Le foncier grippe le développement

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Timezrit, 16h, sous un ciel voilé et après des précipitations, un groupe de jeunes écoliers se rendait vers un terrain jouxtant l’ancienne annexe du CFPA, fermée depuis une dizaine d’années, pour jouer avec un petit ballon.

Aziz, qui est en quatrième année primaire au niveau de l’école Kebabi M’hamed du village Toursal, nous dira que leur quartier n’est pas doté d’une aire de jeux. «Nous jouons ici», dit-il. C’est un terrain abandonné par un locataire qui s’est lancé dans l’activité de vente de matériaux de construction. Même l’éducation sportive au niveau de son école est quasiment inexistante en raison de l’exigüité de l’établissement. Peu de temps après, nous nous sommes rendus au stade communal situé au chef-lieu appelé communément El Had. Il est dans un état de déliquescence avancée. Le terrain est plein de crevasses, les vestiaires dégradés et pas de tribunes et d’éclairage public. L’activité sportive est réduite à néant. Pas d’équipe de football qui représente la commune dans les manifestations sportives régionales ou locales.

«Cela fait des décennies que nous n’avons pas entendu parler d’une équipe de foot à Timezrit», lance un jeune rencontré au stade. Il nous dira que l’APC avait octroyé des vestiaires pour un groupe de jeunes qui les ont transformés en salle de musculation. La commune a bénéficié de deux aires de jeux qui ne sont toujours pas réalisées en raison d’absence d’assiettes foncières. Le projet de salle de sport est gelé suite à la chute des prix du pétrole. Même le projet de maison de jeunes est encore touché par le gel. Le P/APC, Tamsedakt Boualem, nous dira que l’entreprise choisie auparavant pour sa réalisation refuse d’entamer les travaux avec les anciens prix et l’actualisation des prix mènera droit vers le gel.

L’absence d’infrastructures de jeunes pénalise durement la frange juvénile qui n’a que les cafétérias pour passer son temps. Le terrain de jeu se trouvant sur le CW 151 à hauteur de Taawint Tassemat ne convient pas pour une activité sportive, d’autant plus qu’il est situé dans une région de montagnes abruptes et à quelques mètres seulement d’une décharge sauvage. Un groupe de jeunes a lancé des volontariats de nettoyage pour la préservation de l’environnement et ont pu rendre l’endroit propre. Mais cela ne suffit pas, car peu de temps plus tard, la décharge sauvage a refait surface.

Une convention a été signée avec le CET de Corso pour le jet d’ordures et deux camions bennes tasseuses ont été achetés par l’APC. Mais le problème de gestion des ordures ménagères dans la commune se pose toujours. Un homme d’une quarantaine d’année, rencontré juste devant l’entrée de l’APC déclare : «Notre commune est devenue le tombeau des projets. Depuis des années qu’on entend parler de réalisation de projets et d’équipements publics, mais rien n’est encore concrétisé sur le terrain. La route est dégradée, les projets de logements, de salle de sport, d’un CFPA, maison de jeunes et d’une bibliothèque sont toujours bloqués», lance-t-il avant d’ajouter que ces problèmes s’ajoutent à d’autres qui durent depuis des décennies, notamment l’eau potable et le projet de revêtement de la route. Inscrits depuis 2013, les travaux ne sont toujours pas lancés en raison d’oppositions de propriétaires terriens. Une assiette de plus de 30 hectares devait abriter ces projets et sortir la région de sa monotonie. L’APC avait enclenchée une action en justice pour débloquer la situation. L’APC a eu gain de cause mais la décision n’est toujours pas appliquée et les projets sont restés en stand by. Notre interlocuteur a soulevé, également le manque d’eau potable qui frappe sa commune depuis l’indépendance du pays.

Les forages de Kef Laâgab sont à sec

La commune ainsi que d’autres situées sur le versant sud-est de la wilaya était alimentées depuis les forages de Kef Laagab situés sur le lit d’Oued Sébaou à Tadmait. L’eau est rationnée. «L’eau est distribuée presque chaque vingt jours», affirme notre interlocuteur qui précise que la pénurie est beaucoup plus ressentie en été où cette ressource vitale se raréfie et la demande augmente. Pis encore, les écoles, les mosquées et les camps militaires sont alimentés par les camions de l’APC. Deux sur les cinq forages de Kef Laagab sont à sec. Le pillage de sable de l’oued Sébaou en est la cause.

La nappe phréatique de la région est durement touchée par ce phénomène qui menace l’écosystème. La population locale attend avec impatience la mise en service de l’alimentation en eau potable depuis la centrale de dessalement de Cap Djenet dont les travaux piétinent depuis plus de cinq ans. Le projet est à sa phase d’achèvement. Les autorités promettent sa mise en service avant la fin de l’année. Mais les habitants de la localité sont pessimistes et estiment que les travaux ne seront pas achevés d’ici la fin du mois de décembre. Car, les stations de pompage ne sont pas finalisées alors que des châteaux d’eaux sont bloqués notamment à Ighoumrassen, dans la commune des Issers. En période de pénurie, l’APC s’approvisionne depuis les forages des Issers de charters notamment.

En matière de soins, la commune de Timezrit est dotée de trois salles de soins au niveau des villages Ait Sidi Amara, Oul Ziane et Afir Azzazna et une polyclinique au centre ville. Le manque de médecins au niveau des trois dispensaires pénalise les villageois qui doivent rallier la polyclinique ou carrément partir à Bordj Ménaïel ou Thenia pour consulter un médecin. Les habitants déplorent l’absence de maternité, un service très indispensable pour une population qui dépasse les 11 000 âmes.

«En 2012, je me souviens, un homme avait emporté sa femme sur son dos pour la transporter vers l’hôpital. L’ambulance de l’APC ne pouvait pas se frayer un chemin en pleine tempête de neige», nous dira un villageois d’Izraraten. La commune est perchée sur plus de 900 mètres d’altitude. Elle est la plus fraiche en hiver dans la région. Les gens souffrent l’isolement en période de pluies et de froid et du manque de moyens notamment en gaz naturel. Le projet devant alimenter en gaz la région piétine depuis plus de cinq ans. Ce n’est que récemment que les travaux ont repris car il a fallu attendre l’achèvement des travaux de la route principale et de l’assainissement pour achever le projet de gaz qui, en sus de cela, avait été touché par le gel.

L’APC fait face au manque de foncier qui grippe la roue du développement dans une commune qui ne survit que grâce aux aides et subventions de l’État, notamment des PCD et PSD. Six milliards de DA est le montant alloué dans le cadre des PCD et 1 milliard en PSD pour l’achèvement du réseau AEP, notamment à Ouled Ziane. Un montant jugé insuffisant par les élus en raison du manque en tous genre. En termes d’établissement scolaire, la commune attend depuis plus de dix ans l’achèvement du lycée annoncé pour la rentrée scolaire. Le maire informera que sa réception sera pour le mois de décembre prochain.

Youcef. Z

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