Nassim inhumé dans son village

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Le phénomène de la Harga (émigration clandestine) ne cesse de prolonger la liste des victimes, notamment en Kabylie. En effet, le corps du jeune T. Nassim, âgé de vingt-sept ans, a été rapatrié mercredi dernier après une attente de plus d’une vingtaine de jours. Le regretté Nassim, parti en harraga durant le mois de Ramadhan dernier, se serait noyé dans une rivière à la frontière de la Grèce avec la Slovénie. Il aurait péri en tentant de fuir des gardes slovènes. Selon nos informations, il poursuivait son périple d’émigré clandestin dans les pays européens afin de gagner peut-être un pays où il s’installerait et où il trouverait plus de quiétude et une vie meilleure. Malheureusement pour lui, le sort a décidé autrement, il a péri loin des siens et de son pays. Ce jeune homme a été inhumé dans le cimetière de son village natal Marako, à quatre kilomètres à la sortie de la ville de Tizi Gheniff. Des centaines de personnes l’ont accompagné à sa dernière demeure. Tous les visages étaient tristes et certains ont fondu en pleurs. «Je le connais très bien. Même si à plusieurs reprises, il n’a pas pu obtenir le visa, rien ne présageait qu’il allait passer à l’action. Nous nous amusions et nous parlions de ce phénomène, mais je ne croyais pas qu’il était vraiment tenté par une telle aventure. Le ciel nous était tombé sur la tête en apprenant cette mauvaise nouvelle, nous ne dormons plus», dira un de ses amis en pleurs. La journée de mercredi a été trop longue non seulement pour la famille du défunt, mais aussi pour toute la population du village et même des localités voisines. Les funérailles de Nassim étaient émouvantes. Cependant, il faut dire que son père, bien qu’il fût meurtri, était d’un courage exemplaire. «J’appelle la jeunesse algérienne à cesser d’aller mourir ailleurs. Notre pays est beau. Nous souhaitons que nos jeunes prennent conscience et fassent de leur mieux pour construire leur avenir dans leur pays. Qu’ils vivent ou meurent ici, chez eux, dignement. Ils n’ont pas de pays de rechange. Vive l’Algérie», dira-t-il la gorge nouée au milieu de centaines de personnes abattues par cette tragique disparition. On parle que d’autres jeunes de la région seraient aussi partis. Mais, personne n’a de leurs nouvelles. A rappeler que depuis la mort des deux autres jeunes à Azeffoun, la direction des affaires religieuses et des waqfs de Tizi-Ouzou a instruit tous les imams à consacrer leurs prêches de vendredi dernier à ce phénomène ravageur qui inquiète au plus haut point toutes les familles, quand on sait qu’elles sont endeuillées avec ces pertes d’Algériens de tout âge, où même les enfants et les filles ne sont pas épargnés.

Amar Ouramdane.

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