13e anniversaire de la mort de Slimane Amirat

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Il est des personnes au quotidien qui marquent leur époque. Il est des hommes, au destin exceptionnel, qui en plus de laisser leur empreinte dans la société, laissent derrière eux une destinée inachevée. C’est le cas de Slimane Amirat qui, tout au long de sa carrière politique, n’a eu de cesse de revendiquer haut et fort son nationalisme et son désir de construire une Algérie moderne tout en lui préservant ses valeurs ancestrales.Slimane Amirat est né à Takerboust en 1927, issu d’une famille modeste, rien ne le prédestinait à devenir le grand homme que l’on connaît. Militant de la première heure, son engagement pour la citoyenneté et les valeurs républicaines lui valurent une carrière tumultueuse avec feu Abderrahmane Mira qui, remarquant le dynamisme de Slimane et ses qualités d’homme de terrain, le sollicitera pour se rendre en France afin de travailler à la sensibilisation de l’immigration algérienne en mars 1955. Slimane Amirat sera donc l’homme que choisira le FLN pour mettre sur pied et diriger les groupes de choc de la région parisienne afin de lutter contre les messalistes du MNA. Celui-ci s’acquittera de sa mission avec brio jusqu’en 1958 où il sera arrêté puis emprisonné, notamment à Constantine, puis à Djorf (M’sila). Durant sa détention, il organisera les prisonniers et fera de telle sorte de continuer la lutte en fournissant à l’ALN des médicaments et de l’argent. Libéré, il rejoint la France, muni de faux papiers et reprend la direction du groupe armé de la région parisienne. Il activera jusqu’en 1961 où un homme des troupes spéciales est capturé, il parlera et dénoncera Slimane Amirat qui sera aussitôt arrêté et connaîtra la torture des geôles françaises. Il sera libéré durant le cessez-le-feu et sera ensuite responsable des groupes armés à El Biar et Bouzaréah. Il fera face à l’OAS, et ce, jusqu’au conflit des wilayas. Après la prise de pouvoir par le groupe de Oujda et Ben Bella, Slimane fera un passage dans les forces de police à Tlemcen puis à Alger. Néanmoins, il sera de ceux, notamment, avec Krim Belkacem, Mohand Oulhadj et d’autres qui tenteront de créer l’UDRS. Il se retrouve ensuite au FFS, et sera condamné à mort par contumace dans le procès avec Aït Ahmed et Chabani. Il connaîtra alors l’exil jusqu’en juin 1965. Après le coup d’état militaire, entre Slimane et le nouveau régime le courant ne passera plus et il refusera toutes les propositions qui lui seront faites. De son côté, Aït Ahmed est toujours en prison et il n’apprécie pas que le conseil de la Révolution enferme autant de militaires. Slimane Amirat tiendra une agence d’assurance jusqu’en 1967. Pendant cette période, avec Krim Belkacem et d’autres militants de la cause nationale, il participera à la création d’un nouveau mouvement d’opposition qui est le MDRA et qui verra le jour le 18 octobre 1967. La réaction brutale et énergique du pouvoir fera qu’il sera arrêté le 10 juillet 1968. Tenu au secret pendant plus de 9 mois, Slimane sera jugé, puis condamné à la peine capitale par la Cour révolutionnaire d’Oran. Quatre années et demi durant, il restera enfermé au quatrième sous-sol de la prison militaire d’Oran, la tristement célèbre Santa-Cruz. Ses proches et ses amis lui demandèrent à maintes reprises de formuler sa demande de grâce à Boumediène, mais il refusa. Cependant, Slimane réclamera se droits de prisonnier politique ou, à défaut, l’application pure et simple de sa peine, c’est-à-dire son exécution. De ce fait, pour exiger ses droits, il fera successivement plusieurs grèves de la faim.La première de 17 jours pour ensuite en entamer une autre de 25 jours. Transporté pratiquement dans un état comateux à l’hôpital universitaire d’Oran, il sera transféré à la prison de Berrouaghia où il y restera pendant 2 ans, puis à El Harrach où il demeurera en détention 6 mois durant. Slimane Amirat sortira libre le 23 juin 1975, soit une semaine après le décès de son père. Pendant toute cette période, sa détention puis son arrestation en juillet 1968 et jusqu’après sa libération, Slimane sera étroitement surveillé. Il mènera alors lui-même le combat pour la libération de ses propres amis demeurés en prison. Il obtiendra leur libération et la réhabilitation de tous les membres du MDRA. Le combat, pour les idées qui étaient les siennes, continuera dès lors, sous une forme de semi-clandestinité jusqu’en 1989 et avec l’apparition du pluralisme politique, le MDRA est officiellement agréé et avec l’apparition du pluralisme politique, le MDRA est officiellement agréé le 19 janvier 1990. Cette dernière étape de la vie politique et publique de Slimane Amirat allait permettre au peuple algérien de saisir véritablement la dimension de celui qui fut un jour accusé et traité d’agent à la solde du sionisme international et de contre-révolutionnaire. Malgré les difficultés et les oppositions cachées qui se feront contre lui afin de le marginaliser, diminuer de son audience, Slimane Amirat ne saura ménager aucun effort pour œuvrer dans l’intérêt exclusif de l’Algérie. Il fut un acteur politique important et modérateur sur la scène nationale. Un homme qui, par ses valeurs morales et ses principes, saura se faire une place de choix dans le cœur de chaque citoyen algérien. Il sera l’homme vers qui l’on se tourne pour demander de l’aide. Une aide qu’il ne refusera jamais. Ammi Slimane mettra au service de son pays cette expérience de la vie acquise par la seule force de ses bras et par l’expression de sa volonté au service d’un idéal pur et dur. Un idéal partagé par les meilleurs fils de l’Algérie, un idéal tourné vers la construction de cette Algérie de rêves qu’il a emportée avec lui. Aujourd’hui, tout le monde garde de lui cette image d’homme intègre, véritable militant sincère exclusivement tourné vers l’Algérie, et tous garderont de lui cette parole qui concrétisera cet amour et donnera la dimension qu’il avait pour son pays : “Si j’avais à choisir entre l’Algérie et la démocratie, je choisirais l’Algérie”.

Hafidh B.

Fondation Slimane-Amirat

l Le 1er juillet, date anniversaire du décès de Slimane Amirat, la Fondation organise une journée commémorative.10 h : recueillement au cimetière El Alia 14h30 : à El Aurassi à cette occasion les amis et ceux qui connaissaient et appréciaient Slimane Amirat ainsi que la presse avec qui il avait d’excellents rapports sont cordialement invités à partager avec nous ces moments de souvenirs.

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