Une région en quête de développement

Partager

La région d’Attouche, dans la commune de Makouda, est composée de dix-huit hameaux d’une population avoisinant les 15 000 habitants, «plongée dans un sinistre multi dimensionnel». Située à mi-chemin entre Tigzirt et le chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, Attouche s’étale sur une superficie de 30 km². Cette région est composée de dix-huit villages, dont Haddouda, Tassedart, Tighilt Nellouh, Issiakhen, Iaroukene, Tarbante, Ihassounène, Aït Ouazène, Aïn Larbaa, Tigoulmamine, Sliha, Tazarourt, Agouni Bouaklene, Maachera.

Les habitants de ces localités, ceux qui ont choisi d’investir à l’intérieur du village, exercent plusieurs activités commerciales. Ils sont deux cents en tout : alimentations générales, ateliers de confection, petites entreprises entre autres. Malgré ce potentiel humain considérable, cette région peine à se développer alors que la population aspire à un développement économique et social. «Hélas, notre région aspire toujours à un développement économique, freiné par un bon nombre d’obstacles et par l’absence d’un plan organique, ce qui a plongé cette localité dans un sinistre multidimensionnel», lit-t-on sur une correspondance signée par les 15 hameaux, suscités, adressée au wali de Tizi-Ouzou, l’exhortant à trouver une issue favorable à l’impasse dans laquelle se trouve leur village. «Attouche aujourd’hui réclame son développement et refuse le sort qui lui est réservé, sachant qu’elle cumule promesses sur promesses sans pour autant savoir le jour où cela se réalisera sur le terrain», y lit-t-on encore. Les citoyens exposent leurs problèmes et énumèrent les obstacles dont souffre Attouche.

Des projets à l’arrêt, d’autres sans suite

La poste, notamment le bureau de poste d’Attouche, construit depuis plus de 30 ans pour desservir toute la région est, selon la correspondance, fermé depuis 2012 et les raisons restent « inexplicables ». Il était question de son «réaménagement et amélioration», dit-t-on, ce qui ne s’est pas concrétisé, en raison de «l’opposition des propriétaires terriens», qui réclament une indemnisation. Cela a compliqué l’achèvement du projet, explique-t-on. Les citoyens proposent une solution, plutôt, «alternative», optant pour le choix d’une autre assiette de terrain au centre du chef-lieu de la localité qui est un terrain communal. Par ailleurs, les citoyens évoquent l’état du réseau routier de la région, «le chemin de wilaya CW3 qui relie la région côtière depuis Azeffoun, Tigzirt à Tizi-ouzou, est resté sans entretien depuis sa réalisation en 2007. Il se trouve dans un état de dégradation considérable, en raison de sa forte fréquentation. Les multiples travaux effectués tout au long de ce chemin (gaz, assainissement, AEP), et la circulation des engins lourds ont été d’une néfaste conséquence sur cette route. Ce tronçon reste le seul passage des pilleurs de sable du Sébaou. Une étude pour son élargissement a été réalisée sans pour autant qu’il y ait concrétisation du projet», regrette-t-on. La même situation est déplorée pour les chemins communaux dont on souligne «l’état vétuste et impraticable». Le chemin reliant le chef-lieu Attouche (CW3) à la RN71 d’une longueur de 10 km, et dont la réalisation était accordée depuis l’année 2014, n’a pas encore vu le jour. Les villageois expliquent que «les travaux de ce chemin sont répartis en deux tranches, dont 4 km pris en charge par la DTP. Ces 4 km ont été réalisés pour se détériorer après à peine 8 mois à cause du «bâclage» des travaux et du non-respect des normes de réalisation qui ont d’ailleurs été signalés par les habitants. 4 autres kms pris en charge par l’APC de Makouda attendent toujours leur réalisation», dira un villageois, ajoutant «la partie la plus importante qui relie notre région à la Wilaya de Boumerdès, d’une distance de 2 kms n’est même pas inscrite, ce qui laissera ce chemin inachevé». Le projet du chemin Maiza, qui relie le CW3 à la RN12A, a été inscrit et accordé par la DTP, en 2011, «les travaux sont à l’arrêt depuis que le traçage et la totalité des ouvrages ont été achevés». Les habitants, en outre, signalent «l’état impraticable de plusieurs chemins dont les budgets sont alloués sans que les travaux ne soient entamés, à savoir : Le chemin reliant le CW3 au chemin communal Attouche Ain Larbaa en passant par tassedart et Iheddaden vers Tigoulmamine, le chemin reliant le village Maachera au chemin communal Attouche Ain Larbaa, le chemin reliant le chef-lieu Attouche au village Sliha en passant par le village Ihassounène et Agouni Bouaklane vers Sliha qui est impraticable et non inscrit. Au registre hydraulique, le réseau de distribution de l’eau potable enregistre plusieurs fuites qui engendrent une perte de quantités énormes pénalisant les habitants en les privant de recevoir cette denrée dans leurs foyers. «La conduite principale reliant la station de pompage Issiakhen à la station de pompage Tazrart, enregistre à elle seule une perte quotidienne de plus de 60%, et ce, depuis plusieurs années, à cause de la vétusté de sa conduite d’alimentation. C’est un gaspillage flagrant et inacceptable», dénonce-t-on. «Une enveloppe de 15 millions de dinars a été gaspillée pour la réalisation d’une conduite d’alimentation du réservoir Ain Larbaa depuis le réservoir Agouni Goughrane, sans pour autant régler le manque d’eau des villages concernés. Ain Larbaa, Sliha, Tazarourt se trouvent desservis un jour sur huit en cette période de grandes chaleurs», fait-t-on savoir encore. «La source naturelle censée alimenter les villages Sliha, Tazarourt, Ain Larbaa et Lemgassel, et renforcer la chaine côtière, se trouve actuellement mal exploitée vu le bâclage des travaux de captage, de drainage et de distribution. Les citoyens des quinze localités de Attouche, réclament la «réfection de la totalité de la conduite principale reliant les deux stations de pompage, la réfection du reste du réseau de distribution et la révision de certains branchements anarchiques». À Attouche, le constat est établi, «Tout le réseau d’assainissement de la localité se déverse dans les rivières à ciel ouvert, ce qui engendre des nuisances et des dangers de prolifération de maladies, sans oublier que des villages ne sont même pas raccordé à ce pseudo réseau». Les habitants, encore une fois, demandent «la relance du projet de réalisation d’un bassin de décantation inscrit en 2012 et dont les travaux entamés n’ont pas eu de suite».

