Meurtre sur commande

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Par S. Ait Hamouda

Le journaliste saoudien qui bossait pour le «Washington Post» a connu, par inadvertance, une fin dramatique dans le consulat de son pays. Il a rencontré ses tortionnaires là où il s’y attendait le moins, oubliant qu’il était visé par le royaume saoudien, et qu’au moindre faux pas de sa part, il en fera les frais. Ce jour est arrivé le 2 octobre dernier, quand il se rendit à la représentation de son pays où il avait un rendez-vous à son insu avec un traquenard. Il sera torturé, avec une musique de fond, méthodiquement, par un médecin légiste, connaissant cette horrible fonction, puis décapité. L’infortuné journaliste a rencontré la mort dans son aspect le plus abject, le plus innommable : les envoyés spéciaux, avec mission nette et précise de l’exécuter. Ils le firent proprement sans bavures, sans taches, puis s’en retournèrent chez eux en Arabie saoudite, comme si de rien n’était. Au lendemain de ce forfait, le monde entier se souleva, et d’emblée visa le royaume wahhabite qui au début, se lava les mains de cet assassinat puis se ravisa pour reconnaître du bout des lèvres le meurtre. Mutandis mut antis, l’Arabie saoudite a fait ses aveux, les plus plats, à force de menaces, d’origines diverses. Ce qui ne manque pas de surprendre bien des pays, à leur tête les Etats-Unis, le camarade inconditionnel du royaume. De plus, deux hauts responsables ont été limogés, deux fusibles qui sautent comme par enchantement pour montrer la bonne foi des assassins. Le guet-apens tendu par les Saoudiens aurait pu passer normalement, sans éveiller le moindre soupçon chez la communauté internationale, n’était que le poisson était trop gros pour être avalé par le premier venu. Le journaliste s’est rendu au consulat de son pays pour préparer son mariage, loin de se douter de ce qu’il allait subir. Il a connu les pires sévices avant d’être découpé en morceaux pour quitter, dans des cartons, le consulat dans les véhicules de l’équipe qui a été envoyée pour le liquider.

S. A. H.

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