les choses s’amélioreront.

Entretien réalisé par M. A. Tadjer

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