En hommage aux martyrs du Printemps noir

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Un vibrant hommage a été rendu aux martyrs du Printemps noir en Kabylie lors de la marche d’avant-hier dans la wilaya de Boumerdès. Ils étaient des centaines de milliers de personnes à battre le pavé pour le neuvième vendredi de mobilisation contre le système en place. Vendredi dernier a coïncidé avec la double commémoration du Printemps noir 2001 et les évènements de 1980, deux dates inoubliables dans l’histoire contemporaine du pays lorsque le pouvoir autoritaire avait réprimé dans le sang les révoltes des citoyens en Kabylie qui réclamaient la démocratie et les libertés ainsi que l’identité amazighe.

La marche s’est ébranlée à partir du siège de la daïra pour sillonner plusieurs axes routiers du centre ville de Boumerdès où plusieurs groupes de personnes tout âge confondu, des deux sexes, commençaient à affluer massivement dans chaque halte de la procession. L’un des manifestants qui scandait « pouvoir assassin », a brandi un portrait de plusieurs martyrs du Printemps noir de 2001 dont Guermah Massinisa, le premier à avoir été froidement abattu dans une brigade de gendarmerie nationale à Béni Douala.

Un carré de manifestants brandissait une banderole noire pour rappeler que le peuple algérien n’a pas oublié les 127 martyrs tués par le pouvoir de Bouteflika en 2001. « Aujourd’hui, le pouvoir n’a et n’aura pas de cartes à jouer contre ce seul peuple qui a su se révolter contre lui. Ils ont longtemps utilisé la carte de la division pour régner. Le pouvoir de Bouteflika avait utilisé la carte régionalisme pour diviser le peuple, mais maintenant, les plans de ce pouvoir maffieux sont débusqués et ils n’ont qu’à dégager », lance Ahmed, un étudiant.

Les manifestants ont tonné des slogans anti système dans les rues de l’ex-rocher noir. « Ni Gaid Salah, ni Bensalah, le peuple veut un président Salih (propre) », lit-on sur une pancarte brandie par un jeune homme qui a appelé l’armée à cesser d’intervenir dans le politique. Un autre manifestant a tiré sur la désignation de Fennich à la tête du conseil constitutionnel, une désignation anti constitutionnelle car il n’a pas été désigné par contre il est l’un des deux élus par le conseil d’État.

Celui qui devra présider ce conseil doit être désigné. «Le pouvoir est tombé », selon Rabah, un militant de gauche qui ajoute : «La contestation se propage d’un jour à l’autre contre ce pouvoir illégitime. Au cours de la semaine, plusieurs grèves ont été observées alors que les avocats ont gelé les activités dans les tribunaux et les étudiants ont défié avec un seul homme la peur. Même, les P/APC étaient du côté du peuple et refusent d’organiser les élections présidentielles programmées par ce pouvoir mafieux qui doit partir tôt ou tard ». Plusieurs autres localités ont vibré, par ailleurs, aux rythmes des marches contre le système en place qui ne cesse de provoquer la population par les fermetures des axes routiers et des infiltrations au niveau des barrages de sécurité de gendarmes.

Une autre marche hier pour que nul n’oublie…

Des dizaines de citoyens ont marché hier encore dans la wilaya de Boumerdès pour commémorer le double anniversaire du Printemps berbère de 1980 et du Printemps noir de 2001. Les habitants de l’ex-Rocher noir n’ont pas oublié ces deux évènements ayant marqué la lutte pour l’identité amazighe. Ils n’ont pas oublié non plus les martyrs de ces deux évènements ayant émancipé le combat identitaire et démocratique dans le pays.

C’était il y a 39 ans, une conférence de Mouloud Mammeri avait été interdite par le wali de Tizi-Ouzou pour donner une étincelle d’une révolution identitaire loin de s’essouffler malgré la répression du pouvoir en place. Cette répression s’est reproduite à chaque fois que le combat identitaire refait surface. En 2001, la répression du pouvoir en place dont certains responsables sont en vie et exercent encore de haut fonctions de l’État, a fait 128 martyrs tués froidement par des gendarmes. Hier, une marche a été organisée au centre-ville de Naciria, à l’Est de Boumerdès, pour rendre hommage aux victimes de la démocratie et commémorer ainsi ces deux dates ayant marqué le combat identitaire dans le pays. Les manifestants ont arpenté toutes les ruelles de la ville de Laaziv scandant des slogans anti-pouvoir en place et réclamé justice sur l’assassinat des 128 jeunes hommes en Kabylie.

Des pancartes sur lesquelles sont écrits des slogans comme «Pouvoir assassin», « Ulac smah, ulac», «Mansussem ad g mhun», «Assa azzeka tamazight tella tella». Emballés de drapeaux nationaux et emblèmes berbères, les manifestants ont chanté en chœur les slogans répétés par les manifestations anti système en place, enclenchées le 22 février dernier. «Le pouvoir en place a fait en sorte que l’emblème amazigh ne flotte pas encore.

Le message d’hier à partir de plusieurs régions du pays, telles Alger, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bordj Bou Arreridj, était fort où des manifestants ont exprimé leur combat aux côtés des démocrates pour l’identité amazighe», lance un manifestant. La présence massive de l’emblème amazigh est l’unique réponse à ce pouvoir mafieux qui veut jouer sur la division pour affaiblir la révolution citoyenne et régner encore. La manif s’est déroulée pacifiquement et aucun incident n’a été enregistré.

Youcef Z.

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