»Rien n’est officiel pour le moment »

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Au premier jour du Salon international de l’artisanat traditionnel (SIAT), dans sa 12e édition, l’heure est encore aux préparatifs et aux retouches de dernière minute. L’on s’affaire par ci et par-là à étaler ses produits, monter ce qui reste de son stand, ou tout simplement fixer les prix de cession. Hier encore, le personnel de nettoyage s’attelait à la tâche. Un dernier coup de balai avant le passage du ministre qui va inaugurer le salon. C’est devenu un quasi-rituel voire un consensus que chacun s’ « efforce » à respecter et à appliquer : ne pas être prêt le premier jour d’un salon ou d’une foire. Par la force des choses, le second jour a pris la place du premier. Une fâcheuse manie en passe de s’ancrer dans les habitudes de nos professionnels et autres responsables de tel ou tel organisme étatique. Et quand sait que les mauvaises habitudes ont la peau dure, le changement ne sera pas pour demain. Passons. Les Chambres de l’artisanat et des métiers (CAM) des différentes wilayas se sont taillées la part du lion des participants.Celles de la Kabylie étaient évidemment là. Notre volonté de savoir davantage sur l’éventuelle annulation de Fêtes de la poterie à Maâtkas et celle du bijou à Ath Yenni, annoncée dans nos précédentes éditions, nous a conduit au stand de la CAM de Tizi-Ouzou. Le représentant de celle-ci ne « sait rien sur le sujet ». Curieusement, il nous oriente vers le représentant de la Cam de Bgayet qui « en sait quelque chose ». Avant d’aller voir la personne, nous avons effectué un petit tour du côté des stands d’exposition de la CAM de Tizi.

Un tapis d’Ath Hichem en voie de disparition Mme Rahmani de Tizi est une artisane qui fabrique des robes kabyles, burnous et autres ensembles traditionnels classiques brodés avec « une touche de modernité ». Elle en est à saseconde participation au SIAT. L’artisane de Tizi déplore les prix élevés pour la location d’un stand qui s’élève à 12 000 DA. Un montant jugé peu accessible pour la majorité de ceux qui désirent venir au salon. Mme Hamouda, sa voisine, vient d’Ath Hichem, le pays du tapis traditionnel. Jovialement, elle nous explique les spécificités des tapis faits main de cette région de Ain El Hammam, et qui les rendent si particuliers. « Je vais vous montrer un tapis qui est en voie de disparition », nous dira la bonne dame en joignant le geste à la parole. Selon elle, ce tapis est tissé par des femmes « illettrées » car ne sachant pas compter. Ainsi, avec le temps, les seules personnes qui ont l’art de le fabriquer ne pourront plus transmettre leur savoir, puisque tous le monde s’intéresse aux autres genre de tapis. L’occasion est vite saisie pour évoquer les problèmes des artisans. Entre-temps, une autre dame arrive et « étale » son ardent désir de « déguerpir » de ce salon, elle qui vient juste de débarquer. On laissera tout ce beau monde pour voir du côté de la Maison Lahlou, un fabricant de couscous traditionnel roulé à la main depuis 8 ans. Dans le stand, on trouve plusieurs sortes de couscous, même celui de blé dur « bio ». L’un des représentants de cette Maison nous expliquera qu’ils font des « recherches » sur les ingrédients pour aboutir à des couscous de qualité.

Un sculpteur « sauveur » de bois Il s’appelle Benhamouche Chérif, il vient de Tazmalt, Béjaia. Au stand qu’il occupe, plusieurs œuvres d’art d’une beauté exquise sont exposées au grand plaisir de yeux. Anciennement diplômé des Beau Arts et professeur de dessin au lycée de Tazmalt, « cheikh » chérif nous apprend qu’il a récemment découvert et succombé à la passion profonde de sculpter du bois. « Je récupère ou plutôt je sauve le bois laissé par les autres ébénistes et menuisiers et je le transforme en beauté à ma façon », nous avoue-t-il sur le ton des passionnés fous de leur art. L’artiste travaille aussi à fabriquer des choses plus commerciales et moins artistiques pour gagner sa vie. Arezki Khendriche fait de la poterie. Cet originaire de Boghni, installé à Bouira avec son atelier de poterie depuis 1993, a pris part à tous les salons qui se sont tenus. Il a même participé à des manifestations organisées à l’étranger (France, Italie, Abou Dhabi…) pour présenter son produit.Le responsable de la CAM de Béjaïa nous dira, à propos de l’annulation éventuelle des fêtes du bijou et de la poterie, que « rien n’est officiel » pour le moment. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur cette affaire.

Elias Ben

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