“Comment préserver le patrimoine berbère”

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Youssef Necib, M. A. Haddadou, M. Dourari et d’autres chercheurs ont animé de nombreuses conférences, hier à Bgayet, à l’occasion de la 2e journée du colloque organisé par le HCA sur le patrimoine amazigh. La présence de ces universitaires a permis de relancer le débat autour des questions sensibles inhérentes à la transcription de la langue amazighe et à son enseignement qui se concentre à hauteur de 94% dans la région de Kabylie.Le Dr Muhand Akli Haddadou, interpellé par des participants, a répondu clairement que le choix des caractères de transcription n’est pas du ressort des scientifiques. Il s’agit, selon lui, d’un choix idéologique et politique. Pour lui, le choix doit être une reponse à la demande sociale. D’autres intervenants ont abondé dans le même sens sur la nécessité de récolter et de préserver tous les éléments inhérents au patrimoine amazigh, à commencer notamment par les noms de lieux (toponymie), les prénoms berbères, les contes et poèmes… La présence de réalisateurs spécialisés dans le documentaire kabyle a permis de mettre en exergue l’importance de l’image et du son dans la préservation du patrimoine. Le doigt a été mis sur la difficulté de l’identification avec exactitude et certitude de l’origine berbère de certains noms qui peuvent aussi avoir une origine coranique, arabe ou biblique. De nombreux jeunes Bougiotes, s’intéressant de près au sujet du patrimoine amazigh, étaient présents dans la salle du Théâtre régional de Bgayet et ont posé de nombreuses questions aux conférenciers. La présence de séminaristes venus de la région chaouie, chenouie et mozabite a certes enrichi le colloque. Mais, en même temps, ceci a empêché un déroulement des travaux en langue kabyle. C’est le cas quand le chercheur Nouh a demandé à l’auteur en tamazight Hamid Oubagha de traduire sa question car il ne comprend pas le kabyle.Pour M. Assad Si El Hachimi, directeur de la promotion culturelle au HCA, l’essentiel à retenir de ce genre de rencontre, est de dégager en concert avec les spécialistes conviés des recommandations susceptibles d’être prises en compte par le HCA et le ministère de la Culture. “A travers ce colloque, nous voulons contribuer à l’effort fourmi par l’Etat dans le cadre de la valorisation de ce patrimoine, notamment depuis la ratification de l’Algérie de la convention de l’UNESCO. Beaucoup de choses ont été réalisées durant ces trois dernières années”, souligna M. Assad qui déplore l’indifférence des autorités locales, “pourtant conviées à prendre part aux travaux de ce colloque”. “Il est inconcevable d’admettre le désintérêt des responsables locaux pourtant chargés de cette mission noble : servir la culture et le cadre institutionnel”, précise encore notre interlocuteur.Ce colloque a permis aux peintres Hamouche et Hallou d’exposer leurs tableaux dans le hall du TRB. Pour sa part, Slimane Belharat a fait une vente-dédicace de son album de poésie. Mais la plus grande surprise du colloque est la présentation de la pièce Sinistre de Mohia.

Aomar Mohellebi

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