La difficile concertation autour du zoning

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Financée par le fonds mondial pour la nature (WWF Nord africain) dans le cadre de son projet MEDMPA Network, une rencontre a été organisée, jeudi dernier, par le Parc National de Gouraya (PNG) au niveau de son siège sis à Mezaïa. La rencontre a regroupé les fonctionnaires du PNG, à leur tête Moussa Haddad, le chef de cabinet du wali, le chef de daïra de Béjaïa, la corporation des pécheurs, la représentante du CNL, le président de la chambre de la pêche et plusieurs associations activant dans le domaine de l’environnement.

Lors de la rencontre, les débats furent houleux mais enrichissants entre les différents usagers de la mer dans le but d’aboutir à un zoning concernant la future aire marine protégée de Gouraya. Les aires marines protégées (AMP) sont des lieux en mer et sur le littoral placées sous protection et gérées en raison de leur importance écologique. Grace à une gestion efficace, elles protègent la vie marine, garantissent les moyens de subsistance des pécheurs, stimulent l’économie locale et offrent aux touristes la priorité de se retrouver avec la nature.

Cette double importance des AMP sur la vie socio-économique et sur l’environnement, car les deux sont indissociables, a imposé l’utilité d’un débat avec tous les usagers de la mer dans le but de fédérer le maximum d’acteurs autour de ce projet. Cette rencontre, justement, fut l’occasion pour les participants de débattre des résultats de deux études sur la zone de la future AMP. L’étude socio-économique traitant du rôle de la zone dans l’activité économique et sociale a été réalisée et présentée par l’équipe de la consultante Mme Boumaour, alors que l’étude environnementale qui s’est focalisée sur l’état de l’écosystème et de la biodiversité de la même zone fut présentée par sa réalisatrice Mme Laouti Souad, consultante et membre du CNRDPA.

De l’avis de tous, l’idée de l’implantation de cette aire marine protégée à Gouraya a été bien accueillie par les usagers de la mer, qui avaient participé aux études et aux débats, mais le consensus autour de sa délimitation reste difficile à atteindre vu les intérêts contradictoires des uns et des autres. La zone proposée pour cette future AMP s’étend sur 12 km, de cap Bouak jusqu’à l’ilot à l’ail à Boulimat. Elle se composera d’une zone intégrale, où toute activité serait prohibée, celle-ci serait protégée par une zone tampon où les activités seraient sur-réglementées et d’une zone périphérique, dite de transition, où seulement certaines activités néfastes à l’écosystème seraient interdites.

Selon les propositions, l’ile aux pisans (Nezla) sera au cœur de la zone intégrale. Durant les débats, les pécheurs qui se soucient déjà de la réduction de leur zone de pêche, ont exprimé leur inquiétude face aux restrictions supplémentaires que leurs imposeraient cette AMP au moment où douze fermes aquacoles, d’une vingtaine d’hectares chacune, seront opérationnelles dans un avenir proche du côté de Saket. Pour les professionnels de la pêche à Béjaïa, ce projet demeure un véritable dilemme, car, si d’une part, leur doléance est légitime surtout lorsque l’on sait que 2 000 familles tirent leur subsistance de cette activité, d’une autre part, cette AMP vise en premier lieu à assurer la pérennité des espèces et une gestion durable de leur activité.

Si pour certains, le consensus autour de cette AMP est presque acquis, d’autres préfèrent attendre et organiser d’autre rencontres. «Pour le moment, il n’y a pas de rejet du projet, au contraire, tout le monde est enthousiaste à cette idée, mais le consensus est loin d’être atteint. Nous organiserons d’autres débats pour aplanir les difficultés concernant le zoning avant de faire une proposition finale», a déclaré à la fin Mme Laouti.

Sami D.

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