« Il n’est pas question de céder à une quelconque contagion démocratique »

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Pour la seconde fois en l’espace d’une semaine, le président du Front Des Forces Socialistes (FFS) donne son analyse de la situation politique qui prévaut au double plan national et international.

Hocine Ait Ahmed rappellera à l’occasion, ses propositions pour un « changement pacifique » qui passerait par l’élection d’une assemblée constituante. Une assemblée qui marquera la « refondation institutionnelle » d’une république et qui jettera les jalons d’un système démocratique.

Le leader du plus vieux parti de l’opposition en Algérie réaffirme à l’occasion qu’il n’y a pas lieu de « céder » à une « contagion démocratiques ». Dans un message adressé aux algériens intitulé Hocine Ait Ahmed est revenu longuement sur sa conception du changement politique en Algérie.

Il a affirmé que même si « La crise algérienne s’inscrit naturellement dans le cadre des crises en cours. », le pays ne doit pas copier mécaniquement ce qui se passe ailleurs « il n’est pas question de céder à une quelconque ‘ contagion démocratique’ ». Pour le chef charismatique du FFS, « l’alternative doit s’inscrire dans une logique pacifique et d’indiquer clairement la voie de la construction politique en alternative à la voie de la confusion et de la violence. ». Ait Ahmed rappelle, à ce propos, sa vision d’un changement qui devra passer, inéluctablement, par la voie pacifique « Il est plus que jamais temps de mettre à nu les pratiques de dépolitisation et de désarmement moral propagées par les tenants de la violence. » et d’indiquer dans la foulée « Trop pressés de substituer leur agenda à celui de la société ils ont voulu profiter de quelques confusions médiatiques soigneusement entretenues pour semer encore une fois le trouble. ».

Évoquant les systèmes politiques post- coloniaux Ait Ahmed estime que c’est sur « un socle d’amnésies successives que les régimes autoritaires post- coloniaux ont bâti, en Afrique et dans les pays arabes, des légitimités factices. C’est sur ces amnésies que des générations de cliques arrogantes et prédatrices se sont arrogé le droit de cracher un révisionnisme insultant à l’égard de nations bafouées ».

Un révisionnisme qui ne consiste pas, aux yeux d’Ait Ahmed, à « seulement » nier les luttes populaires d’hier mais consiste également à « à refuser aux peuples de leur reconnaître, aujourd’hui, les qualités de maturité d’unité de solidarité et de lucidité dont ils ont su être capables hier. ».

faisant allusion à « l’agitation » qui s’est emparé d’un cercle politique qui a fait des action « faussement spectaculaire » son cheval de bataille, le leader du FFS affirme que le sens des marches qui doivent se faire ne devra pas se cerner en un « simple footing en vile » soutenant, dans ce sillage, que le peuple algérien n’a pas attendu pour lancer sa quête d’un meilleurs cadre de vie dans son sens le plus large « Il ya plus d’un siècle que les algériens ont entrepris leur longue marche vers la liberté et la dignité dans leur acception politique moderne. (La marche est ici entendue dans son sens de mise en mouvement d’une société engagée en profondeur et non pas un bref footing en ville). » Écrit Hocine Ait Ahmed. Ce dernier critiquera ceux qui veulent servir « l’odieux dessein » de couper les générations en tranches jetables « Le combat pour l’indépendance nationale et le combat pour la démocratie sont indissociables. Ceux qui ont cru que l’une pouvait faire l’économie de l’autre ont fait la preuve de leur échec. » Notera t-il. Dans le même sens, Ait Ahmed reviendra sur les déclarations faites ces derniers jours par un certains, nombre d’acteurs politique affirmant que le « mur de la peur a été brisé par les récentes initiatives politiques ». Pour lui, casser le mur de la peur c’est ce qu’ont fait « les familles de disparus depuis des années en bravant la répression et les interdits, les avocats qui les ont soutenues et aidé à porter leur combat dans toutes les arènes nationales et internationales, les familles de victimes du terrorisme, les jeunes de Kabylie en 2001, les jeunes de Ghardaïa, de d’Ouargla, des Aurès, de l’Oranie, de Constantine, les femmes de Hassi Messaoud traquées et violentées qui ont osé défier la loi de l’omerta. Des syndicats de l’éducation, certaines associations… »

Et de préciser que « même si cela n’a pas fait tomber le régime cela à participé à mettre en évidence ses tares et ses faillites ».

Cependant, le président du FFS regrettera que « le mur de la peur ait été remplacé et aggravé au plus profond de la société par un mur de lassitude et de dégoût devant la vénalité et la vassalité des fausses élites imposées à l’ombre de la terreur, de la mafia politico financière, des élections truquées, des médias sous haute surveillance. ».

A l’aune des révolution tunisienne et égyptienne dont la proximité un coup d’accélérateur à l’histoire le « contexte international du 21ème siècle ne peut plus se suffire des dictatures impopulaires et corrompues du siècle précédent. », Ait Ahmed estime que l’auto- détermination est partout à l’ordre du jour « C’est pour l’empêcher que des solutions illusoires sont montrées par les mêmes vieilles officines qui ont fait le malheur de ce pays. Des solutions qui mettent de nouveau de côté la mobilisation de la société et son organisation pacifique. » Fera t-il remarquer.

“Les unions sacrées et les faux consensus ne donnent que de faisses solutions”

Une autodétermination qui peut s’exprimer par un bulletin de vote mais dans des circonstances historiques, pour mettre fin à une guerre de décomposition sociale, l’autodétermination du peuple s’exprime, selon Hocine Ait Ahmed par une large mobilisation « de toutes les composantes de la société à l’intérieur de tous les cadres qui sont à sa portée. ». Elle doit à ce propos s’écrire en « chaque chose petite et grande de la cité ».

Une démarche qui imposerait une implication citoyenne loin des appartenances folkloriques « que chaque algérien apporte et assume sa part dans la construction et la sauvegarde de son pays. Une part qui ne peut se résumer au soutien apporté à une équipe de foot- ball ou à un drapeau accroché à un balcon. ». Pour aboutir un une autodétermination qui permettra une sortie de crise par le biais d’une assemblée constituante, le leader du FFS propose une réhabilitation du politique « que la politique redevienne un acte non coupé de -la pratique citoyenne effective » ajoutera –il.

Le déclenchement d’une dynamique de débat national qui porte sur les préoccupations quotidiennes des citoyens ainsi que la participations des différents pans de la société aidera à enclencher cette nouvelle dynamique du changement.

Omar Zeghni

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