«Sortir des peurs et des incompréhensions réciproques»

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Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, a indiqué, hier, que son pays a une grande responsabilité d’accompagner l’Algérie par le biais de ses grandes entreprises, des PME et TPE, dont il pense qu’elles peuvent trouver des perspectives et des coopérations à développer.

En visite à Alger, depuis avant-hier, sur invitation de l’ambassade de France pour y donner une conférence et y présenter son livre, «Réconcilier les silences», l’ancien Premier ministre (2005-2007) sous le Président Chirac et ex-ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004, Dominique de Villepin, a été reçu, hier, au lendemain de son arrivée, par ministre de l’Industrie et des mines, Youcef Yousfi, et par le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal. Avec Youcef Yousfi, M. De Villepin a évoqué l’évolution de l’économie algérienne et le partenariat algéro-français particulièrement dans le secteur industriel, a indiqué un communiqué du ministère relayé par l’APS. A cet égard, M. Yousfi a relevé les réalisations du secteur qui, a-t-il affirmé, «connaît un rythme de développement soutenu ces dernières années», souligne la même source. Les deux parties ont également abordé les perspectives de développement dans le domaine de l’industrie avec les entreprises françaises, dont l’agroalimentaire, la mécanique, la sidérurgie et la pharmacie. «Les perspectives de développement de ces partenariats existent et nous avons évoqué la possibilité d’entreprendre des actions afin de favoriser ces partenariats entre les opérateurs algériens et français», a affirmé M. Yousfi à l’issue de cette audience. De son côté, M. De Villepin a salué les initiatives déjà entreprises de part et d’autre, qui tendent «à favoriser les relations économiques entre les deux pays tant au niveau des grandes entreprises que des PME», alors que l’accent a été mis particulièrement sur les aspects de la formation.

«Encourager ce nouvel esprit»

«Je crois qu’il y a aujourd’hui un nouvel esprit qui joue en faveur des relations entre nos deux pays qu’il faut encourager», a déclaré M. De Villepin qui s’est également exprimé dans l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, commentant l’actualité mondiale marquée par des crises et conflits majeurs tout en évoquant les relations algéro-françaises. Pour conforter les relations entre son pays et l’Algérie, M. De Villepin juge utile qu’il y ait «davantage» de rencontres, se réjouissant de la visite effectuée par le Président français le 6 décembre dernier à Alger, et de l’attention portée à la société et à la jeunesse algérienne, en particulier, à laquelle, dit-il, «il faut que nous soyons capables d’apporter des réponses». «Compte tenu de l’histoire et des liens qui nous lient», et dont il estime qu’ils ont fait d’Alger et de Paris «de grands partenaires», il a indiqué que son pays a une grande responsabilité d’accompagner l’Algérie «sur son chemin», par le biais de ses grandes entreprises, des PME et TPE dont il pense qu’elles peuvent trouver des perspectives et des coopérations à développer. Mais pour cela, il appelle à sortir des peurs, des malentendus et des incompréhensions réciproques, «qui ont marqué nos deux pays», pour faire le chemin «indispensable, l’un vers l’autre». Par rapport à une contribution à un média français dans laquelle il appelait son pays à assumer son histoire coloniale en Algérie, «même quand elle est douloureuse», l’ancien Premier ministre considère, en outre, important de franchir le pas et de regarder en face cette période «qui nous ouvre les chemins de l’avenir», la mémoire s’affranchissant des peurs et des silences. Le fait, rappelle-t-il, qu’Emmanuel Macron ait accepté de parler les archives de cette période particulière, d’accepter de restituer les crânes de résistants Algériens «du 19ème siècle», sont autant de gestes, certes symboliques, mais qui montrent cette valeur essentielle au cœur de nos sociétés «qui est le respect, l’estime et la volonté de marcher ensemble (…) notre passé et notre avenir étant liés avec les Algériens». De la guerre américaine menée contre l’Irak, à laquelle il s’était énergiquement opposé en 2003, il déclare qu’elle a été «payée cher» par la communauté internationale, puisque, poursuit-il, elle a constitué «un point de départ important» pour la déstabilisation de l’ensemble du Moyen-Orient. «Mon inquiétude à ce moment-là dit-il, n’a fait que s’accroire durant des années (…) On l’a vue, rappelle-t-il, avec les interventions française et anglaise en Libye», conduisant «à l’anarchie et à la destruction d’une société». A signaler que l’ancien Premier ministre français, Dominique De Villepin, devait animer, hier en fin d’après-midi, à l’Ecole supérieure des affaire d’Alger (ESAA) une conférence thématique intitulée «Réconciliation des silences : Donner la parole à la paix».

Ali Chebli

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