La jeunesse en quête d’infrastructures

La population d’Attouche est composée en majorité de jeunes. Cette frange très importante, qui constitue l’avenir de la région et du pays, ne dispose que d’une seule et unique maison de jeunes construite au chef-lieu Attouche et inaugurée en 1994. «Hélas, regrette-t-on, elle n’a servie que quelques semaines avant d’être cédée à la garde communale qui l’a occupée durant plus de 8 ans. Aujourd’hui elle se trouve dans un état de délabrement lamentable, sans entretien ni équipement. Seule la bonne volonté des associations la préserve tant bien que mal de la ruine». Le CSP accordé par la wilaya est toujours en cours de réalisation sans parvenir à le livrer et faire bénéficier la jeunesse de la localité, déplore-t-on. Il est question aussi de l’aménagement et du revêtement en gazon synthétique du stade communal sis au village Sliha qui est une partie intégrante du CSP suscité, toujours en attente depuis la promesse de l’ancien wali en 2010. Les habitants d’Attouche vivent souvent des coupures de courant électrique, dues à un délestage très fréquent et une chute de tension, et une soixantaine de foyers ne sont pas encore raccordés au réseau dans les villages Maachera, Sliha, Ait-Ouazène. «Le projet de raccordement de la localité au réseau de gaz alloué à six entreprises, accuse un grand retard malgré la promesse en 2009 que Attouche sera la deuxième région à être alimentée après le chef-lieu de la commune de Makouda. Depuis, voila déjà trois ans que notre attente perdure sans rien voir à l’horizon», explique-t-on dans la correspondance adressée au wali. La situation de la santé, dans la région, n’est pas meilleure. La population de la région d’Attouche qui avoisine 15 000 habitants, souffre le martyre pour bénéficier des soins primaires. Le seul centre de soins est resté fermé près de deux ans à cause de la «mauvaise gestion et répartition du personnel par l’EPSP Ouaguenoun». Il a fallu l’intervention des villageois pour la réouverture et la rénovation de ce centre par leurs propres moyens en ayant mis la main à la poche. Quant à l’aménagement, l’équipement, l’affectation d’un médecin permanant et d’une équipe de paramédicaux, seule une infirmière est affectée pour se débattre et faire de son mieux pour prodiguer les soins possibles, sans le moindre équipement». Toujours dans le même document, on explique à propos de l’emménagement urbain de la région, qu’«un projet d’une superficie de 42 hectares inscrit en 2010, dont l’étude a été réalisée par le bureau d’études BERTO, n’a pas vu sa réalisation, laissant la localité d’attouche dans un délabrement total. Les citoyens d’Attouche proposent «de procéder à la récupération des terrains communaux pour la réalisation des P.O.S permettant ainsi la création de nouveaux pôles urbains qui comporteront les infrastructures nécessaires au bon développement et au désenclavement de la région».

Kamela Haddoum.

Partager