Engouement pour l’acquisition de la nationalité française

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Tous les moyens sont les bienvenus. Le mariage avec des binationaux et binationales, le droit légué par un père, une mère ou de grand-parents qui ont déjà une nationalité française. Des jeunes particulièrement fouillent dans les archives de leurs parents ou arrière-grands parents, dans l’espoir de dénicher l’oiseau rare, qui lui garantira une vie au soleil.Pour mesurer le degré de cette ambiance, nous avons effectué une virée dans le bureau de M. Bélaïd Bouraïne, écrivain public, spécialisé dans le domaine et qui se trouve à la cité EPLF de la gare routière de Tizi Ouzou. Dans la grande salle d’attente, l’on compte une quinzaine de clients qui attendent leur tour depuis le matin. Depuis ce matin, 35 jetons ont été distribués par la secrétaire de l’écrivain. Parmi les clients, l’on compte des jeunes filles et garçons et de vieilles femmes de la Kabylie profonde. Malgré qu’ils ne se connaissent pas, les discussions vont bon train entre les clients. Dans cette ambiance de bonne famille, les sujets évidemment sont tous liés à la nationalité, aux visas et à des pensions en devises. L’écrivain, jeune d’une quarantaine d’années, semble être noyé dans des liasses de dossiers et d’autres livres et documents de droits.“Nous recevons une moyenne d’une trentaine de clients par jour”, nous dit M. Bouraïne. En face de lui, une vieille femme d’une soixantaine d’années qui ne cesse de lui poser des questions. En tentant de lui expliquer une loi qu’elle vient d’apprendre ailleurs, l’écrivain l’interpelle : “Entre ce qui se dit dehors et ce que je vous dis ici, c’est différent. Ne prenez pas tout ce qui se dit dans la rue pour du vrai”, lance l’écrivain à l’adresse de la vieille, désemparée. Plus tard, il nous explique qu’il dit la vérité aux clients et qu’il refuse de profiter d’eux en les noyant dans de faux espoirs. Il accuse certains écrivains, non officiels, d’escrocs qui lancent des rumeurs au sujet de lois, dans le but de faire rentrer de l’argent et de dérouter les citoyens.L’écrivain qui a ouvert son cabinet depuis 2000, a été diplômé en marketing, mais sa passion pour l’écriture et le droit, ont fait de lui un écrivain affirmé. En plus des correspondances qu’il assure, relatives aux droits en Algérie, M. Bourraïne est spécialisé dans le traitement et le suivi des affaires avec la France. Dossier de nationalité, anciens combattants, plaintes de justice sont les affaires qu’il traite quotidiennement.L’écrivain déclare que la majorité des cas qu’il a traités ont connu des fins heureuses, notamment l’acquisition de la nationalité française pour ceux qui ouvrent droit.Cela sans omettre de dénoncer la discrimination exercée par l’administration française en matière de droits pour les Algériens comme c’est le cas des droits des anciens combattants entre les Français et les Algériens ayant combattu dans les rangs de l’armée française, particulièrement durant la Seconde Guerre mondiale. Selon lui toujours, l’administration française tente à chaque fois de dérouter le demandeur de ses droits. Pour exemple, il nous montre une correspondance-réponse du Consulat de France à Alger, qui a mis sur une fausse piste ce demandeur de nationalité française. Mais en bon connaisseur du droit français, l’écrivain réussit souvent à déjouer les embûches et les causes qu’il traite aboutissent souvent. C’est ce secret qui a fait de son cabinet une ruche qui attire du monde en quête d’une vie sous d’autres cieux.

Mourad H.

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