Un SDF pas comme les autres

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Dans la ville de Sidi Hend Awanou, Hocine Bouzerma du village Aït Attelli, dit “Niya”, reste à ce jour vivant dans la mémoire de cette contrée et ce, quatre années après son décès tragique. Il est parti le même jour que Lounès Matoub, un certain 25 juin 2002. Pour la même destination, mais dans des circonstances différentes. L’homme est typique. Grand buveur, les gens le surnomment d’ailleurs “Adnawi yiwet” (on s’en envoie une). Ce clochard différent des autres semait “ses vérités” à ceux qui voulaient bien l’écouter. Son ombre hante les souvenirs de tous les citoyens l’ayant approché et côtoyé. Ils se rappellent tous de cet homme “ténébreux” qui, longtemps a sillonné les rues et les sentiers de la ville. Les enfants étaient cruels, ils le pourchassaient à coups de pierres et d’injures. Mais son litre de rouge le consolait sans doute mieux que ne pouvait le faire aucun homme et alors, il s’en allait tranquille et guilleret, après avoir proféré une grosse injure. De tous les vagabonds qui jadis ont hanté la ville, c’est lui qui l’a le plus marquée. Sa disparition, un beau jour, qui ne l’avais pas remarquée ? Aujourd’hui, pour peu que l’on quitte ces rues du centre-ville et qu’on se hasarde un peu plus loin, c’est sur le sillage de sa silhouette déglinguée et en haillons qu’on le verra adossé au grand mûrier du parc qui, hélas ! n’existe plus aussi. Et peut-être que cette froissure, ici dans l’herbe de ce talus, n’est que l’empreinte de son corps ivre, qui a vacillé et bu goutte par goutte la rosée froide de l’aurore… Pauvre “Niya”, parti plus loin qu’un ticket de bus. Repose en paix, Hocine.

S. K. S.

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