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Ces Kabyles d’Oran

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Bouzid le mélomane

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Il y a plus d’une heure que la nuit a envahi Oran, cette grande ville de l’ouest du pays, et pourtant le restaurant “Le mélomane», qui a pignon sur rue dans cette grande métropole, n’affiche pas encore complet en ce premier week-end du mois de juin. Comme si les clients se sont donnés le mot, en l’espace d’un quart d’heure, toute la salle est pleine à craquer et c’est le moment choisi par le patron, Bouzid, un Kabyle dont les parents sont partis de la région d’Akbou (Béjaïa) depuis des lustres pour s’installer à Oran, pour prendre le micro et chanter un tube de Tom Jones. Oui, ce gérant de restaurant est un véritable mélomane, il arrive à allier la bonne gestion à la belle musique. Non seulement, il propose au menu des plats succulents mais aussi, il berce sa clientèle sur les airs de Bachelet, Chuck Berry et autres. En chantant, Bouzid a toujours la main gauche dans sa poche, signe d’un amateurisme dans la chanson mais d’un professionnalisme dans la restauration. Au bon milieu de la soirée, il est rejoint par son ami de toujours, un cadre de l’administration locale, pour chanter en duo, coiffés de chapeaux de cowboys, des airs texans au grand bonheur des présents qui n’hésitent pas à les applaudir et encourager ce duo à continuer sur la lancée. Le relais est pris par un jeune Kabyle de Sidi Aich, chanteur amateur, qui fera danser la clientèle constituée d’Algériens, Portugais, Espagnols et Canadiens, avec des chansons algériennes notamment celles de Mohamed Allaoua. En fin de soirée, nous avons accosté Bouzid, qui parle parfaitement le kabyle malgré qu’il soit né à Oran pour connaître la recette utilisée pour préserver sa langue maternelle. “Tout d’abord, à la maison, on m’a toujours parlé en kabyle et ajoutez à cela la contribution de mon ex-associé l’oncle maternel du grand Lounis Aït Menguellet, qui m’a toujours parlé en kabyle», répondra le grand Bouzid à la mimique de Fernandel surtout quand il chante. Très aimable, ce Kabyle oranais a conquis le cœur de sa clientèle et de ses amis.

D’Ighil Ali à Oran

Derrière le comptoir de sa petite boutique, Khellaf s’affaire à servir sa clientèle en articles pour bébés en cette matinée du vendredi. Parlant parfaitement l’oranais, on n’aurait jamais pensé un seul moment, que ce jeune homme était originaire de la région d’Ighil Ali (Béjaïa). Parti à la fin des années 1940 d’Ighil Ali, son père, El hadj Mohand Ameziane, aujourd’hui âgé de 78 ans, a jeté son dévolu sur la ville d’Oran afin de chercher du travail comme il nous le dira à son arrivée à la boutique tenue par son fils. “C’est la famine qui m’a forcé au début à quitter ma région natale», grommela-t-il. Il dira aussi qu’au déclenchement de la guerre de Libération, il était retourné au pays pour apporter sa contribution à la révolution avant de revenir sur Oran à l’indépendance, pour s’y installer définitivement et travailler çà et là. Son fils Khellaf, né à Oran, parle le kabyle à la manière des émigrés car selon lui c’est l’influence de son entourage à prédominance oranaise qui en est la cause, malgré que ses parents continuent à lui parler en kabyle à la maison. Il dira aussi qu’il n’est plus retourné à Ighil Ali depuis une dizaine d’années pour prétendre prémunir sa langue maternelle. Ce qui est sûr, c’est que cette famille très pauvre à son arrivée à Oran a pu s’imposer et prospérer dans une région qui continue à se développer avec “ses Kabyles”.

Il est directeur de restauration au Royal Hôtel

Natif de la station balnéaire d’Aokas, Mohamed, diplômé de l’Institut du tourisme, est l’actuel directeur de restauration du grand hôtel Royal, classé cinq étoiles, propriété de l’homme d’affaires algérien, Djillali Mehri. Après avoir travaillé au Sofitel et au Mercure d’Alger et transité par Hammamet en Tunisie, Mohamed a atterri en 2006 à Oran pour contribuer à l’ouverture de ce grand établissement hôtelier situé à proximité du front de mer et du port. Existant depuis près d’un siècle, cet hôtel a été totalement retapé pour en faire un palace doté de plus d’une centaine de chambres et d’une vingtaine de suites seniors et juniors. Ses deux restaurants, l’un gastronomique, l’autre self-service, gérés par Mohamed le Kabyle englobent une quarantaine de maîtres d’hôtel et serveurs. “Nous formons, avec mes collaborateurs, une seule famille et l’esprit d’équipe n’est pas un vain mot», dira Mohamed pour qui l’hôtellerie est sa seconde famille. Vivant avec sa femme et son petit garçon prénommé Amayas à Oran, Mohamed ne rate aucune occasion pour rentrer à Aokas pour se ressourcer. Pour ce dernier, les sauts au bled sont plus que nécessaires car ces breaks permettent de replonger dans le travail avec plus de vitalité. Dans le domaine de l’hôtellerie, nous avons remarqué lors de notre virée oranaise, que la majorité des personnels étaient des régions de Tizi-Ouzou et Béjaïa.

A. Gana

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