’’Ne rien concéder sans contrepartie’’

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La Dépêche de Kabylie : quelle vision a le FCE de l’accord d’association avec l’Union européenne et de son adhésion à l’OMC, dont l’entrée en vigueur interviendra prochainement ?l Omar Ramdane : le FCE ne peut être que pour l’ouverture économique. Pour ces négociations comme pour d’autres, il faut d’abord défendre nos intérêts : ceux de l’économie nationale donc ceux des entreprises. En second lieu, il faut informer. Nous avons toujours revendiqué qu’il y ait d’abord une information à l’endroit de l’entreprise, pour qu’elle sache à quoi s’en tenir, connaître le contenu de l’Accord, sa portée, son impact, etc. comme vous le savez, un accord externe s’impose juridiquement aux lois internes. L’on est donc dans l’obligation d’en exécuter le contenu. Par ailleurs, nous devons bien nous préparer à cette ouverture.Donc, en premier lieu informer, en second faire des études d’impact de ces accords, et troisième se préparer à l’ouverture de notre marché afin de mettre tous les atouts de notre côté, et que cela soit profitable pour nos entreprises, qui auront l’occasion d’écouler leurs produits sur le marché européen à fort pouvoir d’achat. Mais cette transition ne doit pas se faire de manière brutale. Et aussi ne rien concéder sans contrepartie. Nous sommes donc partant pour l’accord d’association et l’adhésion à l’OMC, mais à condition que cela intervienne dans de bonnes conditions, sans céder sur l’essentiel qui fait notre économie. Ce sont des négociations, il faut donc défendre ses points de vue et ses intérêts, et aussi apprendre des expériences des autres. Il n’ y a aucune contrainte, aucune obligation quant à l’acceptation des termes de ses accords, tout vient par les négociations. En un mot, il faudrait donner sa place à l’entreprise algérienne et prendre en considération ses contraintes et ses problèmes. Car tout ce qui est entrepris dans le domaine économique concerne directement l’entreprise.

A ce propos, pensez-vous que les entreprises algériennes sont suffisamment préparées pour faire face à cette ouverture ?l Les entreprises algériennes ne sont pas suffisamment préparées à cette transition. Il n’y a aucune préparation face à la concurrence induite par l’ouverture. Déjà que les entreprises subissent de plein fouet les attaques sournoises du marché informel, qui leur fait perdre des parts de marché, du fait de la concurrence déloyale. Elles partent donc fragilisées avant même que l’ouverture effective n’intervienne. Très peu d’entreprises sont suffisamment préparées…

Et pourtant, les pouvoirs publics parlent des mesures qui visent la mise à niveau et justement la préparation des entreprises …l Mais quelles mesures ? Nous ne voyons rien venir. Citez-moi des exemples de ces mesures…

Les fonds débloqués par l’Union européenne dans le cadre du MEDA, ou ceux dont parle le ministre de la PME…l Au niveau du FCE aucune entreprise n’a bénéficié d’une quelconque mesure de ce genre. Il est vrai que l’on entend parler de cela, mais nous n’avons rien vu venir. Il se pourrait que cela a touché quelques dizaines d’entreprises sur des milliers.Mais je crois que ce sont uniquement des diagnostics. La mise à niveau est un énorme programme qui doit être mis en œuvre, mobilisant des capacités humaines, des moyens financiers, une programmation, un échéancier, une autorité qui pilote l’opération, un suivi, des bilans réguliers des entreprises…Mais cela n’a pas empêché les pouvoirs publics d’adopter une attitude rassurante et confiante. Espérons que l’avenir leur donnera raison …

Quelles solutions préconisez-vous pour assurer à l’entreprise une compétitivité et une survie après l’ouverture ?l La solution est de lancer des programmes de mise à niveau, avec tous les éléments que j’ai précédemment cité.Mais également débattre des procédures de mise à niveau, ce qu’on attend des entreprises, et aussi de l’apport des pouvoirs publics. Ainsi qu’un suivi qui doit être confié à un organisme, qui définira également le programme à appliquer.Chez nos voisins les Tunisiens, cette tâche est confiée aux banques. Cela doit être une vaste campagne de mise à niveau de l’entité économique, de son environnement, de l’administration économique et des douanes.Il est essentiel aussi de prendre en charge le contrôle de la qualité, de la normalisation, la législation, etc.Sans oublier le volet des ressources humaines et compétences managériales.Tous cela, pour donner des chances d’affronter sereinement la concurrence. Le FCE a émis des documents dans ce sens et définit des axes de travail.

Peut-on connaître les raisons de votre absence de la table des négociations de la dernière bipartite ?l Nous n’avons jamais assisté à une bipartite.

Vous avez, paraît-il, décliné l’invitation du chef du gouvernement pour prendre part à la prochaine tripartitel Nous n’avons pas été invité pour décliner ou accepter. Nous n’avons jamais pris part à aucune bipartite depuis leur lancement. Notre vocation ne nous permet pas d’assister à de telles rencontres. Le FCE est une association mais pas un syndicat.Nous sommes ainsi assujettis à la loi sur les associations, car nous dépendons du ministère de l’Intérieur et non pas de celui du Travail. Notre position a été la même avec tous les gouvernements qui se sont succédé.D’autre part, le FCE a été reçu par le chef du gouvernement. Nous avons émis des propositions, mais point de négociations ou de revendications.Il convient aussi de signaler que le FCE compte en ses rangs des sociétés publiques et privées à la différence des autres associations.

Qu’en est-il de la rencontre que vous comptez tenir en Algérie avec des chefs d’entreprises tunisiens et marocains sur la question de l’impact de l’accord ?l Oui, le Maroc et la Tunisie arrivent au terme du démantèlement effectif des droits de douanes. On souhaiterait entendre ces chefs d’entreprises sur leur gestion de cette ouverture, pour connaître les effets de l’application de l’accord avec l’UE : ses inconvénients et ses avantages, ainsi que son apport réel pour leur économie.Ce sont des expériences dont on peut profiter pour savoir ce qui nous attend…

Propos recueillis par Elias Ben

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