Virée à Bou-Ighzer…

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C’est le matin. Pas loin de l’entrée du village Bou-Ighzer, l’école primaire de Djemaâ Kelaâ est fermée depuis une quinzaine d’années.

«À cet endroit, il y avait une école même à l’époque coloniale. Il y a des photos où l’on voit des élèves étudier en plein air», raconte M. Makhlouf Zaidi, le trésorier du comité du village. On raconte que l’armée coloniale jetait les corps des Moudjahidine torturés dans un puits situé dans la cour de cette école. Une stèle est d’ailleurs érigée à leur mémoire, juste à quelques mètres du portail de l’établissement. Après l’indépendance, une école a été reconstruite sur place. Aujourd’hui, l’un des objectifs des membres du comité est de demander sa réouverture. Non loin de là est irrigée la nouvelle mosquée du village, à côté de l’ancienne baptisée Djemaâ Kelaâ. «On raconte qu’initialement, la réalisation de cette ancienne mosquée allait se faire là où il y avait l’école. Mais, à chaque fois que les travaux étaient entamés, on retrouvé toujours au petit matin ce qui avait été effectué la veille détruit. Personne ne savait qui en était l’auteur», dit un du village. «C’est pourquoi le site choisi fut abandonné pour l’endroit actuel et c’est peut-être pour cela qu’on l’appelle Djemaâ Kelaâ», poursuit le même interlocuteur. Dans ce lieu précis, existe un cimetière, divisé en deux par une route qui traverse le village. Pour se rendre de l’ancienne mosquée à la nouvelle, il faut enjamber une passerelle métallique réalisée récemment par le comité du village. «Il y avait une passerelle qui reliait les deux rives, mais elle n’était pas aussi solide», précise encore notre interlocuteur. Dans le même ordre d’idées, le comité a réalisé de beaux espaces verts à cet endroit, en sus d’une stèle à la mémoire de neufs chouhadas inconnus, tombés au champ d’honneur dans ce village. «Ils ont été inhumés dans une seule tombe. Nous avons érigé une stèle à leur mémoire. Ce sont des martyrs inconnus qui se sont sacrifiés pour notre patrie, c’est donc un devoir de protéger leur mémoire», ajoute le représentant du comité du village. A l’intérieur du cimetière, il y a une grande salle de réunions, et au sous-sol de la nouvelle mosquée, une cuisine et le bureau du comité.

Le colonel Ouamrane revit !

On ne peut évoquer Bou-Ighzer sans parler du colonel Amar Ouamrane. Sa biographie est affichée sur l’un des murs de Djemaâ Kelaâ. Il est né à Frikat en 1919 et rendit l’âme en 1992. Son nom reste lié à celui du colonel Krim Belkacem, même après l’indépendance, parce qu’il était aussi dans le parti MDRA. Le colonel Amar Ouamrane fut l’un des grands dirigeants de la révolution algérienne. Il est justement attendu que sa maison natale soit réhabilitée et transformée en musée. «C’est l’un des objectifs de notre comité», souligne un autre intervenant. A noter aussi qu’il était question de la création de la fondation Colonel Amar Ouamrane. On croit savoir que l’exécutif sortant de l’APC avait aussi ficelé un dossier pour baptiser le lycée communal à son nom. Par ailleurs, durant, la guerre de libération nationale, Bou-Ighzer s’est engagé dans la lutte armée en dépit de la forte présence militaire dans ce chef-lieu qu’on appelait la «SAS».

Campagnes de nettoyage en série

«Nous avons organisé plusieurs campagnes de nettoyage. Nous avons débarrassé les fossés de toutes les immondices. Nous avons aussi placé des bacs à ordures partout», enchaîne encore ce villageois. «Le nom de Bou-Ighzer, en tamazight, El Vour gaghzer ; c’est-à-dire Une terre inculte traversée par un ruisseau, est l’explication que donnent nos vieux à chaque fois qu’ils sont interrogés à ce sujet», dit de son côté un autre habitant du village. Même si l’eau du robinet manque dans ce village comme c’est le cas de tous les villages de cette commune quoique raccordée au barrage Koudiet Acerdoune (Bouira) via Tizi Larba sur les hauteurs de Draâ El-Mizan, les villageois et les passants recourent à l’eau des sources. «Nous avons plusieurs sources. Elles ont toutes été aménagées. Certaines d’entre elles alimentent même des citoyens d’autres localités. Tala Oufella, Tala Bedda, Taâounit N’Chaâvane, Tala N’Tbaârourth, El Ainceur Abadhagh ont toutes un débit fort», précise cet autre membre du comité. «Elles ne désemplissent pas par ces fortes chaleurs. Celle-ci juste au contre bas de la route, est toujours prise d’assaut par des automobilistes qui viennent d’ailleurs. On ne peut pas interdire l’eau à d’autres. C’est une eau publique», signale un autre intervenant.

Des projets en vue…

Non seulement, le comité s’attelle à l’amélioration du cadre de vie des habitants du village, quelques quatre mille âmes, mais il mûrit encore d’autres idées. «Côté développement local, nous avons eu toujours notre part. Tous nos foyers sont raccordés à l’électricité et au gaz naturel. Nous attendons que le réseau d’eau potable soit fiable et peut-être d’autres structures pour nos jeunes», souligne un autre membre du comité. Les membres du comité ont deux projets en tête. «Notre village produit beaucoup d’huile et de figues. Nous espérons lancer la fête soit de l’olive soit de la figue. Ce sera une opportunité pour mettre en valeur ces deux fruits», souhaite-t-on. Ce dernier insiste sur l’importance que donnent les parents à l’instruction de leurs enfants. «Nous sommes fiers des résultats obtenus par nos enfants. En plus des 31 élèves admis à l’examen de 5°AP, nous avons eu 19 bacheliers et 18 admis au BEM. C’est très important de souligner ces résultats. Ces enfants ne sont pas seulement l’avenir de ce village, mais aussi de tout leur pays. C’est pourquoi nous les avons honorés», conclut-il.

Reportage réalisé par Amar Ouramdane

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