Malika Domrane triomphe à Ibn Khaldoun

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Une heure avant le début du spectacle, rien n’indiquait que la salle Ibn Khaldoun allait vivre un évènement important puisque les personnes qui se sont déplacées étaient rares tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la salle. Des fans que nous avions rencontré dans le hall de l’établissement culturel redoutaient même un échec que les uns et les autres mettaient sur le dos de la longue traversée du désert de Malika Domrane. Que non ! Il aura fallu seulement quelques minutes pour que la salle soit prise d’assaut. Des jeunes, des adultes et, surtout, des familles entières sont venues en masse pour écouter cette mythique dame que des générations entières n’ont jamais vue chanter. La salle devient noire du monde quelques instants seulement avant l’apparition de la présentatrice. Et les acclamations commencent. Mais les retentissements de la belle voix de Malika Domrane, qui a entamé son concert par un superbe ’’Acewiq’’ a donné le ton de ce que sera la soirée.Pour ne pas se fatiguer, l’artiste a choisi de séparer son concert en deux parties ce qui a donné au public l’occasion de redécouvrir, notamment parmi les adultes, les vieux tubes des années 1980. Des chansons comme ’’Ruh ruh’’, ’’Rêve d’adolescence’’, ou encore ’’Mazal’’ ont enflammé l’assistance qui répond tantôt par de acclamations tantôt par des youyous. Quant aux jeunes, c’était bien sûr l’occasion de danser et de se défouler, malgré les fausses notes de la sonorisation qui a rendu la voix de la chanteuse presque inaudible.La faille est quelque peu réparée lors de la deuxième partie du spectacle consacrée à la chanson engagée. Le bal était ouvert par l’inévitable ’’Tsuha’’ que l’assistance contonnait en même temps que l’artiste dans une ambiance bon enfant. D’autres chansons ayant trait à la cause identitaire et au combat des femmes ainsi qu’à l’exil ont été merveilleusement chantées. ’’Adhellaâ’’, ’’Tamazgha’’, ’’Ma hkigh-ak’’ ou encore ’’Nek lasel-iw imazighen’’ ont fait vibrer la salle sous les applaudissements et des youyous. L’émotion était cependant au rendez-vous quant les musiciens, superbement guidés par Arezki Baroudi, quittent la salle pour laisser Malika Domrane seule. Vêtue d’une robe berbère moderne, cette dernière donne libre cours à sa voix et récite, d’un ton angélique qui laisse penser à Taos Amrouche, une série d’acewik dédié à Matoub Lounès puis à toute la Kabylie. Le public était resté figé et écoutait de manière religieuse jusqu’à la fin. La salle se lève comme un seul homme pour crier ’’Imazighen, imazighen !’’ et ’’Assa, azeka, Matoub yella yella’’. Un rituel inévitable, bien entendu quant on connaît l’engagement de l’artiste et du public pour la cause amazighe. Ce n’était qu’une pause, puisque la joie et l’ambiance reprennent place juste après. ’’Je veux vous voir tous heureux’’ lance l’artiste au public. C’était le cas et les présents ont fait une autre découverte. Malika Domrane est aussi une bête de scène. Elle a rendu la joie à tout le monde. Ce n’était pas pour rien qu’elle a choisi de clôturer par un air de danse traditionnelle : ’’L’hara bada vudegh-as lbomba’’. Et pour ne pas décevoir ses fans, Domrane fait une promesse : ’’Je reviendrai’’. C’est promis. Mais en attendant, ce premier passage algérois s’est très bien passé. Elle a voulu redécouvrir la chaleur du public de son pays. Elle l’a eu. Elle n’est pas déçue. Le public aussi.

Ali Boukhlef

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