La famille du défunt décide de porter plainte

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La famille de T.Hocine, 39 ans, originaire du village de Ath Saada à Tadmait, dont le corps a été retrouvé pendu à un arbre à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique de Oued Aissi a décidé hier, de porter plainte contre l’établissement hospitalier pour « grave négligence ».

C’est du moins ce que nous a appris l’un des cousin du défunt. Les premiers éléments de l’enquête indiquent, à ce propos, que le patient a été retrouvé avez sa tenue d’hôpital. Ceci au moment où les médecins résidents en psychiatrie ont dénoncé dans un rapport interne ce qu’ils ont qualifié de « comportement contraignant » de certains médecins spécialistes de l’EHS Fernane Hanafi, dénonçant au passage les phénomènes d’absentéisme de ces même médecins et de l’activité complémentaire qui conduit, selon eux, à l’abandon du malade.

Ils étaient tous là depuis la matinée pour attendre les conclusions du rapport d’autopsie. Les proches parents de T. Hocine, 39 ans, n’ont pas caché leur colère vis-à-vis de ce qu’ils qualifient de « grave négligences » dans cet établissement hospitalier. « Nous n’allons pas nous arrêter là. On déposera une plainte contre la direction de l’établissement pour négligence. On ne baissera pas les bras. Les circonstances de la mort de notre cousin sont condamnables et inacceptables » déclare un des cousin de Hocine rencontré hier au niveau du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, au moment où les proches parents de la victimes attendaient le rapport d’autopsie qui a été pratiquée hier par les médecins du service de la médecine légale.

Il faut dire que la tension était palpable au près de la famille du défunt « on ne comprend toujours pas comment on en est arrivé là. Je ne comprend pas comment un patient qui meurt dans une structure de santé publique ne soit découvert que plusieurs jours après. C’est grave. C’est révélateur d’un mode de fonctionnement qui n’arrange nullement les malades. Nous allons suivre le dossier non seulement pour demander réparation mais aussi pour que ça ne se reproduise plus avec d’autres patients. Que ces négligences cessent à jamais dans nos établissements de santé. Comment un corps décomposé n’a pu être découvert ? », fulminera l’air abattu un autre proche de Hocine.

Ce dernier a été hospitalisé selon les déclarations de ses proches, en début du mois de juillet dernier, « le premier jour il a fugué mais il a été réadmis le lendemain dans la même structure. L’infirmier qui était à la réception m’a signifié qu’il s’agit d’un patient agressif », a déclaré un cousin du défunt qui dit l’avoir accompagné pour sa deuxième admission. Cependant, nos interlocuteurs expliquent que la mère de Hocine qui s’est déplacée le 9 juillet dernier pour lui rendre visite aurait été informée de l’absence de son fils qui aurait fugué.

Deux jours après, soit le 11 juillet, elle décide de passer à la brigade de gendarmerie de Draa Ben Khedda pour signaler la disparition de son fils et lancer un avis de recherche. Depuis, indique l’un des cousin de la victime, « aucune nouvelle ni contacts avec la structure de santé » jusqu’à la veille de la découverte du corps décomposé du défunt pendu à un arbre à proximité du pavillon 4 de la psychiatrie » un responsable de la psychiatrie nous a appelé pour prendre des nouvelles plusieurs jours après la disparition de notre frère. » ajoute notre interlocuteur. Le lendemain, soit dimanche 21 août, plus d’un mois après sa disparition, le corps de T. Hocine a été retrouvé pendu à un oranger dans un état de décomposition avancée. Les premiers éléments de l’enquête dont nous disposons indiquent que le défunt a été retrouvé vêtu de la tenue de patient. La famille du patient sollicite, comme nous l’ont déclaré hier plusieurs de ses membres, « une commission d’enquête sur ce drame » et d’ajouter « nous sommes prêts à solliciter un rapport d’expertise indépendant si l’autopsie ne donne pas le maximum d’éléments d’informations sur les circonstances du décès ».

Furieux, un autre proche parent de la victime a tenu à dénoncer les « conditions d’hospitalisation dans la même structure qui désavantagent les patients avec l’absence répétée des médecins notamment. ».

Le SOS des médecins résidents en psychiatrie !

Ce point a été abordé également par les médecins résidents en psychiatrie du même établissement. Dans un rapport daté du 18 Août dernier et adressé au directeur général du CHU de Tizi Ouzou, à la direction de la santé publique et au doyen de la faculté de médecine et dont la Dépêche de Kabylie détient une copie, une vingtaine de résidents en psychiatrie a dénoncé « avec force » la situation qui perdure à l’EHS Fernane Hanafi depuis plusieurs mois.

Les médecins résidents n’ont pas manqué de citer des phénomène « bloquants » qui ont sensiblement handicapé la bonne marche de la structure à l’image de l’abandon des malades mais surtout l’absence de certains médecins spécialistes du service. « A notre étonnement, des agissements de certains médecins spécialistes ayant joui durant des années de beaucoup de privilèges, de l’activité complémentaire à l’abandon du malade et leurs absence du service d’hospitalisation à l’EHS reposant leurs fuite sur notre dévouement à l’égard du malade et profitant de notre sagesse et notre volonté de réussir » lit on sur le rapport. Ce dernier signale un incident survenu le 10 août dernier au niveau du pavillon III lorsqu’un médecin spécialiste aurait donné instruction à « l’ensemble du personnel paramédical du pavillon II d’empêcher les médecins résidents de travailler à l’intérieur de son bureau », un comportement , jugent les signataires de la pétition, « contraignant » et qui « entrave l’accomplissement de nos taches quotidiennes au niveau du pavillon », car estiment ils, cette mesure les empêcherait d’un « endroit d’entretiens et d’examen ». Les médecins résidents en psychiatrie sollicitent ainsi des responsables du secteur une « intervention afin de nous assurer un climat de travail favorable et ce pour une meilleure prise en charge des malades » concluent les rédacteurs dudit rapport.

A signaler que toutes nos tentatives de joindre les responsables de l’EHS Fernane Hanafi de Oued Aissi pour avoir leur version des faits sont restées vaines.

Omar Zeghni

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