«La loi criminalisant les violences faites aux femmes, adoptée en 2015, n’est toujours pas appliquée», déplorait, avant-hier jeudi, Dalila Djerbal, membre du Réseau Wassila. S’exprimant sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale sur la situation de la femme en Algérie, Mme Djerbal a fait savoir que «jusqu’à présent, il n’y a pas eu de textes d’application, donc ce sont toujours les anciennes procédures qui fonctionnent» concernant les violences faites aux femmes.
L’intervenante de la radio nationale n’a pas omis de signaler que «contrairement aux clichés répandus dans la société, la justice ne garantit pas une protection efficace pour les femmes victimes de violences conjugales». Mme Djerbal avance, à ce propos, que seulement 20% des victimes, qui viennent au Réseau pour demander de l’information et de l’aide, envisagent de recourir à la justice pour mettre fin à leurs souffrances.
«Ces femmes victimes ne se sentent pas protégées par la loi. Elles sont dissuadées par le risque de se retrouver dans la rue, puisque les procès durent des mois et même, parfois, des années», explique la militante féministe. Cette dernière a tenu à préciser que le fameux fonds de pensions alimentaires (FPA) n’est toujours pas opérationnel. Elle appelle, à cet effet, à une plaidoirie pour le changement du fonctionnement de la justice.
«C’est tout le fonctionnement de la justice qui doit être changé», a-t-elle recommandé. A une question sur le cas des mères célibataires, elle affirme que c’est un déni de droit et de citoyenneté, aussi bien que pour la mère et pour l’enfant. «On fait semblant de protéger l’enfant (…). Mais la réalité, la mère célibataire et son enfant n’existent pas dans le Code de la famille.
C’est très grave». Tout en appelant à la reconnaissance juridique et sociale de la mère et de l’enfant, Mme Djerbal estime que «cette catégorie, en situation de vulnérabilité, a besoin de soutien et des institutions de l’État pour la protéger et élever ses enfants».
L. O. CH