48e vendredi de marches

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Entamant leur marche bien avant l’heure habituelle, les Béjaouis

ont défilé, hier, pacifiquement dans les rues de la ville de Yemma Gouraya, pour un 48e vendredi de marches contre le système.

Pour la première fois, un dispositif policier a été déployé sur l’itinéraire de la marche. Fredonnant leurs slogans habituels, les marcheurs ont réitéré leurs revendications d’un État de droit et d’une justice indépendante.

Ouvrant la marche, des dizaines de manifestants, portant des gilets orange, agitaient des drapeaux algériens. Dans le cortège, d’autres jeunes manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir, tout en agitant des portraits de quelques rois numides et de chefs historiques de la glorieuse révolution de novembre 54. Sur une pancarte, un manifestant a repris la fameuse citation de Didouche Mourad : «Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires». Une manière à lui de rendre hommage à l’un des héros de la révolution algérienne et chef historique de la wilaya 2, tombé au champ d’honneur le 18 janvier 1955, à l’âge de 28 ans. Il s’agit aussi de dénoncer la dernière campagne d’injures et de dénigrement orchestrée contre des chefs historiques.

Arrivés au carrefour Matoub Lounès, les marcheurs ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir de Kabylie. Aussitôt, ils s’élancèrent de nouveau vers le boulevard Amirouche, en scandant «pouvoir assassin», «Dawla madania machi âskaria»… La manifestation d’hier s’est déroulée, comme à l’accoutumée, dans le calme et aucun dépassement n’a été enregistré.

A Bouira, la mobilisation est restée intacte, hier, pour le 48e vendredi consécutif de contestation populaire, à travers lequel les citoyens de Tuviret ont rendu un hommage particulier à un des valeureux martyrs de la révolution 54-62, Didouche Mourad. «Allah akbar Didouche Mourad !» a retenti dans le ciel de Bouira dès l’entame de la marche à laquelle a pris part Samira Messouci, figure du Hirak, et des milliers de citoyens et citoyennes venus des quatre coins de la wilaya pour réclamer un changement pacifique du régime.

L’importante procession humaine, dont les rangs ne cessaient de grossir au fur et à mesure, s’est ébranlée vers 13h30 à partir de la place des martyrs de la ville pour sillonner différentes artères du chef-lieu de wilaya. Tout au long de leur trajet, les marcheurs ont scandé des slogans appelant au changement pacifique, à la liberté, à un État civil et non militaire, et au départ des anciennes figures du système politique.

«Dawla madania machi askaria» (État civil et non militaire) (Echaab yourid el istiklal (le peuple veut son indépendance), «Nous voulons de nouveaux visages, un nouveau départ», étaient quelques-uns des slogans scandés par les marcheurs. Ces derniers ont également réitéré leur rejet du Président en place. Un Président qu’ils estiment «non légitime» car désigné par les militaires.

La marche d’hier était une occasion pour les hirakistes de réitérer leur rejet de toute idée ou forme de dialogue et d’insister sur l’absolue nécessité de remettre le pouvoir au peuple. Pour beaucoup de marcheurs, «le combat pacifique pour la libération du pays et du peuple doit continuer». «Je continuerai mon combat jusqu’à la dernière seconde de ma vie», est le message délivré par un citoyen sur une pancarte qu’il brandissait.

De nombreuses autres pancartes sur lesquelles ont été dessinés les portraits de Karim Tabou, Fodil Boumala, deux figures du hirak encore en détention, du moudjahid Lakhdar Bouregaa et de nombreux martyrs de la révolution, étaient également brandis par les marcheurs. Emblème national et drapeau amazigh étaient aussi présents lors de ce 48e vendredi de mobilisation.

La marche s’est poursuivie avant que la foule ne se disperse dans le calme vers 15h30. Dans la ville de Tizi Ouzou, c’est avec la même détermination qu’a eu lieu la 48ème marche populaire contre le système. Comme les précédents vendredis, les milliers de citoyens de toutes les catégories ont battu le pavé du chef-lieu avec les mêmes slogans et les mêmes revendications.

La principale revendication, une Algérie nouvelle sans les figures du régime qui a sévi durant des années. Et c’est dans une ambiance festive que les marcheurs ont emprunté la principale avenue de la ville des Genêts. La présence de l’emblème amazigh aux côtés du drapeau national rappelait la détermination des marcheurs à faire aboutir leurs revendications portées à bout de bras depuis le 22 février. La libération des détenus d’opinion fut le slogan phare de ce 48ème vendredi qui s’est voulu une réplique aux libérations des dernières semaines. Pour les marcheurs, «la totalité des détenus doit être libérée».

F. A. B. / D. M et K. B.

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