La CRMA sensibilise les éleveurs

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La Chambre d’agriculture, la CRMA locale, l’association des éleveurs et le conseil interprofessionnel des éleveurs de la wilaya de Bouira ont organisé, hier matin, une journée de sensibilisation auprès des éleveurs, afin de les inciter à assurer leurs cheptels. Les nombreuses maladies qui ont sévi ces dernières années ont en effet causé la perte de nombreuses têtes ovines et bovines.

Pour Becheur Mohamed, directeur de la CRMA de Bouira, ces rencontres avec les agriculteurs sont très habituelles, mais pour cette année, il y a une nouveauté avec la signature d’une convention entre le Conseil interprofessionnel des éleveurs et la Caisse Nationale de Mutualité Agricole. «Cette convention comprend des avantages tarifaires, c’est-à-dire des réductions en matière de coût de l’assurance jusqu’à 50%, ainsi que des avantages en matière d’accompagnement par nos vétérinaires employés de la CNMA.

Donc, c’est dans ce cadre-là qu’on essayera d’expliquer aux éleveurs adhérents au Conseil interprofessionnel des éleveurs que nos vétérinaires effectueront des visites périodiques sur sites pour les orienter, les assister et les tenir informés des normes d’élevage en cas de pathologies et leur prodiguer des conseils pour la bonne tenue de leurs élevages», expliquera M. Becheur.

Le responsable indique que, ces derniers temps, un recul a été constaté en matière d’assurance d’élevage. «Ce recul est justifié par deux facteurs. Premièrement, les éleveurs assurés ont considéré que le tarif était un peu cher par rapport à leurs capacités financières, et deuxièmement nous avons remarqué que beaucoup d’éleveurs ont abandonné la filière ne pouvant assumer les charges.

Notre démarche est donc de les inciter et les sensibiliser, en leur expliquant que l’assurance est désormais moins couteuse», précise le directeur de la CRMA de Bouira. «Il faut rappeler que de nombreux cas de fièvre aphteuse ont été enregistrés dernièrement et les éleveurs ont été indemnisés en l’espace d’une quinzaine de jours après l’abattage de leurs bêtes. Ils l’ont été de manière conséquente, jusqu’à 32 millions de centimes pour une vache.

Cela pour permettre à l’éleveur de racheter une autre bête», soulignera-t-il. Nous apprendrons lors de cette journée que rien que pour l’exercice 2018, la CRMA de Bouira a déboursé 3 milliards de centimes en matière d’indemnisation, uniquement pour le volet des assurances animales, essentiellement l’ovin et le bovin. «Notre objectif est de convaincre les éleveurs de l’intérêt de s’assurer, pour que le risque soit mutualisé.

D’autant plus que nous avons enregistré beaucoup de maladies ces derniers temps, comme la peste des petits ruminants et la fièvre aphteuse, des maladies qui reviennent régulièrement. Les agriculteurs, particulièrement les éleveurs, ont tout intérêt à s’assurer, afin d’être indemnisés et reprendre leurs activités dans de très brefs délais. Notre engagement vis-à-vis d’eux est que ce délai n’excède pas les 15 jours après l’abattage des bêtes ou le constat de mortalité», indiquera M Becheur.

Dans la salle, et parmi les dizaines d’éleveurs présents, nous avons rencontré Mme Chaouche Chabane Dahbia, une éleveuse de Taghzout, venue prendre part à cette journée par «simple curiosité», étant donné qu’elle a depuis quelque temps décidé d’arrêter son assurance auprès de la CRMA de Bouira. Biologiste et contrôleuse de qualité et analyse alimentaire de formation, et après 10 années passées dans une fromagerie privée en tant que responsable de production et de qualité, Mme Chaouche Chabane n’est pas une éleveuse lambda.

Après avoir monté son projet grâce à l’ANSEJ elle est actuellement en pleine expansion après avoir remboursé son crédit. Avec un cheptel de 12 vaches elle fait également l’engraissement des veaux pour les boucheries, alors qu’elle garde les génisses pour produire du lait. «J’ai été confrontée à des pertes, bien que mon cheptel fût assuré auprès de la CRMA. J’ai perdu une vache assurée, et le jour de l’abattage on a refusé de me rembourser sous prétexte que la vache était atteinte de tuberculose.

Chose que j’ai réfuté car je suis biologiste et ses organes céphaliques étaient asséchés. Après ce douloureux épisode j’ai quitté la CRMA pour assurer mon cheptel auprès d’une autre assurance. Je suis revenue aujourd’hui pour voir si la CRMA propose des nouvelles clauses avec la couverture pour la brucellose ou la tuberculose, maladies qui n’étaient pas incluses auparavant.

Je voulais aussi savoir si d’autres produits sont plus concurrentiels pour bénéficier d’une assurance correcte», nous a-t-elle expliqué. Notre interlocutrice proposera même de réaliser les analyses à Bouira pour dépister les cas de brucellose ou d’autres maladies : «Nous n’avons pas de laboratoire d’analyse vétérinaire à Bouira et les prélèvements sont envoyés à Draâ Ben Khedda.

Lorsque des échantillons sont prélevés le dimanche, ils restent au frigo le temps de regrouper tous les échantillons à travers la wilaya de Bouira, ensuite les services de la DSA les envoient à Draâ Ben Khedda, dès que le véhicule est disponible. Imaginez ce scénario au mois d’août. Je suis biologiste et je sais de quoi je parle. Normalement, l’échantillon doit être analysé au maximum une à deux heures après le prélèvement.

Au début de mon activité j’ai eu des cas de brucellose dans mon élevage et quatre têtes ont été abattues alors que je m’y opposais. J’ai même demandé qu’on refasse les analyses pour leur prouver que mes bêtes, qui allaient mettre bas, n’étaient pas atteintes, mais en vain», déplore Mme Chabane Chaouche.

La rencontre d’hier a permis aux éleveurs d’exprimer pleinement leurs préoccupations professionnelles et les responsables de la CRMA ont promis de les accompagner pour améliorer le suivi du cheptel à travers des journées de sensibilisation et de formation qu’organise régulièrement la Chambre d’Agriculture de Bouira.

Hafidh Bessaoudi

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