Absence de visibilité au sommet

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Face aux difficultés rencontrées dans sa quête à former «un gouvernement de technocrates», Bedoui se retrouve contraint de remettre sur scelle les ministres d’Ahmed Ouyahia, en instance de passer le témoin.

Les signes d’une démarche qui s’est corsée depuis le début pour Bedoui se sont affirmés après l’expiration du délai qu’il s’est lui-même fixé. C’est durant ce week-end que le Premier ministre, qui s’est rendu à l’évidence de la difficulté de convaincre des personnalités à adhérer à son équipe, a fait appel aux ministres du gouvernement Ouyahia, restés en stand-by bien qu’ils aient tous emballé leurs cartons.

C’est ce que nous révéla, hier, une source très proche d’un département ministériel qui affirme l’information. Le Premier ministre, qui s’est donné un délai d’une semaine maximum, lors de la conférence de presse conjointe avec son vice-Premier ministre, pour former son gouvernement de technocrates, suggéré par le président de la République dans sa lettre du 11 mars, peine à le constituer, d’où ce rappel, somme toute attendu, de l’ensemble des ministres en poste.

Ces derniers, qui n’ont pas quitté leurs départements respectifs après la démission de leur chef de l’exécutif, sont restés en veilleuse dans l’attente d’être remplacés. D’ailleurs, nombre parmi eux ont rangé leurs affaires personnelles dans l’attente d’une éventuelle séance de passation de consignes qui, finalement, n’est pas arrivée. Le duo Bedoui – Lamamra, qui aurait contacté plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles des binationaux, alors que la loi ne leur permet pas d’occuper les hautes fonctions de l’État, devront-ils annoncer leur échec à présenter de nouveaux visages neutres et intègres dans leur gouvernement ?

Tout porte à le croire, bien que rien ne dit qu’une nouvelle équipe pourrait être formée avant le 28 avril prochain, date de fin de mandat constitutionnel d’Abdelaziz Bouteflika. Mais au rythme où vont les démarches de Bedoui, il est aisé de parler, d’ores et déjà, de l’achoppement du plan de transition contenu dans la feuille de route de Bouteflika, qui a chargé son ministre de l’Intérieur de mener une partie du plan en se faisant seconder par le revenant Lamamra, pendant que les démarches et contacts en vue d’organiser la Conférence nationale inclusive ont été confiés, officieusement, à Lakhdar Brahimi.

Le quatrième vendredi de colère, qui avait rassemblé, selon des chiffres avancés par diverses sources, plus de 15 millions d’Algériens dans les rues de l’ensemble des wilayas du pays, semble avoir découragé Bedoui à poursuivre ses contacts, pour former son gouvernement et précipiter le départ de Brahimi.

Les manifestations d’avant-hier, 5e vendredi de protestations populaires, a fini d’achever tout espoir de réaliser le plan de transition, du moins à l’heure actuelle. D’aucuns parmi les personnalités et organisations syndicales et professionnelles destinataires d’invitations à la chefferie du gouvernement ont répondu par la négative. Il est ainsi difficile d’imaginer une quelconque personnalité ne faisant pas partie du système politique décrié par le peuple se précipiter au portillon d’un quelconque ministère en ces temps de rejet massif de tout ce qui représente le gouvernement et ses démembrements.

M. A. T

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